Oui, merci, je sais, inutile de le souligner, je suis méchamment à la bourre sur ce coup-là. Mais à force de dénicher les perles les plus pures de l’underground va les réseaux habituels, on passe à côté de sorties essentielles par manque de promotion, même avec un label comme Relapse en support. Je n’ai donc aucune excuse, d’autant que le groupe en question est l’un des plus doués de sa génération, et qu’il nous honorait l’année dernière d’un comeback tonitruant, pour ne pas dire « miraculeux ».
GENGHIS TRON, un nom qui parlera immédiatement aux fans de Progressif, de Post-Rock, de Post-Metal, d’électronique, d’Electro Post ce-que-vous-voulez, connu comme le loup blanc, mais un loup blanc planqué dans la forêt attendant le bon moment pour réapparaitre. Ou comme le fils illégitime de Genghis Kahn et la génération Tron des années 80, entre puissance et mélodie, passé et avenir, mélangé dans un même désir de repousser les barrières et d’éviter le cloisonnement. Et treize ans après leur dernier album qui fut aussi le deuxième (Board Up The House), les originaires de Poughkeepsie, New York se montrent sous un jour terriblement flatteur, du moins pour les plus ouverts d’entre vous.
Hamilton Jordan et Michael Sochynsky, les deux membres fondateurs (respectivement guitare et claviers/programmation) ont donc trouvé deux nouveaux alliés en les personnes de Tony Wolski au chant et Nick Yacyshyn (SUMAC/BAPTISTS) à la batterie, pour donner corps à ce nouveau concept, entre sci-fi analogique et port-ap apaisé et satisfait de la situation. Et autant avouer qu’écouter cet album quelques semaines après avoir découvert le dernier PORCUPINE TREE créé un paradoxe temporel, l’œuvre des américains anticipant celle de la bande à Steven Wilson d’une bonne année. Et l’égale sans faire de gros effort de défi.
Prenez quelques noms, tout sauf au hasard, mélangez les dans un bocal, et amusez-vous à les sortir dans le désordre. Vous tomberez inévitablement sur PORCUPINE TREE - que je n’aurais pas cité sinon - TOOL, les DEFTONES expérimentaux, THE OCEAN, mais aussi YES, DREAM THEATER, et une bonne louche de MONO aussi. Soit la quintessence d’une musique libre, affranchie de toute obligation, qui explore, expérimente, tâte de l’électronique pour mieux provoquer la susceptibilité d’un Rock arty, peu amène à céder un pouce de terrain.
Je ne cacherai pas que le voyage offert par ce Dream Weapon est à l’image de son titre. Etrange, poétique, beau, puissant, décoiffant, et une sacrée arme pour rêver encore et encore, d’une autre réalité, moins désespérante, et plus porteuse d’espoir. En écoutant le magnifique et développé « Alone In The Heart Of The Light », on se dit que le PINK FLOYD de l’ère trouble Waters a influencé plus de musiciens que n’importe qui, et pourtant pas question d’influence directe ici - encore moins de copie. Non, les GENGHIS TRON ont depuis longtemps leur propre univers, et ce troisième album inespéré nous en fait explorer de nouveaux recoins. Des recoins plus sauvages, plus aménagés, et propices à la rêverie spatiale.
Entre Drone, Ambiant, Electro-Dance, GENGHIS TRON nous fait glisser dans un cybermonde assez vaste, qui célèbre la vie autant qu’il ne craint la mort. On se lovera évidemment au creux du magnifique « Ritual Circle », qui fait la part belle à l’électronique et aux percussions, et on savourera cette avancée de plus de dix minutes qui incarne une acmé intéressante pour une œuvre immersive, intimiste et pourtant généreuse en images sonores. Le chant apaisé de Tony Wolski, les arrangements de Michael Sochynsky et le jeu fluide et coulé de Nick Yacyshyn dessinent des textures soft, en pastels, comme un décor se transformant sous l’effet de l’imagination et de la sensibilité, à cent lieues d’un Post-Rock trop intellectuel pour s’intéresser au ressenti.
Tout ceci est superbe, et même sublime, ne le cachons pas. Très intense, concentré, coloré, entraînant, osé, ambitieux, et tous les qualificatifs et superlatifs que vous pourrez employer. Passés maîtres dans l’art de la déviation, les américains retrouvent la trace de KRAFTWERK, SPACE, signent des hymnes à la liberté d’imagination, et jouent le plus simplement du monde une partition des plus complexes. Paradoxe intéressant qui justement, fait passer les prouesses pour de simples transitions faciles à négocier par le premier venu. On appelle ça le talent.
D’aucuns se diront en lisant ces lignes : d’accord, mais le Rock ? GENGHIS TRON n’étant pas un groupe de Rock à proprement parler, il l’utilise comme une composante comme les autres, dosée et injectée en proportions nécessaires. On le retrouve dans les partitions de batterie de « Single Black Point », mantra musical à décourager les amateurs de Jazz d’argumenter avec les accros au Progressif, et dans la puissance concentrée du final « Great Mother », qui cite ARCHIVE, Neal MORSE, LEPROUS et même un OPETH débarrassé de tout complexe.
Plus qu’un album, Dream Weapon est un rêve éveillé dans lequel on croise des personnages étranges, mystiques, mais bienveillants. Un rêve presque réel, en tout cas suffisamment pour ne pas avoir envie d’en émerger, et concocté par des musiciens prenant soin de chaque note, de chaque frappe, et de chaque touche de claviers. Une petite merveille qui aurait méritée d’être chroniquée lors de sa sortie, mais qui un an plus tard, n’a rien perdu de son potentiel et de sa force de persuasion.
On peut donc être en retard et assumer son erreur. Dont acte.
Titres de l’album :
01. Exit Perfect Mind
02. Pyrocene
03. Dream Weapon
04. Desert Stairs
05. Alone In The Heart Of The Light
06. Ritual Circle
07. Single Black Point
08. Great Mother
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