Inutile de se voiler la face, il semblerait que les NERVOSA aient décidé de franchir un cap en enjambant celui du dangereux troisième album. Nous les avions quittées bien remontées à l'occasion d'Agony il y a deux ans, mais les tremblements générés par ce second-longue durée semblent aujourd'hui bien timides par rapport à la déflagration provoquée par ce terrifiant Downfall of Mankind, qui ridiculise de ses tonalités graves et de son ambiance échevelée les deux précédents chapitres de la saga des brésiliennes énervées. D'ailleurs, un simple coup d'œil aux photos promo et à la pochette de ce nouvel effort suffit à comprendre que la simple excitation Thrash ne suffit plus au trio démoniaque, bien décidé à s'aventurer en terre Death plus aride, ce qui n'est pas forcément bon signe. Je l'avoue, j'avais méchamment craqué sur Victim Of Yourself, qui dévoilait alors un groupe bien décidé à porter l'hégémonie du Thrash brésilien sur le piédestal qu'il méritait amplement, et j'avais cru y découvrir un renouveau sous le ciel ombragé du Metal extrême local. Mon avis hautement positif fut grandement tempéré par la suite des évènements, et finalement, l'euphorie laisse place aujourd'hui à une reconnaissance inévitable, celle qui permet aux NERVOSA de s'immiscer dans le haut du panier des groupes du cru, position indiscutable, mais pas forcément la plus recommandable ni la plus confortable...Enregistré au Family Mob studio de Sao Paulo, et produit par la référence incontournable Martin Furia (FLOTSAM & JETSAM, DESTRUCTION, EVIL INVADERS, SISTERS OF SUFFOCATION), Downfall of Mankind multiplie les appels du pied, et se permet même quelques featurings fameux, dont ceux de João Gordo (RATOS DE PORÃO), Rodrigo Oliveira (KORZUS) et Michael Gilbert (FLOTSAM AND JETSAM). Tableau assez flatteur s'il en est, mais qui peine à cacher une réalité que les plus objectifs accepteront comme inéluctable. En choisissant de durcir le ton et de rentrer dans le rang, les NERVOSA ont perdu cette fraîcheur qui faisait leur force lors de leur découverte. Et le résultat est sans appel. Aussi excité et puissant soit ce troisième LP, il n'en reste pas moins exercice de style un peu stérile, qui vient chercher dans la brutalité ce qui lui fait défaut au niveau créativité.
Pour être honnête, et ne pas tomber dans le piège de la descente en flammes gratuite, je dirai pour résumer la chose que personne n'a vraiment besoin d'un nouvel ARCH ENEMY, ni d'un énième groupe flirtant avec la frontière séparant le Thrash du Death moderne. Et surtout, nul n'a besoin non plus d'un trio qui confond méchanceté et sadisme, et qui heurte de plein fouet l'écueil du pilotage automatique, préférant se reposer sur des structures redondantes et roboratives pour laisser sa nature violente s'exprimer par le vecteur le plus éculé qui soit. En rentrant dans le détail, les quatorze morceaux de ce troisième LP semblent tous nés de la même crise de colère, et se contentent de suivre un cahier des charges très précis. Tout ici semble forcé, exagéré, un peu comme si nos jolies brésiliennes avaient soudainement décidé de se poser en alter-ego féminin du KREATOR le plus contemporain. Sauf qu'à la différence des allemands menés par Mille, les trois lusophones ne maîtrisent pas encore parfaitement les codes de la bestialité musicale, et sombrent souvent dans la redite et le radotage, qu'une perfection de surface peine à dissimuler de ses artifices grossiers. Fernanda Lira (chant/basse), Prika Amaral (guitare/chœurs) et Luana Dametto (batterie), frappent tous azimuts, cognent comme des malades, et courent comme des dératées, mais il semblerait que leur objectif reste flou et que la bataille qu'elles mènent soit vaine et perdue d'avance. Non que cet album soit un plantage total, loin de là, mais la férocité dont il s'évertue à faire preuve à plus des airs de molosse qui montre les dents sans vraiment se vouloir menaçant, ce qui contribue à handicaper des titres qui sont de fait condamnés à se mordre la queue. On imagine sans peine leur impact live sur un auditoire conquis d'avance, et il est vrai que certains segments auront leur place dédiée et méritée au sein de la setlist des NERVOSA, mais en version studio, ces mêmes morceaux peinent à convaincre, et évoquent plus une version moderne et décalquée des légendaires DETENTE, dans une vague tentative de retrouver l'impulsion Punk de la bande à Dawn Crosby. Sauf que la sauvagerie et l'effronterie du combo d'origine sont ici remplacées par une standardisation à outrance du son sud-américain, qui fait méchamment du pied au Death scandinave des années 90, sans parvenir à en égaler la froideur et l'intensité.
Alors, le disque déroule, les morceaux se roulent en boule, et le fan de Thrash de regretter l'époque où ces musiciennes avaient encore tout à prouver. Si Downfall of Mankind ne détonnera aucunement dans l'écurie Napalm Records, habituée à gérer son cheptel d'agresseurs plus ou moins anonymes dans leurs étables, il rentre justement dans des rangs qu'on aurait souhaité le voir bousculer, pour imposer un Thrash plus naturel à la bestialité moins forcée. Le tout ressemble à une sale grimace de carnaval, une attraction à sensation qui peine à faire peur, et qui en moins de temps qu'il n'en faut pour hurler, à déjà fait fuir d'ennui les moins facilement impressionnables. Beaucoup trop long pour le peu d'idées novatrices qu'il propose, il est à l'image du chant vain de Fernanda, qui a beau hurler comme une damnée, ne glace les sangs que des quelques enfants tombés par erreur sur une distraction qui ne les concerne pas, et ce ne sont pas ces chœurs systématiques à la DEICIDE qui permettent de s'extirper d'une expression un peu trop figée. En quarante-huit minutes, les NERVOSA règlent le problème de la quadrature du cercle, multiplient les coups de boule dans l'eau, et finissent enfermées dans leur propre labyrinthe, qui ne dispose pas vraiment d'une sortie facile à trouver. Le pinacle est atteint lors du stérile “No Mercy”, qui s'évertue à dispenser les mêmes enseignements que tous les titres l'ayant précédé, et qui sonne comme l'archétype du morceau Thrash/Death que l'on a tous déjà abondement écouté et disséqué. Les quelques arrangements en samples ne viennent pas sauver du naufrage un disque destiné à sombrer dans les abysses de la standardisation annoncée, malgré quelques intermèdes plus lourds et plus volontiers sombres qui nous sauvent de la catastrophe.
Techniquement, les filles continuent de faire des progrès, et les soli prennent de plus en plus d'ampleur, tandis que la rythmique gomme les quelques erreurs du passé pour se livrer de temps à autres à de jolis exercices Crust/D-beat aérés (“Raise Your Fist!”). Mais ne soyez pas dupes, de l'entame “Horrordome” qui amorce les débats au final surprise “Selfish Battle”, tout ici est calibré, mesuré, et finalement bien inoffensif eut égard à l'énergie faussement dispensée. On pense finalement à une plongée en apnée, qui nous laisse le souffle coupé, et qui rend les minutes bien longues avant de remonter à la surface. S'il est évident que cette nouvelle tranche de haine trouvera son public sans aucune difficulté, les fans du groupe des origines regretteront l'époque où les NERVOSA incarnaient encore un renouveau du Thrash, malgré les quelques maladresses qu'elles ont aujourd'hui corrigées de la plus vulgarisatrice des façons. Et si la boucherie live attendue aura bien lieu, espérons qu'à l'avenir, les filles se souviendront que le Thrash est avant tout une affaire de passion, et non de perfection dans l'agression.
Titres de l'album:
01. Intro
02. Horrordome
03. Never Forget, Never Repeat
04. Enslave
05. Bleeding
06. ... And Justice For Whom?
07. Vultures
08. Kill The Silence
09. No Mercy
10. Raise Your Fist!
11. Fear, Violence And Massacre
12. Conflict
13. Cultura Do Estupro
14. Selfish Battle (bonus track)
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