Dès la pochette, sans avoir besoin d’écouter une seule note de cet album, on se dit immédiatement qu’on connaît les gens sans vraiment les connaître. Pourtant, il serait facile de dire que l’on connaît Kirk WINDSTEIN depuis le temps, comme on croit connaître Pepper Keenan ou Phil Anselmo. Parce qu’on a grandi avec eux, parce qu’on a écouté leur musique plus que de raison, et pour diverses raisons. Pour s’éclater tout simplement, pour en savoir plus sur tout un pan de la Heavy music US, pour connaître des émotions. Mais tout ceci est un leurre, et le pire qui soit. On ne connaît pas un artiste en disséquant son art, même pas en le ressentant. On ne connaît qu’une seule facette d’un individu qui est bien plus que la somme de ses notes ou de ses émotions. Alors, comme vous certainement, j’ai écouté tous les albums de CROWBAR, depuis ce trop fameux Obedience Thru Suffering sorti alors que le Metal était en plein marasme sans le savoir, j’ai savouré tous les albums de DOWN jusqu’à ce que Kirk quitte le navire pour boucler la boucle et réactive son vaisseau principal. J’ai même tendu une ou deux oreilles sur le projet KINGDOM OF SORROW, histoire de savoir ce que l’homme était capable de faire sorti de son concept habituel. Pourtant, je ne prétendrai jamais connaître Kirk WINDSTEIN, puisque je suis certain que seuls ses proches savent vraiment qui il est et de quoi il est capable. Tout ce que je sais, c’est que la musique qu’il a produite me touche presque à chaque fois, et qu’avec un ou deux autres représentants, il a défini les contours de ce qu’on a appelé la NOLA, cette lourdeur extrême et poisseuse que les états du sud des USA vénèrent comme l’eau des marais qui emportent les souvenirs. Alors, franchement, quel besoin Kirk avait-il de partir seul à l’aventure, alors que sa carrière accuse les trois décennies ? Avait-il quelque chose à prouver ? Quelque chose d’inédit à nous offrir ? Pas que je sache, et lui non plus d’ailleurs, ce qu’il avoue sans détour dans les interviews qui ont précédé la sortie de ce premier LP en solo, Dream in Motion.
« C’est quelque chose que je voulais faire, que je devais faire. C’est un autre aspect de mon écriture, et de ma personnalité. C’est un autre aspect de moi, c’est quelque chose que j’ai fait pour moi-même. »
Voilà donc le but clarifié, mais une fois l’admiration de la pochette passée, cette assertion devient évidente dès les premières notes de « Dream in Motion » évaporées dans les airs. On sait que Kirk se serait presque laissé tenter par un album acoustique, mais l’idée, jugée « trop cliché » a vite été abandonnée. Plutôt que de se compromettre dans une figure de style qui ne l’aurait pas satisfait, Kirk a préféré s’en remettre à une avancée plus classique, et plus en phase avec sa philosophie trentenaire. Jouer du Heavy, toujours aussi Heavy, mais pas comme d’habitude, avec plus de mélodies, de façon moins systématique, pour éviter le pilotage automatique et la redite CROWBAR qui n’aurait satisfait qu’une poignée de fans indécrottables. De fait, et l’auteur acquiesce, Dream in Motion est probablement aussi Heavy que n’importe quel album sorti sous le nom de ses deux autres projets, mais il est plus aéré, plus nostalgique, sans pour autant être triste, juste beaucoup plus mélancolique. Mais ça, ça n’est pas forcément le premier morceau qui vous l’apprendra, il faudra aller plus en avant dans l’écoute, lorsque le rythme pilonné ralentira encore pour être plus léger mais pas moins pesant. C’est en tentant « Hollow Dying Man » qu’on le réalise, d’abord grâce à cette intro en son clair qui s’éternise, jusqu’à ce qu’en plein morceau, la puissance revendique ses droits sans alourdir la démarche. La guitare de Kirk n’est pas plus joyeuse qu’à l’ordinaire, son chant non plus, et pourtant on sent un réel désir d’explorer d’autres horizons, un peu comme si DOWN et MY DYING BRIDE admiraient le même coucher de soleil sur La Nouvelle Orléans. Un coucher de soleil aux rouges flamboyants, à l’air chaud et humide, qui annonce une nouvelle journée, probablement la même que la veille, mais une journée qui vaut quand même le coup d’être vécue, ne serait-ce que pour se rappeler de toutes celles qui l’ont précédé.
Bien loin des turpitudes de l’ami Phil en solo ou en groupe depuis la fin de PANTERA, assez éloigné des intérêts de Rex qui lui aussi a suivi une autre voie, Kirk est resté fidèle à la sienne. Il sait déjà que les fans de CROWBAR ne défendront peut-être pas ses choix, mais l’a-t-il ? Non, lui joue sa musique, qui d’un premier coup d’œil semble monolithique, coulée dans le même moule, comme un long soliloque que l’on égrène devant une assemblée pas forcément conquise d’avance, mais sans attendre l’approbation, parce que parvenu à un certain âge, on sait qui on est et ce qu’on veut. Et ce que veut Kirk sur ce premier effort en solo, c’est juste se faire plaisir, jouer ce qui lui vient, trouver le juste milieu entre l’emphase et la mélodie, et rendre hommage à ce Doom si spécial qu’il défend corps et âme depuis ses débuts, et qui trouve une sorte d’acmé unique en « The World You Know ». Avec ses harmonies amères très prononcées, sa pesanteur sans équivalent, ce subtil équilibre entre force et faiblesse est en fait l’instantané d’un homme à un moment T, mais aussi une synthèse de son parcours, sans les aspects les plus nauséeux et concentriques. Pas un titre n’est illogique ici, pas un seul n’a pas sa place, même lorsque le musicien revient vers des virages plus francs et massif, et des guitares qui se lâchent enfin. « Toxic » est certainement ce que les fans de l’homme trouveront le plus évident et pourtant, ce titre sonne vraiment comme l’inédit qu’il est, parce que joué en 2019, et donc révélateur d’une pensée qui a évolué et vieilli avec son concepteur. Rien ne surprendra les habitués sur cet album, rien ne les étonnera vraiment, parce que WINDSTEIN n’a pas joué le contrepied, juste la sincérité derrière la maturation. On pourra d’ailleurs regretter l’absence de prise de risque, mais on ne peut que louer cette franchise qui transforme des morceaux évidents comme « The Healing » en témoignages du temps qui passe…inexorablement.
En étant totalement honnête, seule la reprise de JETHRO TULL pourra sembler étrange et incongrue. Mais en respectant l’original, WINDSTEIN a évité la faute de goût, même si la finesse du titre d’origine a été sacrifiée sur l’autel de la puissance Metal. Et au moment de formuler un avis définitif sur la question, subjectif bien sûr, je me rends compte que c’est encore l’auteur de cette musique qui résume le mieux sa démarche.
« Si certains fans de CROWBAR ne l’aiment pas, je comprendrai. Mais j’espère que les gens verront plus loin. »
Plus loin qu’une longue histoire, pour essayer d’entr’apercevoir l’homme responsable de cette musique, sans avoir la prétention de le connaître.
Titres de l’album :
01. Dream In Motion
02. Hollow Dying Man
03. Once Again
04. Enemy In Disguise
05. The World You Know
06. Toxic
07. The Healing
08. Necropolis
09. The Ugly Truth
10. Aqualung (Jethro Tull cover)
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