Qu’est ce qui peut bien pousser un groupe à enregistrer un album de covers ? La problématique est toujours la même, et le scepticisme de rigueur…Entre les véritables hommages à des influences parfois surprenantes, des crises d’opportunisme pour occuper le marché, une façon de souffler et de faire un break sans risquer d’entacher sa propre légende, les possibilités sont multiples, et le résultat d’une qualité souvent douteuse. Je n’ai rien contre le principe, même si je préfère toujours écouter des compositions originales, mais parfois, lorsque le travail d’adaptation en est vraiment un et que les restitutions proposent autre chose qu’un simple démarcage, l’optique peut s’avérer intéressante, sinon fascinante. J’ai déjà dit dans plusieurs de mes chroniques tout le bien que je pouvais penser de Strange Little Girls de Tori AMOS, du Pin-up de BOWIE, ou même du fun et pas si léger que ça The $ 5,98 EP Garage Days Re-Revisited de METALLICA, mais ces cas précis sont bien isolés sur leur île de pertinence, au milieu d’un océan de médiocrité en houle immobile. Alors, au moment de traiter du troisième LP des parisiens de KADINJA, la question se pose encore. Après deux albums très personnels leur ayant permis d’affirmer leur nom sur la scène Néo-Progressive, quel besoin avaient les parisiens de nous refourguer un LP de covers avec ce DNA, qu’on est en droit de juger assez louche avant de l’avoir écouté ? Avant d’aller plus loin, je tiens quand même à saluer la prise de risque des mecs qui après Ascendandy et Super 90’s, des tournées et concerts en compagnie de ANIMAL AS LEADERS, DEVIN TOWNSEND PROJECT, MONUMENTS, VOLA, ADAGIO, KLONE, BETRAYING THE MARTYRS ou THE ALGORITHM, ont tenté le coup de poker des appropriations dangereuses, car l’entreprise est loin d’être safe. Remettre sa réputation en jeu sur un simple coup de cœur ou un caprice merveilleux n’est pas anodin, loin de là, et il valait mieux pour eux assurer leurs arrières pour ne pas se gaufrer comme des débutants…
Et comme les loustics ne sont pas du genre à faire les choses à moitié, ils se sont attaqués à un répertoire bien particulier, à cheval entre deux décennies, et ont abordé un (ou plusieurs selon les points de vue) style qui n’a jamais été en odeur de sainteté dans la communauté Metal…Si je vous dis 90’s, musiciens en jogging, coupes de cheveux ad hoc, guitares gravissimes, tempo relâché et syncopé, chant raclé ou mélodies claires, soubresauts Rap, immédiatement, votre imagination va se bloquer sur un mouvement honni, le Néo Metal. Et vous aurez parfaitement raison, puisque le quintet (Philippe Charny - chant, Pierre Danel & Quentin Godet - guitares, Steve Treguier - basse et Morgan Berthet - batterie) a décidé de saluer ses idoles d’hier et certainement toujours d’aujourd’hui, avec pas moins de dix reprises cultes de groupes l’étant tout autant. Et croyez-moi, un combo qui s’attaque à des monstres comme KORN, LINKIN PARK, SLIPKNOT, MARILYN MANSON et autres doit fatalement être sûr de son fait, au risque de se manger une volée de bois vert en forme de dizaines de paires d’Adidas jetées direct dans la gueule. D’ailleurs, avant de lire les infos relatives à cet album communiquées par le label, j’ai directement tendu mes oreilles sur « Hot Dog », le premier morceau. Un peu inattentif, et sans faire attention au titre, je me suis bêtement dit que le combo n’avait pas honte de proposer un truc aussi proche de LIMP BIZKIT, avant de me rendre benoitement compte qu’il s’agissait en effet d’une reprise de…LIMP BIZKIT. Petite anecdote personnelle qui vous en dira plus que bien des discours, et qui vous aidera à comprendre avant d’aller plus en amont que les KADINJA ont choisi l’option de la révérence et de la fidélité au moment de s’accaparer ces tubes, puisqu’en plus, ils n’ont pas porté leur choix sur des titres méconnus ou peu joués, mais bien aux hymnes de ces leaders de la scène Néo…
D’ailleurs, les parisiens n’avaient pas manqué de lâcher sur la toile deux extraits de ce DNA, en l’occurrence leur version de « Falling Away From Me » de KORN et leur association avec Aaron Matts de BETRAYING THE MARTYRS sur le survolté « Spit it Out » de SLIPKNOT. Il était donc possible de se faire un embryon d’avis avant la parution du LP, mais le quintet en a rajouté une couche en agrémentant son tracklisting de versions personnelles d’A PERFECT CIRCLE, SYSTEM OF A DOWN, DEFTONES, LINKIN PARK, soit les plus grands cadors du mouvement histoire de n’espérer aucune circonstance atténuante. Alors, qu’en est-il au final de ces dix versions ? Plantage complet ? Mimétisme gênant ? Transpositions inconscientes ? Aucun des trois cas de figures, bien que le groupe se soit rapproché au plus près de la réalité des versions originales, se contentant la plupart du temps d’ajouter leur savoir-faire et quelques astuces Dub pour amplifier le côté Electro-Metal de la chose. On comprend dès ce fameux « Hot Dog » que les relectures n’étaient pas prévues pour être en diagonale ou traduites dans une autre langue, mais la force des cinq musiciens est d’avoir redonné un coup de jeune à ces classiques sans les dénaturer ou trop les respecter. Evidemment, les esprits chagrins argueront du caractère un peu formel de certaines pistes, mais les plus attentifs et spécialement les fans se réjouiront d’entendre des morceaux à la puissance démultipliée, tout en pointant du doigt le talent de caméléon vocal de Philippe Charny, vraiment très proche des timbres des vocalistes dont il reprend les parties. De là, une écoute s’impose évidemment, mais à chacun de faire son marché dans les opportunités offertes par DNA, et si je concède un vrai coup de cœur au « Aerials » des SOAD traité avec beaucoup de finesse et de tendresse, je ne peux m’empêcher de mettre en avant « This Is The New Shit » de notre cher MANSON, qui trouve ici un écho encore plus concentré et glauque que sa version d’origine, genre glissement sombre pour boite de nuit louche en plein cœur du Berlin gothique et EBM.
Le « Between Angels And Insects » de PAPA ROACH vaut aussi sa dose de décibels, tout comme l’éternel « My Own Summer » des DEFTONES, moins oppressante et mélancolique que l’originale, mais plus diffuse, beaucoup plus syncopée, et parfois presque méconnaissable. Sans vouloir tomber dans les détails du cas par cas, j’assume mes goûts et affirme que les KADINJA ont remporté leur pari, de façon humble, mais avec le potentiel qu’on leur connaît déjà. Et sincèrement, avec une setlist pareille, ce fameux pari était loin d’être gagné…
Titres de l’album :
1. Hot Dog
2. Points of Authority
3. Falling Away From Me
4. My Own Summer
5. This Is The New Shit
6. Spit It Out (feat. Aaron Matts)
7. Between Angels And Insects
8. Alive
9. Passive
10. Aerials
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