Il y a certainement mieux pour sonoriser un 15 août chômé qu’un groupe de Black Metal hollandais qui charcle dans les grandes largeurs. Après tout, le style s’accorde assez mal avec cette ambiance estivale qui réclame l’odeur de saucisses cuites au barbecue et dont le décor idéal reste une plage bondée aux mioches qui jouent au ballon. Mais comme je déteste la foule, le sable, les barbecues et les apéros, je trouve que l’écoute de ce Drastically Reducing Earth's Population est une bonne occasion de tendre mon majeur aux obligations de saison, d’autant que ce premier album étrange l’est en plus d’un point.
En prenant les initiales de Drastically Reducing Earth's Population, vous obtenez D.R.E.P. Soit un groupe formé en 1998 qui n’a pas daigné donner signe de vie depuis. Assemblé autour de trois personnalités qui plus tard, furent membres de DUIVEL, ALLFATHER et THE MONOLITH DEATHCULT, D.R.E.P. est le type même de groupe qui parle peu, voire pas du tout, et qui soudain pousse un cri assourdissant, histoire de faire remarquer sa présence. Et si ce cri poussé en 2023 est relativement tonitruant, c’est qu’il exprime une douleur créative trop longtemps bridée qui explose enfin aujourd’hui au détour de six morceaux étranges, violents, et subtilement traditionnels.
Vu du dehors, rien ne distingue vraiment ce trio du reste de la population Black européenne. De l’intérieur un peu plus, puisque le groupe a choisi la solution de la programmation pour sa rythmique, ce qui donne des compressions totalement ahurissantes qui tiennent lieu de tempo. C’est particulièrement flagrant sur certains morceaux dont le tempo déraille complètement, créant une sorte de chaos incontrôlable, mais la plupart du temps, cette batterie synthétique s’en tire plutôt bien, spécialement sur les titres les moins rapides.
Ou plus exactement, LE titre le moins rapide, qui est d’ailleurs le dernier, « Nedergang ». Sommet de BM lourd, emphatique et maladif, à l’allemande, il conclut cette prise de contact de façon très abrupte, avec quelques arrangements venteux en arrière-plan.
Le reste correspond en tout point à ce que l’on est en droit d’attendre d’un groupe formé de musiciens rompus à l’exercice, entre ultraviolence linéaire et couches de chant épaisses et martiales. Le BM des hollandais est donc compétitif, parfois proche d’un Electro-Black, mais lorsque la machine se lance à plein régime, on pense à MARDUK, et à pas mal d’autres références plus ou moins obscures. D’ailleurs, « Wereldreinheid » met les choses au point dès le départ, avec cette fameuse double grosse caisse supersonique qui a un peu de mal à convaincre.
Mais le reste de l’instrumentation est solide, les guitares acides, et Havoque (basse, guitare, GRIMM, HEIDENLAND, SCAPEGRACE, SOLAR WINDS, SPHERES OF ALDEBARAN, ex-ALLFATHER, ex-BLACK LOTUS, ex-RUNE, ex-DUISTER MAANLICHT, ex-WINTER OF SIN, ex-WINTERKOU, ex-ISKRA, ex-FLUISTERWOUD, ex-JORDSKAELV, ex-EINDBAAS, ex-IN GRACE ADORNED, ex-SÄKERHETS TÄNDSTICKOR), Deportator (programmation, claviers, chant) et Kombustar (chant) parviennent toujours à brosser un portrait au vitriol de la brutalité européenne, sans concessions, et sans aucune empathie pour nos tympans.
Mais l’utilisation de plans catchy, de breaks inopinés et d’un up tempo qui donne des fourmis dans la haine permettent à cet album de se hisser au rang de nouveauté agréable, et l’écoute de « Mensendamp » justifie à elle seule cette chronique, qui n’a pour but que de lever le voile sur l’un des mystères les mieux gardés de la scène batave. Certes, tout ça aura du bouillir pendant deux décennies avant d’arriver sur notre table, mais l’attente en valait plus ou moins la peine. Le trio s’est en effet légèrement bousculé les neurones pour proposer un produit compétitif et subtilement original, très froid, presque clinique, et pourtant viscéral, comme en témoigne le très cruel « Beenderendans ».
Certainement pas la nouveauté du mois, mais une jolie surprise de la semaine. Et pour un 15 août, on en demande pas forcément plus, du moment que les touristes restent à distance et que les feux d’artifices se montrent discret.
Titres de l’album:
01. Wereldreinheid
02. Mensendamp
03. Beenderendans
04. Karkassenkoets
05. Aardelating
06. Nedergang
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30