Nom de Dieu…C’est ma trois millième chronique. 3000 bordel...Je l’écris en chiffres parce qu’en lettres ça ne veut pas dire grand-chose…Des centaines de milliers de mots, des centaines d’heure de musique, et presque douze ans passés à honorer la cause…Alors, il fallait fêter ça, mais comment finalement ? En me sevrant d’une grosse tête d’affiche histoire de faire le malin, en me vautrant dans l’underground comme d’habitude, pour y traquer le pèlerin Grind ou le pénitent Powerviolence qui m’attend ? Non, il me fallait quelque chose de plus pour honorer cet anniversaire, et puis, en fouillant dans les affaires, j’ai compris finalement que seul l’essence éclaire…Et l’évidence me sauta aux yeux et aux oreilles…Le Rock’n’Roll man, le Rock, le seul, le vrai, celui qui a déclenché ma passion il y a plus d’une bonne trentaine d’années bien tassées…Mais pas n’importe lequel, pas celui joué par des gamins ou des pucelles, non, celui pratiqué par ceux qui lui ont consacré une vie et une carrière. Et finalement, j’ai eu du bol, puisque rayon nouveautés, je suis pile tombé sur le truc qu’il me fallait…Le nouvel album d’un groupe qui traîne ses boots sur scène depuis les années 80, cette décennie même qui m’a converti au Hard’n’Heavy classique, au Thrash et au FM typique, au Death mais aussi au Glam bien rustique sous ses couches de lipstick…Le Glam des HANOI ROCKS, celui venant de Bolan, des DOLLS, qui trouvera une seconde jeunesse un peu foirée sous le fard lourdement appliqué des POISON, FASTER PUSSYCAT, mais qui se montrera aussi greasy sous les coups de boutoirs du kick des ZODIAC MINDWARP et autres bikers lousy…
En gros, le Rock’n’Glam des vrais, des durs, de ceux qui ont la coiffure en pétard mais la guitare bien hard, et qui n’ont pas oublié que pour séduire, il fallait faire danser, et connaître aussi bien Bowie qu’AC/DC. Celui des BACKSTREET GIRLS, que certains d’entre vous ne connaissent surement pas, et qui pourtant vivent sous notre toit depuis…1984. Des trous de mémoire ? Leur discographie est là pour la rafraichir, en une bonne quinzaine d’albums qui ont souillé nos oreilles sans faiblir. Une bande de norvégiens mal peignés à l’air renfrogné, qui pourtant se paient le luxe en 2017 de sortir l’un des LP les plus frais et mal rasé de l’année, sans chercher plus loin que le binaire qui leur colle au nez…Alors, certes, j’en conviens, la méthode est simple et repose sur les mêmes principes édictés par Chuck Berry, Lemmy, Angus et tous ceux qui ont toujours voué un culte au riff le plus simple, mais qui fait mouche…Mais n’est-ce pas la meilleure méthode, et surtout, la plus efficace pour vous transporter dans le pays merveilleux des décibels appuyés et des moues lippues accentuées ? Alors, pas le temps d’hésiter, et faites confiance à ces corbeaux mal lunés pour vous guider, et subtilement vous détrousser de votre libre arbitre le temps d’une pesée. Qui les révèlera poids lourds, malgré un physique fluet à peine entamé par les années…
Don't Mess With My Rock n'Roll, tout est dit dans le titre, et cette franchise n’est pas conceptuelle pour deux sous. Ici, on joue le Rock, on expire le Hard, et on respire le Glam par tous les pores, en un mélange d’époques qui convergent autour d’une seule…berge, ou d’un port, celui où est amarré le bateau pirate flanqué d’un drapeau tête de mort vous fait voguer au creux de la houle de guitares enflammées et de vocaux légèrement embrumés…Les BACKSTREET GIRLS sont toujours ces rockeurs/filles de joie qui n’ont pas perdu le gout des plaisirs simples, à base de binaire bastringue et de refrain qu’on reprend en chœur, les mains en sueur et le regard frondeur. Un Hard Rock puissant et sauvage, qui paie son tribut aux ravages connus des frères Young, des ZODIAC MINDWARP, des copains d’HANOÏ ROCKS, et qui ne rechigne pas à s’investir pour faire fructifier des plaisirs qui garantissent toujours autant de satisfaction…Mais pourquoi chercher les mots pour résumer un tel barouf de tripot, à parler de femmes qui usent de leur pouvoir, de musiciens qui font tout ce qu’ils peuvent pour les avoir, ne serait-ce qu’un seul instant, lorsque tout est dit avec acuité par un « Wild Women & Bad Bad Boys » qui fait mieux que synthétiser tous ces clichés ?
Des clichés certes, mais un riff alerte, une voix un peu traînante, des chorus à l’amiante et un refrain qui aimante…Presque cinq minutes de tour de chauffe qui font déjà jaillir la fumée, parce que ces mecs-là n’ont pas besoin de se roder pour tout exploser…En un seul morceau, on les imagine déjà sur scène, le cuir tanné et les instruments usés par tant d’années passées sur des routes fatiguées, qui se réveillent le soir venu pour faire la fête sans arrière-pensée…
Le Rock joué Hard des norvégiens s’adapte parfaitement à ces images un peu délavées, qui ont cours depuis des fifties qui prenaient enfin en compte les désirs d’une jeunesse révoltée, à grand renfort d’accords majeurs lâchés dans l’assemblée, se repaissant de tous ces yeux émerveillés…Mais tout ça n’empêche pas de multiplier les allusions, pas forcément finaudes, mais pleines de raison, via un aveu « Rollin’ With The Stones », qui prononce son allégeance à un Keith Richards en pleine dépendance. Binaire chromé, timbre grave et surchauffé de cigarettes trop souvent fumées et de bourbon un peu trop apprécié, et le ballet prend forme, comme celles de ces filles devant la scène qui secouent leur tignasse en rythme…
Trop classique pour vous ? Alors, back off, bitch…
Parce qu’ici, on ne plaisante pas avec le Rock N’Roll. On vous le dit même, sans détour, au gré d’un « Don’t Mess With My Rock N’Roll » qui de son intro en solo un peu branque met les pendules à l’heure, à celle de Bon, Angus, Malcolm et les autres, qui de leur Australie natale ont un jour mit le feu aux apôtres que nous sommes, censés propager la bonne parole…Pas de sensibilité déplacée, parce qu’on est là avant tout pour se rappeler, de Razzle, de Mike Monroe, qui trouvent un bel écho dans les stries électriques de « Jaguars », qui montrent leur dents le temps d’un Heavy Rock saignant, et d’un refrain entêtant. Mais l’ombre d’AC/DC plane décidemment bas sous le plafond, et se love au creux du portrait de Lemmy qui distille ses commandements le temps d’un « Down To Kill » qui singe son timbre viril, explosé d’un riff qui vous condamne à transpirer…Et ça aligne, sévère, ça tripote le Punk pour le faire s’accoupler avec le Rock des RAMONES (« Radio »), ça s’accapare un riff à la Berry pour commencer dare-dare la party (« Back Again »), ça assume ses tendances déviantes le temps d’un Blues cradingue et un peu dingue (« Psycho »), mais putain, qu’est-ce que c’est bon quand on y pense, de passer pour un frappé quand la normalité est d’un ennui déplacé…Blues, Rock, Hard-Rock, Glam, tout y passe mais seule trépasse la morosité, qu’on oublie le temps d’un album troussé comme une groupie consentante après une performance transcendante…
Parce que c’est ÇA, notre Rock, notre Hard-Rock, celui qu’on reprend comme des glands la mèche sur les cils depuis…depuis quand déjà ? On s’en cogne parce qu’en écoutant Don't Mess With My Rock n'Roll on a les oreilles qui fourmillent et les jambes qui sourcillent, ou l’inverse. Parce que c’est dur, parce que c’est vrai, parce que c’est joué par des mecs qui savent et qui savaient. Et parce que c’était ma 3000ème chronique ce matin, et que j’avais un peu le tournis et des tremblements dans les mains…Une vie passée à célébrer et honorer cette putain de musique qui me donne la force de m’accrocher, et de résister à un quotidien pas toujours facile à supporter.
Alors, le Rock, quoi d’autre à la fin. Le Rock aussi. Et c’est très bien.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09