Attention, cet album n’est pas à proprement parler une nouveauté, mais gageons que le petit (Deluxe) entre parenthèses aura su vous le suggérer. En effet, ce second longue-durée des suédois d’ANGELINE est sorti pour la première fois en édition regular en 2011, ce qui le classe donc dans la catégorie des oldies, ou presque. Mais comme le groupe a pris la décision de l’éditer à nouveau avec deux bonus tracks en cadeau, j’ai choisi de vous en parler, à peu près certain que vous êtes passé à côté à l’époque de sa parution. Pourquoi cette décision ? Pas forcément à cause des deux nouveaux morceaux en question, qui s’ils sont bons ne justifient pas forcément un bond dans le temps, mais plutôt au regard de la qualité du disque en question, qui fut accueilli plutôt fraichement par une presse spécialisée pas forcément consciente de ses atouts chromés. Il faut dire que les journalistes sont plutôt habitués depuis des années à recevoir une cargaison conséquente de LP scandinaves qui battent le haut du pavé, ce qui les oblige à faire les difficiles et à effectuer un tri pour séparer le grain de l’ivraie. Ils n’avaient d’ailleurs rangé Disconnected dans aucune des deux catégories, préférant le laisser dans un entre-deux un peu méprisé, de ce genre d’œuvres aussi difficiles à apprécier qu’à occulter. Pourtant, on y retrouvait tout ce qui fait le charme du Hard Rock mélodique suédois, ces guitares mordantes ou cristallines, ces refrains enchanteurs et ces mélodies dégoulinantes de bonheur, à dosage égal, ce qui permettait au combo de se hisser largement au niveau. Alors pourquoi tant d’indifférence ? Certainement à cause d’une comparaison que les ANGELINE n’ont pas pu éviter, et qui leur a fait plus de tort que de bien…Car il est inévitable pour un gang de ce créneau de se voir placé sur une ligne de juxtaposition, ligne qu’il est très ardue de suivre au regard de la discographie de l’icône en question…
Et il est certain que Disconnected n’a pas fait grand-chose pour éviter de se retrouver dans le presque même panier que les canadiens de HAREM SCAREM, dont ils empruntaient le vocable à la virgule près, tout en louchant du côté DEF LEPPARD où leur production risquait de les faire tomber…Même propension à taquiner la Pop pour la durcir d’un Rock radiophonique, même attention accordée à l’importance de refrains bien troussés, même complémentarité des voix et prépondérance des chœurs, toutes les composantes étaient là, mais autre chose aussi, et il est évident que ce deuxième album valait bien plus que le simple rôle de figurant qu’on a bien voulu lui accorder, comme une doublure de l’ombre qui aurait mérité d’y rester. Non, les suédois ne sont pas que de vulgaires clones au rabais de héros acclamés, et les douze morceaux (en version originale) qu’ils proposaient étaient de véritables hits en puissance, de ceux affolants les charts suédois, et laissant le public en transe. On y trouvait de quoi headbanguer, de quoi siffloter, chanter, et reprendre en chœur des hymnes guerriers, toutefois bien adoucis par une approche commerciale tout sauf putassière, et un enrobage sacrément fier. Le tout tenait méchamment debout, et ne marquait aucun temps mort, comme le démontrait l’enchaînement royal « Where The Lights Go Down » / « Falling Into You », diptyque digne des meilleurs albums du cru. D’un côté, la hargne métallico-synthétique dans toute sa splendeur, et son tempo élastique, de l’autre la facilité Hard-Pop qui striait le Billboard au milieu des années 80, pour une entrée en matière de musiciens malins, composant autant avec le cœur qu’avec la tête. Alors, pourquoi tant de haine, ou pis, d’indifférence ? Parce que malgré ces évidentes qualités, les musiciens eux-mêmes n’ont pas coupé aux allusions externes, et se sont vus ridiculiser par des images préfabriquées, les miniaturisant par rapport à des musiciens déjà existants…
Mais avant d’en arriver là, un peu d’histoire pour vous situer les lascars. Sans vous faire leur biographe intégrale que vous trouverez de toute façon sur leur page Facebook, sachez le plus important. Le groupe s’est étonnamment formé au printemps 1987, ce qui explique certainement ses inclinaisons de style, mais a dû patienter jusqu’en 2010 pour enfin sortir son premier album, ce fameux Confessions qui lui aussi, a bénéficié d’un lifting l’année dernière en version digitale. Comment expliquer que plus de vingt années se soient écoulées avant que ce quatuor (Jocke Nilsson - guitare/chant, Janne Arkegren - guitare, Tobbe Jonson - batterie et Uffe Nilsson - basse) ne puisse faire parler de sa musique autrement qu’en l’évoquant ? Pas mal de problèmes inévitables, de dissensions, de soucis de santé, autrement dit un véritable parcours du combattant qui aurait fait rendre les armes aux plus méritants, mais les suédois étant âpre à la tâche et au destin, ils n’ont pas perdu la main, et ont eu bien raison d’insister, puisque leurs deux albums sont de véritables petits bijoux de Hard-Rock mélodique ciselé, aux facettes multiples et polies. Mais las, et j’en reviens à mon point initial, les multiples allusions aux HAREM SCAREM leur ont coûté leur heure de gloire, et il convient d’admettre que si Jocke n’est pas Harry Hess et Janne n’est pas non plus Pete Lesperance, ils se débrouillent très bien avec leur propres armes, qu’ils ont dû emprunter au passage aux WIG WAM locaux, pour ce petit côté Glam pas vraiment assumé, mais sous-jacent pour qui saura les écouter. Ainsi, « Take A Little Time », du haut de ses quatre minutes ressemble à un mash-up grandeur nature entre le HAREM SCAREM de Home, le DEF LEPPARD de X et le WIG WAM de Hard to Be a Rock'n'Roller, alors que le tube en puissance « I Had Enough » ressemble à s’y méprendre à un démarquage moderne des SWEET et autres SLADE, ajouté d’une louche de SLAUGHTER, le tout traité à la sauce harmonique scandinave, pour une fois encore nous étourdir d’un refrain gorgé de plaisir.
Mais le plaisir est décidément le leitmotiv d’un album qui ne demande qu’à être redécouvert, pour que vous en appréciiez toutes les richesses. Beaucoup d’emprunts le constellent certes, de finaudes révérences à AC/DC - KIX (« Run Run Run »), en clins d’œil aux côtés les plus tendres de la vague anglaises des 80’s (« Found »), en passant par des citations dans le texte de la science céleste des HAREM SCAREM pour insérer des harmonies sublimées dans un contexte Heavy plombé (« Disconnected »), tout est là pour vous rappeler, vous insinuer, mais aussi vous déstabiliser, comme cette soudaine charge bien appuyée « In Times Like These », qui prête allégeance aux collègues/rivaux d’EUROPE, dans leur configuration la plus tardive. Guitares en carillon pour réveil en coton (« Solid Ground »), accès de tendresse pour soir de paresse (« If It’s The Last Thing I Do », DEF LEPPARD n’est jamais très loin lorsque pointe l’heure des câlins), groove chaloupé pour déhanché musclé (« First Time Around », ou comment renforcer les KING’S X pour les mesurer aux BADLANDS et KINGDOM COME), et final en mid tempo histoire de ne pas passer pour de romantiques badauds (« Way Down »), Disconnected se révèle en 2018 aussi complet et imperfectible qu’il l’était il y a quelques années, et mérite amplement ce petit surplus d’intérêt que vous pourriez lui porter. Il est en sus - ce qui justifie sa réédition - agrémenté de deux bonus tracks, « Diggin’ On You » et son binaire en écho et « Story of My Life », qui rugit comme un inédit de la bande de Sheffield après une trop longue période de repos. Une jolie et gentille plus-value donc, pour un LP qui n’en avait pas forcément besoin, mais qui grâce à cette adjonction pourra peut-être connaître d’autres lendemains…
Alors non, les ANGELINE ne sont pas et n’ont jamais été les nouveaux HAREM SCAREM, mais a-t-on vraiment besoin d’un succédané ? Non, pas vraiment, d’autant que leur propre personnalité leur suffit, et que Disconnected n’est rien de moins que l’un des plus grands albums de Hard mélodique à la suédoise de ces dix dernières années. L’histoire peut parfois balbutier, voire même se tromper. Il suffit juste de le remarquer, et de la corriger. D’où cette chronique, qui je l’espère, aura su vous persuader de considérer ce quatuor à la lumière de ses propres qualités.
Titres de l'album:
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