Si d’ordinaire vous trouviez que le BM actuel ne vous donne pas entière satisfaction en termes de sensations épidermiques originelles, que ses arrangements s’en trouvent trop dénaturés, et que les héros misanthropes d’aujourd’hui ne sont que des poseurs eut égard aux chevaliers du néant de jadis (et Lucifer sait si à une certaine période, tout restait à faire…), je ne saurais que trop vous conseiller d’aller faire un pèlerinage du côté de Laredo, paisible bourgade du Texas. Pourquoi faire ? La question est pertinente, et la réponse tout autant. Parce que c’est là-bas que vous y rencontrerez les puristes des esthètes de DIVISION BLACK NOISE, qui de leur corpsepaint fait maison à leurs accords bougons sauront vous rassurer quant aux convictions d’une certaine frange de passionnés qui n’ont pas renoncé à continuer le combat. Il est pourtant d’usage de considérer que le Black Metal a su garder son esprit primesautier, qui nous revient en pleine face sous la forme d’effluves sonores émanant de tapes mal enregistrées et destinées à pérenniser l’esprit maléfique de la première vague norvégienne, néanmoins, certains regrettent d’autant plus que les admirateurs des pionniers ne fassent pas un plus grand bond dans le temps, histoire de nous rappeler au bon souvenir des premiers propagateurs de sonorités glaciales, et d’ascétisme atonal. Il convient donc de saluer le travail accompli par ce band bestial, qui avec ce premier LP éponyme se paie le luxe de saluer à postériori l’importance de BATHORY, SARCOFAGO, HELLHAMMER et VULCANO, sans se départir de certains réflexes coutumiers de la Norvège des nineties…Alors, heureux ? On le serait à moins d’autant plus qu’il est difficile de faire plus roots et evil que cette première réalisation longue-durée…
Nonobstant le caractère facétieux de cette entame prosaïque, je m’incline devant l’art consommé de ces texans pour recréer l’ambiance de méfaits passés, qui nous avaient ralliés à la cause d’un BM vraiment putride, et ne présentant aucun effort d’évolution. Si la majorité des plus exigeants trouvera la tentative un brin roborative, les plus assoiffés de pureté maléfique se prosterneront devant cette démonstration de force brute, qui n’hésite pas à décliner ses influences en toute décomplexion. Sont donc cités, et tout sauf au hasard, les noms de BURZUM, AGALLOCH, AURA NOIR, TOXIC HOLOCAUST, NACHTMYSTIUM,TORMENTOR, NYKTALGIA, STERBEND, LIFELOVER, XASTHUR, LEVIATHAN, THY LIGHT, EXILED BY LIGHT, STERBEND, ANOREXIA NERVOUSA, WOODS OF YPRES, ARMAGEDDA, SATANIC WAR MASTER, ou ROTTING CHRIST, ce qui vous offre un panel de comparaisons assez vaste pour juger de l’intérêt que vous pourriez porter à ce Division Black Speed, qui se noie dans la noirceur de son propos pour nous inonder de guitares maussades, de lignes de chant scandinaves, et de rythmiques à l’avenant, flirtant parfois de très près avec l’underground le plus absolu, au point de pousser le vice jusqu’à sonner plus démo qu’une répète des DARKTHRONE (« Celestial Funeral », même Panzerfaust pourrait se targuer d’avoir été enregistré et produit par Tomas Skogsberg et mixé par Bob Rock). Mais le tout ne manque pas de charme, à défaut d’originalité, qui a bien sûr été laissée au placard pour cause d’éthique et de foi, ce qui ne constitue pas un obstacle majeur en termes d’appréciation brute. Brute, la musique de ce quatuor/trio/duo (le line-up est une énigme, et les informations entre sites étant contradictoires je me contenterai de reproduire celles données par le Bandcamp du groupe, à savoir A.Saxon - guitare/chant/basse et Surtr - batterie), abrasive aussi, manquant cruellement de finesse, mais se montrant cruellement affinée pour ne surtout pas sonner trop peaufiné, ce qu’une intervention aussi brouillonne que « Flesh of Elohim » prouve avec fierté. Et le reste aussi d’ailleurs.
Tout ceci, et le reste aussi, nous suggère une jolie union entre le BATHORY le plus war des deux premiers albums, la vague brésilienne des mid eighties, et le DARKTHRONE le plus élémentaire, dans un ballet d’outrance qui ne néglige aucun aspect négligé, et qui nous offre une des productions les plus abjectes qui soient, mais restant intelligible pour que le propos ne se dilue pas trop. Il est évident que les instruments ne sont pas toujours accordés, et que leurs notes flottent parfois dans la justesse du vent, mais cette imperfection (à cent lieues de celle volontaire des VONDUR notons-le), le fait que les lignes de chant restent fixées sur un raclage de gorge abominable, et que la rythmique fait ce qu’elle peut pour suivre la cadence, confèrent cet aspect sauvage et indomptable certainement très valable, et inhérent à l’optique choisie par le groupe, qui doit conchier de tout son corps les dérives existentialistes du Post-Black, qu’ils jugent à n’en point douter tellement blasphématoire qu’ils lui crachent à la face. Car chez les DIVISION BLACK NOISE on joue le BM tel qu’il a été conçu à l’origine, primaire, brutal, bruyant, approximatif, et surtout, cathartique et expiatoire, permettant de fait à des musiciens de niveau moyen d’exhorter toute la vilénie cachée en eux, et qui n’aurait jamais pu sortir de façon artistique sans une telle échappatoire. Le tout est enrobé dans une pochette aux atours simples et sobres, et si parfois le temps se trouve lui-même un peu long, on suit quand même l’aventure avec plaisir, même lorsque l’ambiance oscille entre jam mal captée et tentative d’enregistrer des idées pêle-mêle (« Condemned In Isolation », avec un boucan pareil et de telles sautes de fréquences et de volume, pas étonnant que les lascars se sentent un peu seuls…).
Mais c’est efficace pour le moins, et si les esprits les moins complaisants verront un méchant clin d’œil au final « Deliverance », les autres pourront se satisfaire de cette rage non édulcorée, qui nous rappelle mine de rien que le BM n’a jamais été créé pour être joli ou bien arrangé, mais justement pour être fouillis et salement dérangé. Alors, inspecteurs des travaux finis, passez votre chemin, et laissez ces américains faire le leur, puisqu’ils se débrouillent très bien tous seuls, et qu’ils assurent quand même méchamment dans leur domaine. Au pire, référez-vous à la dernière sortie Post Black à la mode, et prenez un valium. Ça nous fera des vacances.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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