Enregistrer un excellent album de Metal mélodique au parfum subtilement FM, sans sombrer dans la mièvrerie de l'AOR le plus prévisible ou du Pop-Rock à peine assumé n'est pas chose facile. Beaucoup de groupes s'y sont cassé les dents pour faute d'inattention, ou de manque d'équilibre entre puissance et nuance, et seuls les meilleurs parviennent à capter notre attention sans nous obliger à prendre un mouchoir sur la table du salon. Le style est exigeant au possible, et surtout, constellé d’œuvres majeures qui en leur temps ont défié les lois de la gravité du sacro-saint Billboard, parvenant à placer des singles au top sans que la mode n'ait quoi que ce soit à voir avec ce succès inopiné. Pas facile donc d'y imprimer sa griffe sans tomber dans la redite ou la paraphrase, et autant reconnaître que depuis quelques années, les suédois et italiens se taillent la part du lion, rejoignant même les références américaines les plus pointues au firmament. Nonobstant cet état de fait incontestable (et incontesté), certains pays commencent à émerger et à proposer des albums de plus en plus proches de la perfection, et c'est aujourd'hui la Grèce qui place ses pions par l'entremise du premier album des émergents ODYSSEY DESPERADO. Le pays depuis quelques temps est agité d'une frénésie de productivité, qui lui a permis de se hisser au niveau d'une Europe déchaînée en termes de quantité, mais aussi de qualité, et ce Don't Miss the Sunset ne fera pas tâche sur le tableau d'honneur hellène qui commence à prendre des allures de top spot de la bravoure musicale. Fondé en 2014 par le guitariste Odysseas Karapolitis, ODYSSEY DESPERADO profite d'un niveau instrumental redoutable pour nous offrir une grosse bordée d'hymnes à reprendre en chœur, et certainement enregistrés avec quelques références en tête. Soutenu par la référence vocale nationale Manos Fatsis, et cachant dans les backing vocals un certain Paul Laine (ex-DANGER DANGER), Don't Miss the Sunset profite d'une impeccable production signée Bob Katsionis (OUTLOUD, FIREWIND) pour développer de beaux arguments mélodiques, amplifiés par une hargne tangible, plaçant le projet à la lisière d'un Hard Rock mélodique vraiment saignant, et d'un AOR tendrement séduisant.
Inutile de dire que le label finlandais Lions Pride Music y a vite trouvé son compte, et a rapidement compris tout l'intérêt que le public pourrait porter à ce premier album, presque parfait de bout en bout, et sentant le professionnalisme exacerbé. Si la trame de construction reste dans des balises classiques, s'accommodant fort bien des figures imposées du genre, et si les influences revendiquées n'ont rien de surprenant (Bon Jovi , Def Leppard , Poison , Survivor , Motley Crue , Ratt , Foreigner , Toto , Journey , Bad English , Danger Danger , Giant , Firehouse , Richard Marx , Bryan Adams , Cinderella , Great White , Van Halen , Stan Bush, les musiciens nous épargnant une liste plus exhaustive), le rendu est en tout point convaincant, rappelant en plus d'une occasion tous les cadors contemporains du genre (W.E.T., HARDLINE, ECLIPSE). C'est donc à une version réactualisée de standards made in 80's que nous avons droit sur cette entame de carrière, et autant reconnaître que les quarante-trois minutes passées avec les grecs sont plus qu'agréables, et fort recommandables. Nous naviguons donc à vue entre vitesse de croisière puissante fendant les flots Heavy pour surfer sur les vagues Hard, et arrêt des moteurs sur la case AOR, pour des instants de faux calme saisissant de romantisme flamboyant. Aucune naïveté à craindre de la part d'un groupe qui a tout compris au style qu'il affectionne, et qu'il transcende d'une interprétation habitée, permettant à un duo vocaliste/guitariste de tout donner. En tant que frontman, Manos Fatsis prouve à chaque intervention que sa réputation n'est pas usurpée, et qu'il mérite bien de figurer en tête de liste des vocalistes grecs les plus prisés. Le maître d'oeuvre Odysseas Karapolitis quant à lui se déchaîne et laisse rugir sa guitare sur les segments les plus agressifs, sans jamais en faire trop, mais en nous distillant des soli incandescents, propres à rallumer la flamme la plus vacillante. Entourés d'une section rythmique impeccable (Bob Katsionis, omniprésent, à la basse et aux claviers, et un batteur sans nom...), les deux hommes se laissent aller à suivre leur inspiration brillante, et nous offrent sur un plateau d'argent une bonne dizaine de morceaux formellement beaux, qui donnent à ce premier LP des airs de faux Best Of bien tassé. L'équilibre entre saillies musclées et moments de tendresse peaufinés est saisissant, et on se prend à rêver à une soirée passée du côté de L.A., en bonne compagnie, le cheveu ébouriffé par une virée en décapotable le long du Sunset. La présence dans les choeurs de Paul Laine n'a rien d'un hasard, tant certains accents laissent à penser que l'importance de DANGER DANGER en tant que background personnel fut plus prédominante qu'on aurait pu le penser (“ Fragile”, plus proche des efforts en solo de Ted Poley que de YES). Mais au-delà de toutes les références qu'on pourrait accoler au dos de ce Don't Miss the Sunset, ce sont surtout ses propres qualités intrinsèques qui frappent.
En tant qu'album sorti de son contexte, il est inattaquable. Mais en tant qu'album de Hard Rock mélodique, il devient une réussite totale, au point qu'on se demande si son auteur n'a pas cherché sciemment le sans-faute. Entre quelques réminiscences Stan BUSH, plus que palpables (l'ouverture “ Rush of The Wave” y fait méchamment penser), des allusions plus ou moins indirectes à la vague des PANORAMA (“You And Me Against The World”), et surtout des clins d'œil répétés à la scène US des années 80, via un clavier discret qui ajoute à à la délicatesse de l'ensemble (“Cruisin'”, que les JOURNEY, FM et autres TREAT auraient pu ajouter à leur tableau de chasse), ce premier longue-durée fait montre d'une classe folle, même lorsque l'ambiance rejette la lumière du jour pour se contenter de la pénombre à peine atténuée d'une bougie d'une chambre à coucher prête pour un moment d'intimité (“Can't Live Without You”). D'ailleurs, et c'est aussi à ça que l'on reconnait les travaux les moins complaisants envers la facilité, les ballades battent le haut du pavé, et évitent la niaiserie piège qui a condamné bien des œuvres antérieures à une tendresse sirupeuse donnant du diabète avancé. Ainsi, “Wings Of Silk” en clôture rappelle même les power-ballads les plus récentes de EUROPE, sans le côté bluesy prononcé, mais en faisant preuve du même lyrisme exacerbé. Transcendées par la voix incroyablement chaude et veloutée de Manos, et les volutes de claviers de Bob, ces stries de calme permettent d'admirer la fluidité harmonique d'Odysseas qui maîtrise fort bien son sujet, même si son terrain de prédilection semble être la frontière séparant le Rock de la Pop, comme le démontre aisément le sautillant “Tomorrow You'll be Gone”, au refrain imparable et à la combinaison vocale immaculée.
Le leader laisse même beaucoup de latitude à ses compagnons, ce qui permet au groupe de signer des classiques presque innés, à l'instar de ce fulgurant « Holding On To A Dream », qui nous ramène trente ans en arrière lorsque les classements américains se satisfaisaient très bien de cet amalgame entre souplesse et rudesse. Certes, les textes n'évitent aucun cliché, mais cela fait partie du jeu, et lorsqu'on tombe sur une petite merveille comme “Oasis (In The Desert of Your Soul)”, on en fait abstraction sans problème tant ses harmonies et son énergie nous contaminent. Difficile de penser en dévorant Don't Miss the Sunset qu'il n'est que la première étape d'un parcours qu'on espère au long-cours, tant il fait montre d'incroyables qualités de composition et d'interprétation. Il pourrait presque être considéré comme la notice idéale pour concevoir et monter un album de Hard à tendance AOR parfait, de sa production à ses chansons, et laisse présager d'un avenir ensoleillé pour ces grecs qui ont décidément tout compris à la mélodie. Le genre d'album qui rend heureux l'espace d'un instant, et qui s'incruste dans votre mémoire, vous obligeant indirectement à revenir vers lui les jours de pluie. Bravo donc à Odysseas Karapolitis qui nous offre donc l'un des meilleurs LP du mois, sans en faire trop, mais en affirmant ses prises de position.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09