L’Allemagne nous avait déjà envoyé il y a trente et quelques années RUNNING WILD et LIVING DEATH. Du coup, pour se rappeler à notre bon souvenir, le peuple germain nous envoie aujourd’hui RUNNING DEATH histoire de faire le lien, même si les similitudes ne concernent que les patronymes et non la musique. Car si les RUNNING DEATH ont combiné l’attitude Heavy frondeuse de Rock n’Rolf et les attaques speedées des frangins Kelch, ils se rapprocheraient plus volontiers d’une optique mélodique et technique à la ANNIHILATOR/MEGADETH, ce que confirme volontiers leur deuxième longue durée, DressAge, à la pochette remarquable et extrêmement colorée. On perçoit même par touches fugaces des réminiscences du METALLICA le plus juvénile, celui-là même qui inventait le Thrash aux alentours de 1983 en dopant la NWOBHM d’une bonne dose de Punk…
Mais pour être honnête, les références ne manquent pas au moment d’aborder le cas de ce quatuor éminemment sympathique, constitué de Simon Bihlmayer (guitare, chant), Daniel Baar (guitare), Andrej Ramich (basse) et
Jakob Weikmann (batterie), et qui semble privilégier une approche très veloutée et nuancée du Thrash des 80’s, se permettant même de temps à autres d’effleurer la technique absconse et délicate des MEKONG DELTA, sans toutefois tomber dans le piège de la démonstration.
Leur histoire est assez chaotique, et leurs débuts furent hésitants, puisqu’il leur a fallu quelques années avant de se stabiliser.
Formé en 2004, et soumis à de nombreux changements de line-up, RUNNING DEATH attendra trois ans avant de balancer sa première démo, et trois années supplémentaires pour enfin oser un premier EP, Raging Nightmare, publié en 2010.
Un second suivra en 2012 (The Call Of Extinction), avant un nouveau hiatus qui les fera patienter jusqu’en 2015 avant de lâcher leur premier LP, le très remarqué Overdrive, qui prolongeait les travaux entrepris précédemment, tout en y apportant un surplus de professionnalisme. Signés par le très réputé label Punishment 18 Records, les Allemands mettront alors plus d’application dans la stabilité, au point de sortir ce second album dans un intervalle réduit, album qui ne fait qu’entériner tout le bien que la presse underground pensait d’eux.
Un disque d’une fluidité incroyable, et d’une maturité indéniable, qui vient à point nommé justifier les treize années de carrière d’un groupe qui n’a pour l’instant pas eu la chance de s’affirmer pleinement sur la scène Européenne.
Injustice qui sera bien vite réparée par les dix nouveaux morceaux proposés par les Bavarois, qui n’ont pas hésité à appuyer là où ça fait du bien, et diluer leur Thrash dans une grosse dose de Heavy bien mélodique, à cent lieues du gros Thrash germanique bourrin et mal dégrossi.
Inutile dès lors de chercher du côté de leurs homologues du passé des comparaisons qui n’ont pas lieu d’être, puisque les noms de KREATOR, SODOM, DESTRUCTION, TANKARD et consorts sont complètement hors sujet. Comme précisé en amont, les RUNNING DEATH auraient plutôt louché sur les astuces de composition du Mustaine de milieu de carrière, celui qui parvenait encore à établir un réel équilibre entre Heavy technique et volutes de Thrash évaporées.
De fait, DressAge évoque plus volontiers des pièces comme Youthanasia, Countdown To Extinction, ou d’autres comme le controversé Set the World on Fire des Canadiens d’ANNIHILATOR, dont Simon et Daniel ont emprunté pas mal de plans de guitare doublés, alors que le chant de Simon se rapproche parfois dangereusement des intonations sardoniques de Dave, notamment sur le terrassant « Duty Of Beauty », qui se plaît à souligner l’absurdité des standards de beauté contemporains, poussant les individus à se rapprocher d’un idéal absurde qu’il est inutile de poursuivre comme une chimère.
Mélodies, technique, intelligence de composition, mais efficacité et pertinence. Voici ce qu’on retient de prime abord de ce second LP qui affirme une personnalité très prononcée.
Les Allemands savent pertinemment où ils vont, et ne traînent pas en route, même si leurs morceaux sont largement développés. Pas de break inutile, pas de couplet en trop, tout est savamment calibré, et dispensé par un instrumental pêchu, qui n’évite parfois pas la redite d’un Heavy un peu trop réchauffé pour encore affamer (« Numbers », qui semble unir dans un même élan dérisoire le SUICIDAL des 90’s et le MEGADETH de Risk, pas les meilleures références qui soient).
Alternant dès lors les saillies instantanées et explosives, à l’image de cette transition entre un « Courageous Minds » d’intro qui éclate en sextolets et rythmiques à la DREAM THEATER avant de se plonger dans un riff énorme à la Mustaine, et un « DressAge », un peu moins Speed mais tout aussi technique, RUNNING DEATH nous fait marcher sur des charbons ardents, et souffle le chaud et le modéré sans pause, en décochant de temps à autres quelques flèches dignes du meilleur Speed/Thrash US de l’orée des 80’s (« Delusive Silence », joli grand écart entre le MEGADETH de « FFF » et « Holy Wars » et le METALLICA de « Metal Militia »).
Pas grand-chose à reprocher à un album bourré de clins d’œil, mais aussi truffé de citations plus personnelles, qui pourtant ne renient pas leurs origines. Si l’assombri « Beneath The Surface » cligne une fois encore du côté du Mustaine de « In My Darkest Hour », il fait aussi du pied au TESTAMENT des mid 90’s, alors que l’alambiqué « Anthem Of Madness » se souvient avec tendresse de la scène Heavy mordante US des LAAZ ROCKIT et associés, en y ajoutant un brin de Techno-Thrash de la fin de la décennie.
« Safety Seconds » joue la tendresse d’harmonies Heavy travaillées façon power ballad, et « Refuse To Kill » en épilogue contredit son titre en nous assassinant d’une ultime charge Heavy nuancée, à la basse claquante et à la construction ambivalente. MEGADETH encore, mais pour le meilleur, celui qui nous rappelle que fut un temps, les deux Dave régnaient sur le secteur sans équivalent possible, de leur alliance de technique redoutable et de puissance écrasante.
DressAge, en dépit des multiples perches tendues consciemment ou pas vers le MEGADETH des grands jours, n’en reste pas moins un album d’une qualité rare, et qui a le mérite de se démarquer de l’uniformité de la production Thrash ambiante. Loin des systématismes de leurs collègues qui pillent sans vergogne le patrimoine national ou international, les Allemands jouent la carte de la diversité et du crossover Heavy, et finalement imposent leur différence avec un indéniable panache.
Une musique beaucoup moins prévisible que le nom du groupe qui l’interprète, et finalement, loin d’incarner une simple entrée de plus dans le grand lexique du Metal, les RUNNING DEATH se veulent cas particulier, ou exception notable.
Les fans de RUNNING WILD regretteront cette audace, mais les plus exigeants sauront s’en satisfaire.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20