Du Thrash, du Thrash et encore du Thrash. Si ça continue à ce rythme, je vais bientôt organiser un memorial tour en bus sur les traces des héros de la Bay Area et de la Ruhr, histoire d’offrir aux lecteurs un panorama complet de la saga…
Il semblerait en effet que les guitares saccadées et les rythmiques affolées n’aient de cesse d’inspirer les musiciens de la nouvelle (ou presque) génération, au point de devoir faire face à une production pléthorique dont l’ampleur est passée d’un épiphénomène très localisé à un raz-de-marée mondial en forme de tsunami que rien ne semble pourvoir arrêter.
En témoigne la sortie au mois de janvier du premier EP d’un collectif très inspiré par la vague US des pionniers, et qui a dû faire face à pas mal de tragédies et coups du sort avant d’en arriver là et de pouvoir proposer ses vues sur un Thrash racé et claqué.
Les SEVERPULL se sont donc formés en octobre 2014 autour du batteur Ryan Shutter, artiste estampillé Metal Blade records et membre de LAZARUS A.D., délocalisé de Kenosha dans le Wisconsin à Sacramento, Californie, histoire de prendre un break après la tournée intensive ayant suivi la sortie du second album de son groupe officiel.
Avec l’aide de Tom Jimenez (HABEAS CORPUS, ART OF CHAOS) à la guitare et de Greg Sherman (SLIP INTO COMA, ART OF CHAOS) à la basse, puis de Josh Gibson (KILL RITUAL) au chant, la troupe commence à composer quelques titres, avant que ce dernier ne s’en aille voir si l’herbe Thrash n’était pas plus brûlée ailleurs.
Mais là n’était pas l’évènement le plus tragique de leur histoire, puisque peu après ce départ, c’est Ryan Shutter lui-même qui quitta le groupe de façon involontaire et tragique, puisqu’il décéda d’une attaque cardiaque le 17 mai 2015, laissant ses compagnons sans leader.
Dans un désir de lui rendre hommage et de continuer son projet, les deux membres restants Tom Jimenez et Greg Sherman recrutèrent de nouveaux partenaires pour enfin finaliser les premières compos ébauchées, afin de pouvoir sortir un EP en mémoire de feu leur batteur trop tôt disparu.
C’est donc à une sorte d’adieu auquel nous convie ce Divided By Two, qui en quatre petits morceaux représente le plus beau témoignage de fidélité et d’amitié dont le regretté Ryan aurait pu rêver. Mais aussi, et on l’espère, un nouveau départ.
Pourtant pas de nostalgie ni de mièvrerie au programme, mais plutôt une attaque franche et brutale, dans la plus grande lignée des références citées par le groupe lui-même. Les SEVERPULL n’hésitent pas à se placer sous l’aune de l’influence de grands noms du style, tels ceux qu’ils affichent sur leur page Facebook, SLAYER, COROSION OF COMFORMITY, OVERKILL, EXODUS, PANTERA, LED ZEPPELIN, VIO-LENCE, ANTHRAX ou BATTLECROSS, ce qui vous offre un panel assez large d’artistes intra et extra muros…Et si l’on ne trouve pas grand trace des LED ZEP dans leur symphonie en Thrash majeur, il est évident que les noms de DEATH ANGEL, VIO-LENCE, ACCUSER et WARBRINGER pour les plus récents semblent les plus pertinentes, même si la vitesse de croisière assez élevée peut aussi évoquer le Crossover des IRON REAGAN et autres MUNICPAL WASTE, sans jamais pour autant tomber dans l’agression de potaches à la Troma Thrash.
Le Thrash des SEVERPULL au contraire est en effet d’une limpidité et d’un radicalisme exemplaire, tout en restant d‘une fluidité impressionnante, qui les place d’emblée dans les rangs des héritiers les plus méritants et méchants du genre.
On pense évidemment au séminal Eternal Nightmare de l’ancienne bande de Robb Flynn, mais aussi aux deux exactions fugaces des RECIPIENTS OF DEATH, pour cette incroyable aisance dans la violence coulée qui permet à des plans accélérés de s’enchaîner avec une délicatesse affirmée.
Halte au chaos, malgré leur véhémence très à propos, les SEVERPULL ne se posent pas avec Divided By Two en nouveaux chantres d’un Thrashcore baveur, mais plutôt en héros d’un Thrash très frondeur, qui reste musical malgré la brutalité débridée de sa teneur.
Certes, le propos est tout sauf original, mais reste percutant en diable, avec quatre entrées assez similaires faisant la part belle aux riffs les plus légendaires et à un chant vraiment mordant, au phrasé très coulé.
Cinq minutes en moyenne par intervention, et une jolie succession de plans lourds et béton, et de saccades à l’unisson, profitant d’une belle osmose entre la guitare et la rythmique qui avancent de concert sans marquer aucune pause.
Les esprits mesquins vous diront que tout peut se résumer au morceau d’ouverture « Lasting Impressions » qui se permet d’unir dans un même élan le FORBIDDEN le plus virulent et l’EXODUS le plus récent, mais il est évident que chaque titre à sa raison d’être, malgré une cohérence globale qui unit le tout dans une même chanson de geste Thrash assez preste.
Instrumentistes très capables et rodés à l’exercice de la brutalité dans leurs combos respectifs, qui alignent les tirs de barrage en lâchant intelligemment leurs cartouches. On pense même à une version plus compacte des DESTRUCTION pour cette façon de faire tournoyer les licks à la Speed/Thrash des late 80’s, et les soli très TESTAMENT se chargent d’apporter le glaçage final, transformant ce premier EP en carte de visite qu’on range précieusement dans sa poche en attendant une démonstration plus à fond.
Et lorsque le tempo s’accélère, la fièvre des VIO-LENCE fait monter la pression, et nous laisse avec un « Traced In Chalk » qui nous rappelle le turbulent « Who Dominates Who » des ACCUSER et ses BPM enfilés comme autant de perles autour d’un collier Thrash pas vraiment rouillé.
Gageons que si le regretté Ryan Shutter à l’occasion d’entendre de loin le témoignage de ses anciens copains, il va se mettre à headbanger avec fierté, rassuré quant à la pérennisation de son envie de tout défoncer. Avec Divided By Two, les SEVERPULL ont plutôt tendance à tous nous unir dans une même passion, et à nous donner le frisson, se posant même en valeur montante de la scène revival Thrash qui pourtant ne manque pas de représentants en violence de saison.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30