L’underground regorge de musiciens mystérieux et qui souhaitent le rester. La partie la plus féconde en termes de discrétion reste celle qui abrite les amateurs de Black Metal, qui n’aiment rien tant que se cacher derrière un linceul pour que personne ne devine leur identité. Un autre exemple m’en est donné aujourd’hui avec le projet SYVYYS et son orthographe déconcertante. Un premier album à la pochette absconse, une absence totale d’identification, un logo indéchiffrable et une autoproduction. Tout au plus apprend-on que le logo est l’œuvre d’une certaine Marianne Plasse, ce qui ne nous dit pas grand-chose.
Qu’il en soit ainsi.
Notre scène BM étant l’une des plus florissantes et diversifiées du monde, il est toujours plaisant d’accueillir un nouveau nom sur sa stèle. Surtout lorsque ce nom est synonyme de musique de qualité, brutale, viscérale, froide et totalement dénuée d’empathie. L’artiste se cachant derrière le nom de SYVYYS nous propose cinq morceaux d’obédience classique, mais d’une force assez remarquable. Quelque part entre notre scène nationale et la rigueur nordique des années 90, avec un entre-deux assez intéressant en termes de thèmes, de mélodies et d’attaques rythmiques.
Et tout ceci sent bon le one-man-band inconnu. La batterie sonne aussi synthétique qu’une programmation, et le tout est emballé dans une production maison. Mais le contenu quant à lui, réserve de belles surprises old-school, mais pas que. J’en tiens pour preuve « Invocation », très Ambient et d’un effet certain, qui change des sempiternelles intros interchangeables et ridiculement evil. On sent que l’aspect créatif a été travaillé, puisque les cinq chapitres de cette première offrande (ou plutôt prière de louange s'adressant à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit) offrent un visage différent, des ambiances complémentaires, et des atmosphères uniques.
Ainsi, « Dissolution Organique » joue son va-tout à toute allure, dans un élan de reconnaissance des origines nordiques. Tempétueux, orageux, ombrageux, ce deuxième morceau est d’une violence formelle, presque clinique, mais présente une grimace qui peut effrayer les amateurs de traditionalisme forcé. A l’inverse, « Délirium Infus » aère l’instrumentation sur ses premières minutes, proposant des percussions éparses, des riffs biscornus, avant de s’emballer comme un chauffard en retard.
Voix évidemment écorchée au maximum, double grosse caisse à la limite de la parodie, guitare un peu noyée dans le ragout, mais velléités techniques et progressives, l’effort est à souligner, et l’effet à soigner. L’œuvre affiche donc des ambitions claires, et ne se contente pas de réchauffé tiède qui laisse un arrière-goût amer dans les tympans. « Les Arcades » assure d’ailleurs une transition bien glauque dans la plus pure tradition du Dark Ambient, avant qu’un énorme riff redondant n’explose les enceintes. Ce pont dangereux à emprunter est pourtant le seul chemin qui mène à l’épilogue « Errance Limbique », qui comme son nom l’indique, nous invite à une déambulation dans la brume de l’oubli.
Mais loin d’une marche hésitante entre les ténèbres et la lumière fatiguée de la lune, ce monstre de plus de onze minutes suinte la méchanceté et la répétition par tous les pores, comme si son auteur désirait s’affilier aux entités les plus diaboliques de son créneau. On pense à 1349, le meilleur et le plus bestial, avant qu’une cassure mélodique et encore une fois très technique ne nous brise dans notre élan. SYVYYS prouve donc son sens de l’esthétique, et son amour de la beauté dans la laideur, en laissant sa basse lâcher quelques rondes soyeuses, alors que la guitare se plaint en arrière-plan d’un mixage pour le moins approximatif. Mais voulu.
De très bonnes choses émergent de cette Doxologie Sépulcrale. Une créativité notable, du panache au moment de relier les idées, et des arrangements sobres mais efficaces. Je souhaite vivement que l’auteur de cette symphonie nocturne se manifeste de nouveau à l’avenir, son talent lui offrant des options non négligeables. Maintenant, je dois vous laissez, mes prières m’attendent.
Titres de l’album :
01. Invocation
02. Dissolution Organique
03. Délirium Infus
04. Les Arcades
05. Errance Limbique
Et bien mes cadets !Si le futur album est à l'aune de ce titre, je signe des 4 mains !!!
19/12/2024, 06:11
L’important est effectivement de ne pas se tromper d’ennemi, et le « camp du bien », pourtant minoritaire, est très fort pour brouiller les pistes. Jusqu’à un certain point… m’enfin, tant que la musique est booonne.
18/12/2024, 21:47
Présent au concert de Rennes le 21 janvier. Bien content d'avoir vu Brujeria cette année.
18/12/2024, 14:13
Bon sang cette diatribe tout droit sortie des années 90, est-il possible de plus tourner en rond. C'est tellement ridicule d'autant que l'église catholique est la plus grande institution qui porte le message de la paix en orient, et sans doute dans le top de la philan(...)
18/12/2024, 12:21
14/12/2024, 10:26
Quand tu bosses dans la banque et que tu n’as pas eu le temps de te changer pour ton clip dans les bois
14/12/2024, 07:16
Black Metal protest outside the Iranian Embassy in Norway - Nordbundet by Taake (Cover by KAABOOS)
13/12/2024, 17:47
Une prod et des riffs lisibles, j'aime vraiment beaucoup ! Un peu dans l'esprit Hooded Menace. Ouhhh, je vais creuser la question.
13/12/2024, 11:37
Oui, j'ai bien aimé ce côté Doomy renforcé par les transitions au synthé basique qui rappellent de loin leurs compatriotes d'Asphyx sans doute, mais plus encore Morgoth. J'ai pensé à Obituary, Master, Death... mais avec une dose de lo(...)
13/12/2024, 09:11
Putain le FALL OF !!! !!! !!!Le meilleur fest de France ever !!!Si y'a pétition pour son retour, je signe des 4 mains !
13/12/2024, 06:50
Le Hellfest était décrié au départ mais avec le recul c'était une putain de terre de cocagne pour les musiques extrêmes. Je ne parle même pas du Furyfest qui en 2005 réunissait entre autres les 3/4 du Big Four (!) pour une jauge de 10 &ag(...)
12/12/2024, 19:36
Rien à foutre des finances de Ben Barbaud ! vous pouvez penser que c'est anodin, mais la représentation du metal en France c'est de la merde à nouveau, on régresse.
12/12/2024, 19:10