L’éclosion, puis les tensions, et enfin, la dissolution. La logique est imparable, et le cheminement indiscutable. En trois albums seulement, les auvergnats de JOURS PÂLES ont franchi les étapes une par une, sans se cramer ou enjamber des ponts sans faire attention. En quatre ans seulement, le quintet a déjà à son actif un gros hat-trick de trois longue-durée aussi impeccables et professionnels les uns que les autres. Alors que les fans en étaient restés à ces Tensions de 2022, les voilà confrontés à une Dissolution qu’on espère tout sauf prophétique. Après tout, le groupe a encore beaucoup de choses à nous dire, et cette fin serait prématurée.
Prématurée et non viable.
Spellbound aka Florian, tête pensante et chef de file des géants d’AORLHAC a cette fois-ci décidé de s’intéresser aux désunions, aux ruptures mais aussi à la place des réseaux sociaux dans notre société et nos relations. Cette désunion est sans aucun doute celle des hommes envers les hommes, cet isolationnisme qui enferme les individus dans un espace restreint, avec pour seule réalité celle virtuelle projetée par leurs écrans. Mais la thématique est évidemment élargie à des exemples plus concrets, et traditionnels, avec ces séparations qui émaillent notre quotidien, et qui sont devenues le seul mode d’expression connu pour exprimer sa lassitude, son désamour, et son envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
Chez JOURS PÂLES, l’herbe n’est pas verte. Partout où le groupe regarde, elle est blanche, orangée, fanée, flétrie, et décore des plaines désolées où les regrets se font enterrer sous une lune pâle. Avec en renfort Alexis et Stéphane aux guitares et Ben à la batterie, Florian continue son exploration d’une humanité à la dérive, qui a érigé la solitude en idole, et en seul culte méritant encore d’être loué. On ne saurait contredire son inspiration, tant l’avenir des échanges humains n’en a justement plus. Seule compte la vérité des réseaux sociaux, les rumeurs lancées sur la toile, et les messages anodins mais anxiogènes reçus sur un smartphone. La réalité est donc triste, et le futur l’est encore plus. Alors, comment faire le bilan d’une existence morne et dont chaque rêve est pollué par un égoïsme flagrant et rampant ?
En continuant de pratiquer ce Black Metal mélodique et mélancolique que Florian maîtrise à la perfection.
Combinant la violence la plus crue du BM moderne aux allusions mélodiques suédoises des années 90, JOURS PÂLES tamise le soleil pour imposer une aube blafarde. Renforcé par des riffs multiples qui donnent parfois le sentiment d’être perdu dans un dédale Progressif, Dissolution est compact, très dense, souvent tragique, parfois dramatique, et proche d’une version gonflée aux stéroïdes de DISSECTION (« Noire Impériale », proche d’un Post-Hardcore vraiment méchant et cruel).
En plaçant les compositions les plus ambitieuses en première partie de métrage, Florian a pris le pari du risque calculé. Les fans attendent en effet de son groupe qu’il produise des digressions développées et intenses, et la fanbase sera donc ravi de ce triptyque d’intro larger than life. Emballé dans une production monstrueuse, Dissolution a des airs de regroupement de parias et de désespérés qui cherchent encore la lumière dans un environnement de pénombre. En forme de gratte-ciel défiant le règne des Dieux, ce nouvel album met de côté toute humilité pour avancer des arguments définitifs. Ceux dont on prend note sur l’incroyablement accrocheur « Les Lueurs D’autoroutes », rehaussé de volutes de chant féminin évanescent, et qui brille comme les phares d’une voiture dans une nuit de brouillard.
Entre brutalité clinique et harmonies automnales, JOURS PÂLES approfondit sa recherche d’ambiances et d’atmosphères, et nous convie à un symposium sur la solitude, entouré d’experts qui connaissent les rouages de l’isolement et de la séparation. Divorce avec l’amateurisme, dissensions entre les pro et les anti, tous les thèmes sont abordés, et la conclusion est finalement évidente : les auvergnats ont parfaitement illustré en musique notre époque de repli sur soi, et de considération de l’autre tel un produit de consommation dont on peut se débarrasser à loisir.
La peine qui en résulte est fort bien traduite par la mélodie de « Une Mer Aux Couleurs Désunions », transition fonctionnant comme un morceau à part entière, et qui nous réserve un torrent de percussions et d’arrangements pour bien illustrer le chaos ambiant.
Je n’irai pas par quatre chemins qui de toute façon mènent au même endroit. Dissolution est le haut-fait d’une jeune carrière, et l’un des albums de Black mélodique les plus précieux de ce premier semestre. Avec des insertions acoustiques, des nappes de claviers, des allusions au passé pour expliquer le présent, ce troisième long métrage pour les oreilles est plus triste que dramatique, et ressemble à ces comédies dramatiques italiennes, douces/amères que l’on transpose dans un univers contemporain avec un langage l’étant tout autant.
« Limérence », avec sa mélancolie hurlée, pointe dans cette direction, en laissant les guitares laminer leurs riffs comme on lacère sa mémoire. Quant à « Dissolution », il incarne l’acmé d’un disque, ce fameux pénultième morceau qui culmine à des hauteurs impressionnantes. Encore une fois, Florian a détaillé son cheminement artistique, en laissant la basse et une guitare cristalline planter le décor, avant de tout envoyer valser comme on éteint un ordinateur avant de se tirer une balle.
Des couches de voix superposées, des sursauts rythmiques en permanence, et une communion des âmes qui donne des frissons. JOURS PÂLES n’a toujours pas accepté que le soleil brille, et continue de délivrer son message comme un oracle Slam converti au vocable Metal.
C’est grand, c’est beau, et ça nous laisse réfléchir sur notre condition. Les hommes étant faits pour évoluer en groupe, ont du mal à se faire à l’idée que l’isolement et la séparation sont inéluctables. Pourtant, nous nous retrouvons tous seuls face à la mort. C’est le signe que la solitude finit toujours par l’emporter.
Titres de l’album :
01. Taciturne
02. La Reine De Mes Peines (Des Wagons De Détresses)
03. Noire Impériale
04. Les Lueurs D’autoroutes
05. Réseaux Venins
06. Une Mer Aux Couleurs Désunions
07. Limérence
08. Dissolution
09. Terminal Nocturne
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