Un peu de poésie matinale n’ayant jamais fait de mal à personne, surtout pas à Ronsard ou Baudelaire, enivrons-nous d’effluves putrides émanant d’Allemagne histoire de passer l’heure du petit déjeuner en bonne compagnie nasale et auriculaire.
D’Öhringen nous en sont venus un jour les MUCUPURULENT (je crois que c’était en 1995, ou un truc comme ça), mais depuis, ils ne sont jamais repartis.
Et pourquoi l’auraient-ils fait d’ailleurs ? Ils sont très bien où ils sont, et nous, toujours heureux de les retrouver pour ingurgiter une bonne dose de Death’n’Roll bien gras du bide, genre fête de la bière avec excès de wurst et de bière bon marché.
Il faut dire que les banquets dressés par ces hôtes un peu grognons sont toujours très complets et roboratifs. Ils n’ont jamais vraiment changé leur plateau d’épaule, et même si leur liteau est un peu tâché par le gras, le service est toujours rapide et impeccable, et la table richement décorée de mets un peu avariés certes, mais toujours à volonté.
Alors après plus de vingt ans de carrière, ces traiteurs de l’extrême ont-ils encore quelque chose à proposer, à défaut d’avoir un savoir-faire à prouver ?
Six albums studio, des splits (avec CABAL, INFECTED PUSSY, ou ULTIMO MONDO CANNIBALE), et puis pas mal de tournées, intra ou extra muros, pour un chemin de croix fondé sur une foi indéboulonnable en un Death compact et non nuancé. Un genre de CARCASS meets DARKTHRONE (le plus tardif, donc pas le meilleur), agrémenté de quelques fantaisies Gore de bon aloi.
Bon, certes, pas de quoi se relever la nuit pour fouiner des restes dans le frigo, mais un truc qui s’avale sur le pouce et qui cale bien l’estomac et les esgourdes, au cas où elles fonctionneraient encore pour vous. D’où notre sujet du jour, le sixième LP de ces bouchers qui taillent dans le gros du gras, et qui servent la barbaque encore saignante, mais tendre. Pas de révolution dans les recettes, appliquées avec toujours autant d’investissement, mais un son énorme, et des compos qui à défaut de nous surprendre de leur audace, nous rassérènent abondamment. Envie de gerber ?
Non, pas encore, vous n’avez presque rien avalé.
Drenched In Blood donc. Pochette ad hoc, étonnamment sobre au regard du style, quatorze nouvelles tranches de mort marinées dans une saumure un peu saumâtre, du jus qui coule et du Death bien Gore qui se veut groovy depuis quelques années, et qui parvient même parfois à évoquer le meilleur des DEATHBOUND ou des GORE BASH. Quelques moments de bravoure qu’on retient sans avoir à regarder de nouveau le menu (« Agatha », ça c’est du binaire, et sans Alka Seltzer), et surtout, beaucoup de grognements, de riffs sous alimentés en accordage, de rythmiques systématiques et un poil synthétiques, et quelques thèmes qui s’incrustent dans les intestins pour être régurgités le lendemain.
Pas de doute, le Death de ces allumés fonctionne toujours bien, même s’il est aussi prévisible qu’une réponse d’employé de McDrive qui vous dit pour la énième fois qu’il n’y a plus de potatoes avec le menu à dix euros.
Alors, on navigue, on dérive, on mâche comme on peut et on avale sans y penser, parce que tout ça démange bien le palais et attaque la langue avec une intuition piquante, même si arrivé à mi-course, la dégustation tourne à l’ingurgitation, un peu forcée il faut l’admettre.
Pas de réelle évolution depuis Monsters Of Carnage, lâché il y a sept ans quand même, une production toujours aussi ample et grave, et des thématiques qui tournent en rond, sans forcément mordre la queue du cochon, mais en répétant quand même pas mal de ses couinements.
Les guitares sont aiguisées mais semblent parfois un peu rouillées, le chant est à l’avenant, mais mord quand même à pleines dents (« Drenched In Blood », efficace et propre dans le rendu), et l’ambiance ENTOMBED trempée dans un bain de sang BLOOD DUSTER vous cale le bide aussi bien qu’avant.
Que dire finalement d’un disque qu’on connaît déjà avant même de l’avoir écouté ? Pas grand-chose, puisqu’il faut en effet l’écouter, et l’apprécier pour ce qu’il est, sans le honnir pour ce qu’il n’est pas.
Les MUCUPURULENT n’ont jamais été les chantres d’une cuisine gastronomique inventive, et ne se revendiquent pas de l’avant-garde d’arrière cuisine. Ils se contentent de faire ce qu’ils maîtrisent le mieux, et avouons que dans leur registre, ils font partie des meilleurs.
Et parfois, ça fonctionne plutôt bien (« Astral Creep », un peu bizarre dans son rythme mécanique, pas forcément entraînant mais bien entêtant), voire même carrément très bien (« Hellgarth », qui pulse comme une machette en baïonnette, avec quelques blasts en rafale, mais surtout un écrasant motif pas du tout rance qui danse en transe), et en définitive, même si une écoute intégrale n’est pas forcément la meilleure option pour savourer les quartiers en question, on se laisse une fois de plus avoir et on bouffe sans vraiment savoir.
Savoir quoi ?
Pourquoi on revient toujours à cette table en sachant pertinemment ce qui nous attend dans l’assiette. Puisque Drenched In Blood, comme les cartes précédentes, propose les mêmes plats, servis de plus en plus chauds mais avec des couverts propres.
MUCUPURULENT, c’est l’équivalent d’un petit restau de campagne. Toujours les mêmes mets, pas fins pour deux sous, mais malins, et appréciables en l’état. Une enseigne qu’on ne visite pas pour la frime, mais pour bouffer correctement et pour pas trop cher.
Et ce sixième album a une fois de plus des airs de daube de bonne qualité, concoctée avec de belles pièces de bœuf attendri, et une sauce généreuse pour gastronomes aguerris. Mais attention, le pain n’est pas fourni.
Titres de l'album:
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