Mangez cinq fruits et légumes par jour, habillez-vous républicain, portez un masque, fumer nuit à la santé, faites du sport, la drogue c’est mal et réservé au musiciens dépravés ou aux publicitaires parisiens, vive la monogamie, ne marchez pas sur la pelouse, travailler c’est la santé, achetez, consommez, faites marcher l’économie, achetez français, ne mangez pas trop gras, faites de l’exercice, éduquez vos enfants, aucun n’est hyperactif, il n’y a que des professeurs incompétents et des parents dépassés, respectez la file d’attente, allez dans les musées, n’oubliez pas les nazis, votez écolo, triez vos déchets, non à la monoculture intensive, oui au mieux-penser et au mieux-vivre, alerte au mondialisme, manifestez…Bref, faites bien tout ce qu’on vous dit, même si c’est le contraire de ce qu’on vous a demandé hier. Et justement, aujourd’hui, j’ai fait la connaissance de trois potes allemands qui ont adopté la bonne attitude pour survivre dans ce monde de dingues. A la limite, on pourrait presque les prendre pour l’embryon d’un parti politique, avec un programme énoncé dans un slogan lénifiant de simplicité :
Bois, fume et n’en n’ai rien à foutre.
Il y a fort longtemps que je n’avais pas lu un truc aussi raisonnable dans cette ère de recommandations à outrance, d’interdiction, et de culpabilisation permanente. L’infantilisation c’est bien, mais passé quarante ans, on a envie de la coller au cul des donneurs de leçons qui pensent encore que la rue est une tribune et leur pensée, la meilleure qui soit. Alors, oui, fuck’em all, vive le Death Metal le plus bourrin qui soit, et tiens, décapsule moi une autre bière bordel, que je puisse roter en paix. Ces trois-là sont donc les plus heureux, les plus libres, mais surtout, les porte-parole d’un underground qui se révolte contre le politiquement correct, qui pète, qui joue à fond les ballons, et qui reste farouchement indépendant. Formé en 2009 à Upper Swabia, ENDLESS CURSE est un genre de concept dilettante, qui ne se presse pas pour sortir des disques, mais qui offre une qualité dans la débauche plus qu’appréciable. Et après un premier EP en 2012 (Upheaval), les trois chevaliers du je m’en foutisme absolu ont enfin débouché la bouteille du premier long en 2016 avec un Slave Breeding Industry méchamment corsé et absolument pas en adéquation avec l’étiquette. L’avantage du Death de ces vilains ? Il est immédiat, franc, massif, un peu rude et rustique, mais salement accrocheur, avec des hymnes au stupre et à la rébellion, ce qui a l’avantage de nous éviter les sempiternelles turpitudes bruitistes des maniaques Brutal Death ne pensant qu’à nous en coller un coup de trique derrière la nuque. Ici, la violence est sombre mais paillarde, les riffs velus mais doux en oreilles, le chant évidemment bien gras et rauque mais joyeux, les breaks efficaces, et le tout chantant et fleuri. Alors, on s’en grille une ? Et comment.
Ceci étant posé, les amateurs de poésie et autres câlins oraux délicats avant de dormir sont priés de garder leurs chaussures et de sortir discrètement de cette chronique. Car les trois margoulins responsables de cette tranche de nostalgie viscérale (Willi – guitare/chant, Erik – basse/chant et Alex – batterie) n’ont encore une fois pas fait les choses à moitié mais bien au double, voire au centuple, accentuant les aspects les plus revêches de leur musique pour ne pas faire sombrer les fans de technique dans les affres de la méprise. Aussi évocateur qu’un effort en extérieur de CANNIBAL CORPSE, suffisamment fun pour attirer dans ses filets les fans de second degré, Drink, Smoke and Don’t Give a Fuck gives a fuck justement, et ne se contente pas de borborygmes au Synthol, de bières tiédasses et de comportement rudes. Malgré la pose goguenarde dans un canapé, l’air de ceux à qui on ne la fait plus, les ENDLESS CURSE ont méchamment trié leurs glaviots pour ne garder que les plus épais, et leur savoureux mélange de Brutal Death et de Grind est du genre à bien passer dans la gorge pour aller boucher l’estomac. Mais on ressort de l’écoute de ce second LP totalement galvanisé, euphorisé, et « D.S.D.G.A.F. » de nous avertir avec franchise des exactions à venir. Gros riff ténébreux à l’américaine, grosse caisse à fond les tonneaux, ambiance des grands soirs dans une caverne, pour un Death vraiment efficace, généreux dans les tranches, et interprété avec beaucoup d’enthousiasme. Ce qu’on apprécie dans ce menu copieux, c’est la diversité du plat de charcuterie, qui passe du salami en mid tempo à la grosse wurst bien chaude qu’on s’enfile dans le gosier. Comprenez que le trio passe par toutes les saveurs du Death le plus barbare, imposant des blasts sur fond de riff plaqué, tout en aménageant des entre-deux plus soft et fédérateurs (« B.E.E.R. » et cette dualité de voix digne du Goregrind le plus saignant).
Evidemment, le plat est classique, mais regorge de viande, et donne vraiment envie d’être bouffé avant la fin de l’apéro. Le tout garde cet esprit de charcuterie amateur, aux gros morceaux bien charnus et travaillés à l’attendrisseur, et faites-moi confiance, quand on s’avale un « Drifted » sans être prévenu, on tousse un peu quand même. Nos hôtes nous gâtent donc, et connaissent leur boulot sur le bout de la feuille, et sans être dur de la mienne, autant dire que mes tympans ont mangé chaud, alors que mon palpitant montait dans les tours. Avec leur Death de sauvages, les trois allemands nous cueillent à chaud et nous caressent dans le sens du poil, lâchant des hymnes à la brutalité tout à fait honnêtes (« Still Waters »), sans se prendre trop au sérieux ni évoquer des images un peu trop salaces et sadiques. Les obnubilés par le Death de papa qui tronçonnait tantine pendant que mamie avait le dos tourné, et qui ne crachent pas sur un brin d’humour dans la bestialité sauront apprécier et déguster des intermèdes rigolos comme « Gut Lottery » entonné à deux voix et bénéficiant de ralentissements de mammouth, et les vrais fondus de la cause sauront reconnaître des musiciens qui s’amusent avec les clichés pour les détourner à leur manière. On n’est pas encore dans la même catégorie que les plus grands, mais le parfum CANNIBAL CORPSE meets CARCASS est louable et appréciable, et ce second LP passe largement la rampe, notamment grâce à des astuces de composition assez malignes.
Alors, libre à vous de manger une poire, un poireau, une pomme, un pommier, une laitue, de faire des pompes, d’inscrire votre sale moutard dans une école privée tout en votant à gauche, moi je vais m’en boire une, m’en rouler un, et je vous emmerde bien velu.
Titres de l'album :
01. Intro
02. D.S.D.G.A.F.
03. Damned Army
04. F.T.N.W.T.G.
05. B.E.E.R.
06. Drifted
07. Still Waters
08. Gut Lottery
09. Psycho Weed
10. The Glory Three
11. Gods of Shame
12. Budapest Nights
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41