Ah ben tiens, c’est Bram Stoker qui va être content, il va encore toucher des royalties sur son œuvre. Non, je plaisante, le pauvre s’en moquant comme de son premier asticot depuis longtemps, mais il y a avait des années que je n’avais pas planté mes crocs dans un projet entièrement dédié à ce cher Vlad Dracul. Je l’avoue, les aventures canines de ce cher Dracula ne m’ont guère passionné en dehors de l’œuvre originale assez culottée, et dont les adaptations innombrables ont révélé un profond désir d’immortalité. Entre la Hammer, les délires de Blackula, Spermula, les adaptations plus intimistes de George Romero et son Martin, ou de Paul Morrissey ou les pochades des Charlots et Bernard Menez (Les Charlots contre Dracula, Dracula Père et Fils), le cinéma n’a jamais hésité à sortir les dentiers et les capes cramoisies et noires, et nous les briser avec cet espèce de mythe qui ne fait plus guère rêver que les anciennes adolescentes fans de Twilight, qui se feraient bien manger la culotte par Edward.
Aujourd’hui, c’est d’Allemagne que nous provient ce dernier témoignage d’amour envers des amours déviantes et des dents plantées dans les cous (à prononcer avec l’accent espagnol pour un effet cocasse), avec le premier album d’un concept énigmatique qui n’hésite pas à en rajouter dans le grotesque et le tape à l’œil. Avec un nom comme DRAC ATTACK ! (le point d’exclamation est super important), ces mecs-là savaient qu’on les attendrait au tournant, et ont joué le jeu jusqu’au bout, sauf qu’à la place de « les », nous pouvons utiliser le mot « l’ », puisque derrière ce nom un peu ridicule ne se cache qu’un seul homme, omnipotent et délirant, Nicky Wuchinger.
Nicky, depuis l’année dernière, nous assomme de singles lâchés à intervalles très réguliers, et a déjà dévoilé une bonne moitié de son premier album au public en offrant pas moins de six morceaux en avant-première. Sur neuf, ça fait beaucoup, et pour ceux ayant suivi l’aventure nocturne depuis le début, la sortie de cet éponyme ne proposera pas grand-chose de neuf, à part trois nouveaux morceaux ressemblant beaucoup aux anciens. Le berlinois est donc du genre à composer la nuit, pour passer la journée dans son cercueil, et ose avec ce premier album une tentative pour le moins osée de transposer le mythe de ce cher Dracula en musique. Loin du baroque rigoureux de la Hammer, mais aussi éloigné des paillettes de Twilight, Nicky ose donc le Power Metal pour transposer ses fantasmes et conférer à sn projet l’aura démesurée dont il avait besoin.
En lisant cette prose, vous anticiperez déjà une sentence peu clémente envers notre ami allemand, ce que le ton distancié et ironique de ma plume semble appuyer. Pourtant, malgré ces quelques blagues innocentes et ces railleries de fond, je me dois de reconnaitre la valeur artistique d’un disque qui ne fait pas semblant, et qui propose des pistes passionnantes et délicieusement mélodiques. En s’inspirant des valeurs les plus sures du Power Metal, l’allemand nous offre donc un concept-album certes légèrement barré, mais artistiquement solide, avec cette alternance de vitesse et d’harmonies vraiment prenantes, nous hypnotisant de son regard musical pour nous faire tomber sous son charme. Certes, les excès à la RHAPSODY, les accents nippons qui nous ramènent aux mangas, les soli qui dévalent le manche, et l’option progressive qui prend parfois le pas sentent l’exagération à plein nez, mais comment résister à cette débauche de passion, surtout lorsqu’on sait que l’homme s’est débrouillé seul pur mettre ça en boite.
Alors tout y passe, le lyrisme vocal d’un organe entièrement dévoué à son sujet gothique et baroque, les riffs tous plus nobles et flamboyants les uns que les autres, l’ambiance grandiloquente qui rappelle les décors en carton-pâte anglais des années 60, pour un maelstrom sonore laissant la concurrence loin derrière. Sans arrière-pensée ni moquerie, Nicky Wuchinger peut être fier de son hommage qui ne souffre pas de la demi-mesure, et qui va jusqu’au bout des choses, quitte à assumer cette dimension un peu cartoon et hollywoodienne. Pourtant, ce Drac Attack! (le point d’exclamation est vraiment super important) accumulait les handicaps avant même de frapper nos oreilles. Parti-pris tape à l’œil, longueur excessive, arrangements emphatiques, tout était fait pour annoncer la catastrophe que tout le monde craignait, et comme par miracle, l’auteur/interprète s’en tire avec plus que les honneurs justement parce qu’il a embrassé toute l’envergure du projet sans se soucier d’une quelconque éthique artistique. Alors, on dévore ces plans véloces et féroces, et la musique parvient sans peine à recréer les tableaux de l’œuvre originale, en distillant la lumière pour mieux révéler l’ombre, sans permette au soleil de faire fondre son héros.
Malgré des compositions dépassant souvent les six minutes, et de longues suites de plus de sept ou huit, Nicky a réussi à ne pas tomber dans la complaisance, et même à pondre des hymnes à reprendre en cœur et le cou en avant. « Magic » en entame pose les éléments sur la table, éloigne les crucifix et tous les symboles chrétiens, se débarrasse des gousses d’ail, et nous brosse un portrait assez fidèle du night biter, qui au vingt-et-unième siècle ne rechigne pas à illustrer ses escapades nocturnes d’effets électroniques très modernes. Entre Power Metal vraiment solide et Heavy Metal très mélodique, Drac Attack! brille de mille feux, et transforme les vierges à tour de dentier. La voix très lyrique et juste de Nicky permet d’apprécier des parties vocales vraiment travaillées et investies, tandis que sa guitare évoque les envolées de Dracula à la recherche d’une victime potentielle.
Nous avons donc droit à des aventures passionnantes et denses, avec en exergue des moments de folie pure (« Into the Dungeon »), ou au contraire, des digressions plus conséquentes et épiques (« Back Alive »). Très à l’aise avec son thème, l’allemand ne tombe donc pas dans le piège de la mièvrerie, et joue sa carte avec une confiance qui laisse relativement admiratif. Certes, il faut accepter de se prendre au jeu, et accepter surtout que notre invité passe le pas de notre porte pour que son charme agisse. Mais une fois invité, Nicky vous ouvrira les portes d’un monde fantasmagorique, magique, complétement débridé, où tous les miracles peuvent arriver, pour peu que votre bourreau se soit lavé les dents. L’immortalité peut aussi être gaie et mentholée.
Titres de l’album:
01. Vampire Killer
02. Magic
03. Drac Attack!
04. Into the Dungeon
05. The Bell Tower
06. Back Alive
07. Master of Time
08. Evening Star
09. Follow Me
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20