Les rats ont longtemps été accusés de la diffusion des parasites porteurs de l’épidémie de peste noire qui s'est propagée dans l’Europe et l'Asie médiévales, causant la mort de millions de personnes. Sauf qu'une fois encore, l'histoire n'a retenu qu'un aspect des choses et n'a pas poussé son analyse bien loin. Et sans rentrer dans ce débat qui n'a pas lieu d'être ici en condamnant les puces et les désignant à la vindicte populaire, il convient de signaler que même si ces adorables rongeurs au pelage soyeux ne sont pas forcément les boucs émissaires idéaux, ils ont bien contribué à nous pourrir la vie en laissant le bacille fureter un peu partout pour trouver un hôte à pomper. Les rats, belle saloperie ? Il est vrai que ces mal-aimés n'ont pas la vie facile de par leur hygiène et leur sale habitude de traîner leurs petites pattes dans les immondices de l'humanité pour répandre les virus, les bactéries, chier partout et salir tout ce qu'ils touchent ou approchent. Alors, entre les rats des villes et leurs coutumes urbaines peu ragoutantes et les rats des champs décimant les épiceries dans les fermes, le choix est binaire, mais je vous propose d'envisager une troisième espèce, un peu mutante sur les bords, au poil de jais et aux intentions et dimensions beaucoup moins raisonnables. Une grosse bestiole noire suscitant la crainte et la terreur, et n'inspirant que le dégoût, le genre de monstre qu'on croise au détour d'une route et qui traverse les canaux comme l'ombre de la mort, générant une odeur pestilentielle sur son passage. Bestiaire fantasmagorique, ou réalité virtuelle ? Les deux mes amis, puisque cette abomination existe sous la forme d'un groupe venu du Canada, et qui depuis quelques années s'évertue à rendre tangible l'effroi séculaire des eighties via ses excroissances artistiques les moins recommandables.
BLACKRAT, c'est un trio de gros vilains (Stu Loughlin – basse/chant, Russell Shanahan – batterie et Ian Lemke – guitare/chant), venu de Calgary, qui depuis six ans prend un malin plaisir à synthétiser tous les courants les plus néfastes des 80's, en prenant soin de les corser d'un esprit BM malsain typiquement 90's. En gros, ces trois affreux se posent en résumé parfait de ce que ces deux décades ont offert de plus moche, de plus biscornu, de plus irrévérencieux et de blasphématoire, et autant dire qu'ils s'y prennent bien. Tellement d'ailleurs qu'ils ont eu le temps de roder leur recette sur trois longue-durée, dont ce Dread Reverence est le troisième et innommable chapitre. Et après leur tonitruante percée initiale Whiskey and Blasphemy, et son successeur Hail to Hades, ce troisième volet des rongeurs de l'enfer enfonce le clou dans le cercueil de la bienséance et se complaît dans un mélange hétéroclite de valeurs qui jamais ne périclitent, associant la rudesse du Thrash des origines à la sauvagerie du Crust sorti de l'usine, emballant le tout dans une atmosphère BM de pacotille pour effrayer le bourgeois. On retrouve donc les composantes d'un Metal extrême sale et grossier, joué par des brutes qui détestent la finesse même sur les broderies des mouchoirs qu'ils souillent de leur morve musicale gluante. Difficile pour autant de se référer à eux en utilisant une étiquette précise, tant ils gnaquent tous azimuts, dégainant des rythmiques bourrues pour soutenir des riffs trapus, dans une optique légèrement passéiste, mais franchement savoureuse. Alors, le BLACKRAT serait-il le nouvel Antéchrist sorti des égouts de l'humanité ? Presque, car si l'on met de côté l'aspect abrupt de sa musique, l'animal n'en reste pas moins sympathique, et beaucoup plus mélodique et abordable qu'il ne veut bien l'admettre. Et Dread Reverence, en tant que synthèse parfaite et améliorée des deux premiers jets se pose en exutoire formidable d'une violence paillarde non larvée et complètement assumée, se montrant jouissif aux entournures pour bien récurer les restes de raclures.
Bestiaux, les canadiens le sont, mais ils ne sont pas non plus nés de la dernière pluie. Loin de se contenter d'un barouf à la sud-américaine, ils continuent leur travail de sape efficace en structurant des morceaux qui se veulent longs et échelonnés, tout en gardant l'œil sur cette liberté farouche à laquelle ils tiennent tant. Et si nous devions comparer les BLACKRAT à une maladie mortelle, il conviendrait d'en trouver une à l'agonie acceptable, puisque les huit morceaux de cette nouvelle livraison savent rester dans les clous d'un extrême pour tous. Pour avoir une image artistique assez fiable, et m'adressant de fait aux nouveaux initiés ne connaissant pas encore la cause, il suffit d'imaginer Fenriz de DARKTHRONE se payant un voyage dans le temps, et prenant les commandes d'un VENOM ou d'un HELLHAMMER à la place de Cronos et Tom Warrior, pour jouer encore plus épais et fort, mais beaucoup plus appliqué. Ou alors, visualiser un Jeff Becerra plus jeune et moins possédé, guidant sa créature POSSESSED sur les rivages du Brésil pour lui faire affronter les créatures cornues locales. Du Thrash bestial donc, mais pas que, et sévèrement trempé dans une fonte d'acier Crust lui offrant une carapace dure et impénétrable, mais brillante sous le soleil. Car les canadiens ont beau être chafouins, ils veulent quand même rallier à leur cause quelques âmes perdues et donc étaler leurs capacités indéniables au vu et au su, pour ne pas passer pour de simples bouffons en mal de blague bruitiste de mauvais goût. On sent donc en arrière-plan une culture de série B fameuse, et surtout, une volonté d'agencer les plans de façon intelligible tout en laissant parfois l'inspiration divaguer du côté Noisy où elle risque de sombrer (« Thrall to the Gallows » et ses contretemps permanents qui font penser à une forme très larvée de BM des années 80, genre le MAYHEM de Deathcrush anticipant les débordements du DARKTHRONE de Panzerfaust).
Et lorsque tout se met en branle, nous avons droit à un festival de débauche, et un écoulement de stupre aux proportions des chutes du Niagara. Et dans ces cas-là, autant prévoir le ciré et de quoi s'essuyer, puisque les lascars se prennent pour les enfants illégitimes de POSSESSED et VENOM, accélérant la cadence histoire de mener la danse (« Coffin Rock », qui évoque même RIGOR MORTIS et BULLDOZER). Mais même en version lente, Dread Reverence reste intéressant, même si ces quelques ralentissements ne durent jamais longtemps, et cèdent sous les coups de boutoir d'un Blackened Thrash vraiment néfaste (« Fang of Malice »). Et comme « Into The Ebony » ne fait pas grand cas de sa suite annoncée, personne n'est vraiment surpris des répercussions énormes de ce Metal sauvage et sans compromis. Évidemment, pas grande surprise à attendre d'un LP qui joue la sécurité, et les fans de la première heure reconnaîtront vite leur rongeur, même si cette vilaine bête poilue joue le jeu médian d'un mid-tempo Rock et rampant (« Headless Countess »). Les esprits chagrins continueront de reprocher la même chose au groupe, à savoir de recycler leurs propres idées déjà piquées dans les coffres du passé, mais autant dire que le trio sait s'y prendre pour imposer des climats glauques à la DEATH SS ayant viré casaque Black (« The Sign », ignoble mais fameux), avant de terminer sur un dernier hymne à la propagation de modes de pensée pervers et lubriques («Haunter of the Threshold »). Alors, certes, on voit venir cette menace de loin, et il est facile d'anticiper une éventuelle pandémie qui n'arrivera probablement jamais. Mais BLACKRAT suit son parcours dans les tunnels des égouts de la musique moderne, refusant les concessions et modérations, et traînant dans son sillage une cohorte de puces toujours promptes à semer la mort et la désolation.
Titres de l'album :
1.Into the Ebony
2.Lust to Burn
3.Thrall to the Gallows
4.Coffin Rock
5.Fang of Malice
6.Headless Countess
7.The Sign
8.Haunter of the Threshold
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