Vous regardez la pochette et vous savez d’avance que ça ne va pas bricoler. Et puis vous écoutez la musique et vous êtes convaincu que ça ne va vraiment pas bricoler.
Un noir et blanc digne des flyers Hardcore New-yorkais des années 80, un graphisme de révolte qui instaure l’ambiance, et une bordée de morceaux courts et lapidaires qui confirment les quasis certitudes. Alors oui, la réponse est claire et nette, les BASTARD YOUTH ne font pas dans la dentelle ni dans l’étoffe de lin, mais bien dans le Crust à grosse dominante D-beat, en se sevrant à la source scandinave du style légèrement corsée par une déglutition tout à fait slave rendant les choses encore plus abrasives et violentes.
Et dans le créneau, on pourrait même dire que ces maniaques de la vitesse et du riff sans tendresse font partie du haut du panier, les yeux en embuscade et le rythme accéléré en réacteur nucléaire refroidi on ne sait trop comment, mais certainement sans faire exprès.
Pas grande information à prodiguer à leur propos, mis à part qu’ils nous en viennent de Yekaterinburg, puisque leur Bandcamp et leur page VK sont assez discrets dans la divulgation.
Mais après tout, tout ça n’est pas bien grave, puisque les douze minutes de ce Стабильность (« stabilité » selon la traduction Google toujours approximative) sont essentielles et sans pareil, dans une digression multiple, empruntant tout autant au Hardcore cru qu’au Crust dru, ainsi qu’au D-beat le plus impromptu entaché de Grind éperdu.
A partir de là, pas grand-chose à raconter, mais beaucoup à écouter. Et dès « Запах напалма » (« L’Odeur du Napalm », le matin au petit déjeuner, c’est toujours apprécié), la barre est placée très haute, et le métissage se veut mentor et non simple apôtre.
Et en une poignée de minutes bien tassées, les BASTARD YOUTH nous prouvent qu’ils ne craignent pas grand-chose dans leur domaine, toisant de leur morgue véhémente les références scandinaves du style, narguant les URSUT, TOTALITÄR, DISFEAR et autres WARVICTIMS.
La rage qui émane des compositions présentées sur ce Стабильность est presque palpable et semble arracher vos tympans au travers du casque, démultipliée par une production très propre qui permet même aux instants les plus teigneux de sonner clean et sentencieux (« Вера », blasts, puis Crust, puis Hardcore de bœuf).
Vous me direz très justement qu’il est facile de tenir la cadence sur une durée aussi concentrée, mais il n’empêche que cet EP est d’une telle crudité qu’on a du mal à respirer, et ce malgré ce timing resserré. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, voguant d’un D-beat vraiment épidermique vers un Hardcore thermique, faisant régulièrement des haltes sur la case d’un Crust subtil et épileptique. Un vrai passage en revue de tous les aspects les plus virulents du Core Européen, avec même quelques allusions aux semences Anglaises de la fin des années 80 (« Провинция », trame DISCHARGE avec des chœurs typique du NYHC, et ça explose de tous les côtés)…
Instrumentistes qui connaissent leur boulot et qui l’aiment, samples réguliers de balles qui sifflent et de slogans hurlés, soudaines crises de colère en pleine manif pour revendiquer (« Правда штыка » quarante seconde de Crust Grind en leitmotiv, « Искупление » et son break central Core pas vraiment timide, mais assuré comme un pavé lancé dans la gueule d’un flic mal placé, merci AGNOSTIC FRONT et les CRO-MAGS), Стабильность est en effet un modèle de stabilité, qui se permet même quelques résumés d’une cruauté riffesque hallucinée (« Теряю контроль », le genre d’hymne qui te colle aux pieds comme un chewing-gum impossible à décoller).
Les Russes terminent même par une profession de foi éclatante en forme d’auto-hommage éponyme (« Bastard Youth »), qui augmente la densité et multiplie la vitesse en bégaiement Thrashcore halluciné. Tout ça nous laisse donc au tapis, l’air hébété et le muscle ramolli, mais ravi d’avoir été cartonné par une décharge aussi bien assénée.
Par curiosité et aussi par plaisir, tendez donc les esgourdes sur leurs efforts précédents, Искупление paru en février 2016, et la démo publiée en mai 2015, histoire de vous offrir un survol complet de la carrière de ces acharnés du riff lacéré et du beat martelé. Et comme en sus, ils vous offrent le tout, pourquoi s’en priver…
Mais comme je le disais, un simple coup d’œil à la pochette suffisait pour comprendre que les BASTARD YOUTH n’étaient pas là pour bricoler.
Une jeunesse de bâtards qui savent ce qu’ils veulent et qui le veulent maintenant. Et qui courent vers la révolution au rythme d’un Crust et d’un D-beat qui ne sentent ni le renfermé ni l’obligation d’une génération, pas du tout résignée.
Titres de l'album:
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
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Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
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Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
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Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
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Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24