On commence à avoir l’habitude de ces instruments barbares, le piano, les flûtes, le saxophone. Au départ, l’effet était bœuf, tellement habitués que nous étions à attendre une guitare saturée, une basse gonflée et une batterie méchamment frappée. L’introduction d’instrumentations hors-cadre nous surprenait et nous grattait dans le sens inverse des poils, mais aujourd’hui, quoi de plus normal que le Metal extrême sorte de sa tanière pour se frotter à la Folk, la Pop, le Classique ou l’Avant-garde ?
Alors, le premier album de CHARLES EAST, artiste torturé s’il en est n’est pas une franche avancée, ni une surprise démesurée. Malgré l’utilisation permanente d’un piano, et non d’un synthé, des inflexions piquées à MUSE (à bientôt au Hellfest), et une voix romantique à outrance, l’habitude sursoit un éventuel étonnement, le temps d’évaluer les dégâts et l’originalité de l’entreprise.
CHARLES EAST est un artiste complexe, au monde très personnel. Il se définit ainsi selon la très courte bio de son site officiel :
La musique d’EAST aborde des thèmes plus sombres allant de l’intolérance, de l’isolement et de l’obsession à la haine de soi et à l’agonie de la vie avec une voix qui plonge et s’élève du bord du désespoir jusqu’aux hauteurs furieuses d’une pure et ineffable angoisse
Tout ceci ne nous renseigne pas plus sur le contenu de ce premier album, mais donne déjà des indices quant à la joie qu’il risque de propager. Avant de confier mes oreilles aux bons soins du sud-africain, j’ai lu sur le net que cet album était à prendre comme une épreuve, un trauma laissant des séquelles. Sans connaître les personnes ayant émis un tel jugement, je peux en dire qu’elles n’ont pas du souvent s‘aventurer hors des balises confortables du Metal. Car Dislocated n’est ni une épreuve, ni une Némésis. Il s’agirait plutôt d’un traité, signé entre deux parties consentantes, mises d’accord sur l’expression et la narration. Et si le piano est l’arme majeure d’une promotion toujours avide de gimmicks, l’ensemble est assez proche de ce que pourrait donner une collaboration entre Chelsea WOLFE et le vieil ANATHEMA.
Ce piano ténébreux et inquiétant se retrouvait déjà dans les cauchemars de Diamanda GALAS. Frappé comme un coup de semonce, caressé comme un linceul mortuaire, il guide les intros, et permet à Charles de laisser sa voix exceptionnelle partir en introspection pour en ramener les souvenirs les plus enfouis. « Is This My Doom? » est l’incarnation la plus parfaite de cette assertion, avec ces quatre notes répétées à l’envi noyées dans un maelstrom d’arrangements venteux et marins. Hypnotique, comme un chant de sirène, la voix de Charles est l’atout majeur de cette entreprise, concept obscur qui traite de la vie et la mort, et de tout ce qui se passe entre les deux.
Des choses pas très joyeuses.
Un peu funèbre, un peu lumineux, entre deux éclipses et loin du soleil, CHARLES EAST se disloque au son d’un vieux piano qui branle, et exprime ses terreurs diurnes et nocturnes en accentuant son vibrato. Lamentation musicale qui refuse le statisme et le pilotage automatique, ce premier album refuse aussi les longues digressions complaisantes pour proposer des chansons courtes, mais qui ont un fort impact sur l’humeur. Percussions tribales, ébènes et ivoires heurtés comme une punition, sous-mixage de la voix, murmures, reprise de souffle, intonations grandiloquentes, théâtralité macabre, les émotions sont aussi nombreuses que les éléments constituants, et le voyage sans retour permet de faire le point sur ses désirs et ses regrets.
Le (presque) constant affrontement entre la pureté du duo piano/voix et d’un background Doom électrique et pesant est assurément le point fort de cette quête de sens. Délicatesse des tremblements, glotte qui vibre et s’éteint, le paysage est parfois désolé, mais cache des trésors de beauté.
« I Am Your Consequence » en est une apogée, mais aussi une caractéristique importante. L’artiste fuit donc les préceptes Doom les plus inamovibles pour faire sien ce genre si prévisible dans son insistance. Et si l’originalité est indéniable, elle n’est pas provoquée. C’est simplement cette inspiration qui la génère et la laisse mener les débats, la bride fermement tenue.
Peut-être a-t-on trouvé le comparse idéal des pérégrinations de Chelsea WOLFE et Anna VON HAUSSWOLFF. C’est en tout cas ce que je retire d’une écoute attentive de ce premier long, qui a la décence de rester sous un timing raisonnable. De plus, les informations sont tellement riches et nombreuses qu’il faut du temps pour les analyser, encore plus pour en tirer des conclusions. Le single featuring Eva O est l’une des astuces les plus fines de ce disque, qui tire constamment sur la corde séparant la tristesse résignée de l’espoir fugace et condamné.
Ce début d’année 2025 est donc incroyablement fascinant. Les sorties s’accumulent et déjà, des chefs d’œuvre en émergent. CHARLES EAST ne fait pas exception à cette brève règle, et se place déjà dans le top des artistes les plus intrigants de son époque. Piano, voix, guitare, basse, batterie, de la peur, de la douleur, mais une envie de voir dans le noir pour traquer le dernier rai de faible luminosité.
Avant que le noir absolu ne nous ronge comme un chien son vieil os.
Titres de l’album:
01. It Holds My Viscera
02. Venom
03. I Am The Plague
04. Is This My Doom?
05. Diseased
06. I Am Your Consequence
07. Resting In My Blood (Feat. Eva O)
08. Inside My Pestilence And Rage Oblectation Vibrates
09. The Mouth
10. Damnation
Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain
03/05/2025, 08:34
“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)
03/05/2025, 08:09
Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..
03/05/2025, 08:03
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
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Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
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Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
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Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37