Comme si leurs propres groupes célèbres dans le monde entier ne leur suffisaient pas, les suédois se mettent maintenant à faire des supergroupes de supergroupes, comme si la chose avait un côté fun et léger. Et c’est pourtant la vérité, ce que prouve le projet GATHERING OF KINGS dont le nom ne cache aucunement les intentions de grandeur. Conçu et dirigé par Ron Dahlgren et Nina Dahlgren, le concept GATHERING OF KINGS se veut coalition des plus grands talents scandinaves, bâti sur le même moule que les modèles de PHENOMENA et AVANTASIA, avec une optique moins AOR que le premier, et moins Power Metal que le second. Tournant autour d’un Hard Rock extrêmement mélodique, ce groupe propose donc une musique lumineuse, construite autour de refrains hautement fédérateurs, et rendant hommage au Hard-Rock le plus mélodique des années 80, remis au goût du jour suédois, soit la quintessence d’un art de séduction ne sacrifiant pas la puissance. Une fois encore, le projet vise la perfection, qu’il avait déjà plus ou moins atteinte sur le premier volet First Mission, publié l’année dernière. On retrouvait au casting de ce premier tome des figures bien connues de la scène nordique, avec des participants du calibre de Rick Altzi (MASTERPLAN, HERMAN FRANK, AT VANCE), Björn Strid (SOILWORK, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), Apollo Papathanasio (SPIRITUAL BEGGARS, ex-FIREWIND), Tobias Jansson (SAFFIRE), Jens Westin (CORRODED), Alexander Frisborg (HELLDOG), Nalle Påhlsson (EASY ACTION, THERION, ex-TREAT), Victor Olsson (SAFFIRE), Stefan Helleblad (WITHIN TEMPTATION), Erik Mårtensson (ECLIPSE, W.E.T., NORDIC UNION), Martin Sweet (CRASHDIET) Chris Laney (PRETTY MAIDS), Erik Wiss (CAP OUTRUN), Richard Larsson (THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA) Jonas Källsbäck (THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), Efraim Larsson (STREAMLINE, RYDELL & QUICK, ex-DIAMOND DAWN), Robban Bäck (MUSTASCH, ex-ECLIPSE, ex-SABATON) ou Henrik Sethsson (CASANOVAS). La même équipe à peu de choses près à donc rempilé cette année pour la suite des aventures, et ce Discovery à la superbe pochette toujours conçue par l’allemand Markus Vesper. Et le résultat brillant est évidemment à la hauteur de toutes les attentes.
Produit par Thomas "Plec" Johansson au studio The Panic Room de Skövde, avec en soutien Ron Dahlgren, Nina Dahlgren et Victor Olsson comme producteurs exécutifs, Discovery n’est qu’une succession de chansons brillantes, joyeuses, qui respectent le cahier des charges eighties en y ajoutant ce fameux savoir-faire suédois du nouveau siècle. C’est une fois encore Victor Olsson qui s’est occupé de la composition en grande majorité, partageant l’écriture des textes avec son compère Alexander Frisborg. En résulte un disque qui respire la joie de vivre, le professionnalisme pointu, et qui exhale d’un parfum de fraîcheur incroyable. Les producteurs avaient d’ailleurs lâché en éclaireur le single « Heaven on the Run » histoire d’annoncer la sortie de ce second volet, et ce titre symptomatique résume bien cette démarche renouvelée, sans dévoiler l’intégralité d’un répertoire qui prône la variété dans la continuité et hisse la barre encore plus haute. Certes, l’orientation délibérément mélodique et radiophonique aura peut-être du mal à convaincre les rockeurs purs et durs, le tout ressemblant parfois à un musical de Broadway mis en musique par des hard-rockeurs sensibles, mais avec un tel souci du détail et un casting aussi impressionnant, les morceaux ne peinent pas à séduire l’auditeur et à le transporter dans un monde magnifique de couleurs, à l’image de cette superbe pochette. Utilisant toutes les nuances d’un Hard à la suédoise qui se veut aussi accessible que possible, Ron Dahlgren et Nina Dahlgren nous offrent encore une fois une véritable démonstration de savoir-faire imparable, qui combine le meilleur de l’AOR américain des eighties et la quintessence du Hard nordique des années 2010. Moins démonstratif que son modèle d’AVANTASIA, mais pas moins fougueux dans les harmonies, Discovery permettra à ceux qui avaient fait l’impasse sur First Mission de se rattraper en faisant le plein de chansons gorgées d’harmonies, parfois très proches de ce que la scène allemande proposait il y a trente ans (« The One That Got Away »), mais la plupart du temps adeptes d’une souplesse mélodique empruntée à BON JOVI, H.E.A.T ou ECLIPSE (“Lorelei”).
D’ailleurs, la plupart des arguments sont énoncés dès “Riders Of The Light » qui sous couvert d’une intro semblant émaner d’eighties encore bien vivaces place le propos sous ces fameux auspices nostalgiques dont les suédois sont si friands depuis une ou deux décennies. La production, évidemment parfaite et ronde aux entournures permet de trouver un équilibre parfait entre une guitare hargneuse, des claviers souples, et surtout, des performances vocales impressionnantes de maîtrise. On reconnaît la génération actuelle et les NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, mais aussi l’arrière-garde des W.E.T, TREAT, 220 VOLT, spécialement sur les morceaux les plus accrocheurs comme l’irrésistible « Moonlight ». Et malgré ses cinquante minutes bien tapées, ce nouvel album jouit d’une telle diversité qu’on n’entend pas le temps passer. Passant d’un Hard trépidant et légèrement boogie à la WHITESNAKE de « Revelation » à des inserts romantiques plus typiques d’un AOR de tradition comme « Kiss From Above », GATHERING OF KINGS garantit un parfait survol de trente ans de production Rock nordique et américaine, avec toujours en exergue ces refrains fabuleux gorgés de chœurs puissants et angéliques, suggérant un perfectionnement des méthodes du STRYPER le moins mièvre. Inutile de chercher le moindre défaut sur ce second album qui encore une fois évite tous les pièges gluants de la mélasse, et les écueils faciles d’un Hard-Rock en pilote automatique. Il semblerait que chaque détail ait été soigné, que chaque arrangement ait été peaufiné à l’extrême, sans que l’ensemble ne sonne stérile ou téléphoné. Les nappes de claviers nous ramènent à l’époque bénie de l’AOR de 84/85, tandis que les nombreux soli homériques se rapprochent du talent d’un Malmsteen ou d’un Norum.
Alors, les chansons s’enchaînent sans aucun temps mort, formant mis bout à bout une symphonie à la gloire du plaisir de partager un moment unique de cohésion globale entre stars de la scène. Loin d’une démonstration, ce second tome déborde de générosité et de partage, et oscille entre sensibilité exacerbée et énergie positive, offrant une collection impressionnante de hits (« From A Whisper To A Scream »), osant même se conclure sur un dernier pavé presque progressif de plus de six minutes, conclusion habile d’un album au style unique et envoutant. Décidément, les suédois, seuls dans leur coin ou tous ensembles nous prouvent qu’ils ne craignent aucune concurrence, se posant comme les uniques rois sur un trône qui leur revient de droit.
Titres de l’album :
01. Starsleeper
02. Riders Of The Light
03. Heaven On The Run
04. December
05. Highway To Paradise
06. The One That Got Away
07. Lorelei
08. Moonlight
09. Revelation
10. Kiss From Above
11. From A Whisper To A Scream
12. Final Hour
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