C’est déjà l’heure du cinquième album pour les allemands de DESERTED FEAR, et l’occasion de prouver qu’ils sont toujours l’un des fers de lance de la nouvelle vague Death germaine. Très productif, le groupe d’Eisenberg poursuit sa route depuis plus de quinze ans, à raison d’une étape tous les deux/trois ans, la dernière halte étant Drowned by Humanity, datant de 2019. C’est aussi une occasion de fêter leur troisième album pour le géant Century Media, qui les accompagne depuis 2017, et qui doit certainement se satisfaire de ce partenariat stable. Il faut dire que la musique de DESERTED FEAR s’inscrit totalement dans la politique artistique du label allemand, très porté sur la violence raisonnable et, disons-le, « commerciale ». Et en ce sens, ce nouvel album ne dérogera à aucune règle, et satisfera les fans du trio comme ceux de la maison de disques.
Du Death, moderne juste ce qu’il faut, légèrement sous influence nordique, voilà ce que proposent les allemands, bien dans leur époque. Un Death qui profite des astuces de production des années 2000 pour sonner bombastic, large et épais, raisonnable dans la bestialité, mais rarement assez débridé pour rassasier les instincts les plus primaires. Nous sommes donc loin des astuces les plus convenues de la vague old-school, qu’elle soit portée sur les émanations américaines ou les effluves suédois, ce qui toutefois ne garantit pas non plus une sensation d’inédit dans les naseaux. En effet, reproche fut souvent fait aux allemands de jouer une musique trop générique pour être honnête, restant entre les balises, et usant de recettes efficaces, mais terriblement convenues. Et une fois encore, ce reproche sera d’actualité, tant les titres se succèdent sans vraiment marquer les esprits.
Car si en effet, l’ambiance générale est assez prenante, les structures travaillées, et la progression habile, les riffs n’en restent pas moins génériques, et pas forcément mis en valeur par un chant monocorde. On sent que le trio (
Simon Mengs - batterie, Fabian Hildebrandt - guitare/basse et Manuel Glatter - guitare/chant) a privilégié une fois de plus l’efficacité à l’originalité, ce qui n’est pas forcément un tort à une époque où l’impact est plus important que l’ingéniosité, mais ce même impact s’en trouve fort réduit une fois le tracklisting égrené, les titres s’enchaînant sans réel temps fort et surtout, sans hymne à mettre en avant.
En distillant quelques interludes, en mélodisant un peu plus fortement, le trio a essayé d’éviter le piège de la redite, mais est malheureusement tombé entre ses crocs. Une fois arrivé à « Reborn Paradise », on commence sérieusement à se demander si le temps passe aussi vite qu’il le devrait, et si les chansons ne sont pas doublées à intervalles réguliers.
Alors, j’en conviens, la bombe « Follow the Light That Blinds », clippé pour l’occasion est méchamment efficace, et propose enfin une accélération conséquente du tempo, mais cet épisode est à prendre pour une exception, tant le reste du répertoire semble s’épanouir dans un constant mid-tempo qui a tendance à linéariser le tout. Et si « The One Desire » propose quelques syncopes rythmiques sympathiques et une précision diabolique, le reste de Doomsday prouve que ce cinquième album n’est pas vraiment l’apocalypse prévue, et plutôt un long intermède au purgatoire avant l’explosion finale.
Le jeu des musiciens n’est pas à mettre en cause, la production non plus d’ailleurs, mais l‘inspiration est tellement terne et prévisible que tout ou presque a été dit en une poignée de morceaux, le reste n’étant qu’une paraphrase très embarrassante. On aurait aimé que certains titres décollent à la façon de « Follow the Light That Blinds » pour que l’album ne se contente pas d’un rase-mottes, et finalement, d’avion de chasse et de mort, Doomsday ressemble plutôt à un avion-cargo, chargé de munitions et de bombes, mais qui rejoint sa destination sans faire aucun dégât.
Du Death trop lambda pour être apprécié, des systématismes inamovibles, pour un cinquième album qui ne laissera pas grand trace dans l’histoire de la violence germaine.
Next.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Part of the End
03. Idols of Triumph
04. Follow the Light That Blinds
05. Fall from Grace
06. At Its End
07. Reborn Paradise
08. The One Desire
09. Call 0f Emptiness
10. Voices of Fire
11. Doomsday
Pas essayé l'album à part les clips, et pour cause... Cette chronique exprime mieux que je ne saurais faire les griefs que j'ai envers le groupe. Je ne suis pas gêné par le gros son limpide et clinquant, mais la faiblesse des riffs et des morceaux finit par ressortir encore plus cruellement aux oreilles qui écoutent du Metal depuis un chouia de temps... En plus, je trouve que cela s'est aggravé avec le virage plus mélodique qu'ils ont pris dès le deuxième ou troisième album (je ne me rappelle plus bien). Heureusement, il y a mieux ailleurs.
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11