De ce qui est progressif et qui ne l’est pas. Définition assez difficile, puisque depuis l’apparition du style à la fin des années 60 et l’acquisition de ses lettres de noblesse dans les seventies, le genre a constamment évolué, passant d’une ambiance champêtre et guillerette à des aspirations arty et théâtrale, au point de devenir aussi dramatique qu’une pièce de ce cher Shakespeare. Aujourd’hui, le Metal progressif se scinde en plusieurs catégories, la plus populaire étant celle que les DREAM THEATER ont défini à l’orée des années 90, avec ce mélange de Metal agressif et de prétentions mélodiques, le tout saupoudré d’une sévère couche de technique histoire de mériter l’AOC. Mais d’autres groupes, non moins capables mais plus modestes dans leur démarche ont choisi en quelque sorte un raccourci pratique entre Heavy Metal légèrement lyrique et développements plus élaborés, à l’image des anglais d’ARK ASCENT, qui après presque une décennie d’existence, sortent enfin leur premier LP sur leur propre label. Articulé autour de l'ancien chanteur de SHADOWKEEP, Rogue Marechal, du bassiste de DGM, Andrea Arcangeli et du batteur de SIRENIA, Michael Brush, ce projet est né en 2011 en tant que "prophétie" du compositeur et multi-instrumentiste Jack Kirby (guitare et claviers). Il aura donc fallu huit ans pour que le concept se formalise autour d’une œuvre bien concrète, ce Downfall qui caressera vos oreilles de ses mélodies douces tout en brutalisant vos tympans de ses riffs charnus. Car loin d’être à cheval sur les préceptes du Progressif pur, les anglais n’ont pas hésité à mélanger les genres, au point d’évoquer les DT évidemment, mais aussi KAMELOT, ou MOB RULES, soit une certaine frange du Heavy Metal moderne et décomplexé.
Envisageons donc ce premier jet comme la carte de visite d’un groupe qui aurait dû exploser sur le marché bien en amont. Mais ces quelques années de préparation ont permis aux musiciens de travailler leur partition, pour présenter un travail peaufiné, poli aux entournures, mais qui n’a pas oublié son agressivité au conservatoire. Bons élèves, évidemment, au vu de leur cursus, les instrumentistes ont préféré privilégier l’aspect séduction que le volet démonstration, ce qui nous permet d’apprécier de vraies compositions, et non d’admirer des tribunes érigées à la gloire de leur ego. Certes, les constructions sont soignées, les soli léchés, et les évolutions parfois notables, mais la plupart du temps, les chansons savent rester raisonnables et se concentrer sur des couplets efficaces, que des refrains fédérateurs transcendent de leurs envolées lyriques. Mixé par Rich Hinks (ANNIHILATOR, SILENT CALL, AEON ZEN) et par Rob Aubrey (SPOCK’S BEARD, PENDRAGON, DRAGONFORCE), Downfall dispose donc d’un son assez ample, qui place la guitare et le chant en avant sans léser la rythmique, et laissant un espace non négligeable aux parties de clavier. Mais si le timing général reste dans des balises raisonnables, le groupe sait se lâcher à l’occasion, et nous dérouler le tapis rouge de la grandeur, notamment sur le final homérique de « The End Of Time », et ses treize minutes bien tassées. Entre puissance pure et émotion à fleur de peau, le groupe ose des moments de tendresse assez sincères (« Innocence Lost »), qui contrastent avec les poussées de violence Power que « Point Of No Return » développe brillamment. Assez doués dans leur passage en revue de toutes les tendances du progressif moderne, les membres d’ARK ASCENT font preuve d’un flair certain dans l’alternance, et ne nous enivrent pas avec du mauvais vin répétitif et trop fort en bouche, distillant les ingrédients avec beaucoup de perspicacité pour équilibrer leur premier LP.
Et entre Hard-Rock plus formel, Heavy appuyé et Power allusif, Downfall s’avère particulièrement savoureux, chaque titre possédant son emprunte, même si certains multiplient les clins d’œil aux maîtres de DREAM THEATER, dont « Sanctuary » qui pourrait sortir des cartons de leftovers d’Awake sans que ça ne surprenne John Petrucci. Le reproche majeur formulable à l’encontre de tels albums étant la plupart du temps liés à la flagornerie instrumentale ou à la trop grande uniformité, ARK ASCENT se pose en exception parfaite, avec son entre-deux futé, et sciemment placé, pour ne pas donner l’impression d’avoir le cul entre deux chaises. Quelques transitions judicieusement délicates (« Farewell », clavier/voix), des intros qui s’imposent dans la tempête mélodique (« Downfall », l’un des plus efficaces du lot), mais aussi des individualités notables. Outre la polyvalence de Jack Kirby à la guitare et aux synthés, l’album a pu compter sur la participation de Katia Filipovic au piano, mais surtout sur la voix chaude et puissante de Rogue Marechal, qui nous emporte de son interprétation pleine et sincère, modulant sa voix pour lui faire adopter des intonations agressives, sans se départir de ce lyrisme exacerbé qui définit le style. Niveau style justement, la guitare de Kirby sait embrasser toutes les émotions possibles, de la cavalcade en sextolets au feeling pur, sans user et abuser d’effets, ce qui permet aux titres de garder une patine naturelle qui leur sied à merveille. Beaucoup de choses à mettre en avant, donc, des qualités qui sautent aux oreilles, et lorsque tous les éléments rentrent en conjoncture, ça nous donne un alignement parfait entre violence et tempérance, comme l’illustre à merveille « The Aftermath ». Ligne de basse qui ose enfin s’affirmer, ambiance à la Falling into Infinity, et efficience dans les idées pour ne pas se disperser.
Car en se reposant sur des riffs efficaces et mémorisables, le groupe a fait le bon choix, même lorsque son inspiration se laisse dériver le long d’une longue rivière de thèmes. C’est ainsi que « The End Of Time », l’épilogue magistral s’avère une clôture impeccable pour ce premier album, jurant allégeance au Progressif le plus formel, sans se départir de cette volonté de ne pas bavarder pour ne rien dire. Nous ne parlerons pas encore de chef d’œuvre, la pondération étant de mise, mais globalement, ce premier album d’ARK ASCENT est une franche réussite, prônant des valeurs d’ouverture notables.
Titres de l’album :
1. Arrival
2. Point Of No Return
3. Sanctuary
4. Darkest Hour
5. Farewell
6. Downfall
7. Ascension
8. Innocence Lost
9. The Aftermath
10. Closer To Heaven
11. The End Of Time
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