Dromos

Dromos

13/12/2024

Autoproduction

C’est assez étrange. Plus Noël approche, et moins les boules, guirlandes, cadeaux et victuailles m’enthousiasment. Certes, je ne suis pas très porté sur les fêtes de fin d’année, toute cette bouffe et cet alcool, ces blagues usées, ces conversations futiles et ces accolades hypocrites…mais cette année, l’amertume ressentie en amont est encore plus forte que d’ordinaire. Certainement parce que j’ai perdu ma mère, et qu’elle était la seule à avoir l’esprit de partage et cette joie indescriptible d’être entourée des siens. Alors, entre veillée funèbre du souvenir et célébration gâchée, Noël 2024 s’annonce comme un océan de solitude, et un désert émotionnel.

De fait, en termes de chroniques, je m’oriente vers du lourd, du glauque, du sourd, du maladif et de l’intuitif. Doom, Black, Death, Grind, Sludge, tout y passe, et les moments consacrés à l’écoute de nouveau matériel ressemblent à des séances d’automutilation pour adolescent mal dans sa peau. Mais je suis mal dans ma peau, dans ma tête et tout le reste, alors je comprends très bien ce qui me pousse à traiter du cas des anglais de DROMOS, dont le premier EP vient de sortir.

DROMOS vient de Londres, mais semble avoir connu un parcours très particulier. Cet EP par exemple a été enregistré entre 2016 et 2024, du Brésil à l’Angleterre. Etrange pour le moins, quand on sait que désormais, les enregistrements peuvent voyager via la fibre sans avoir à se déplacer. 

Mais le plus important n’est pas là. Non, il se cache dans ces deux compositions de longueur variée, qui enfilées forment une sale symphonie morbide, entre extrême onction et départ pour le purgatoire. Le quatuor accentue encore plus cette sensation de perdition en posant flou dans un cimetière anglais, pour mieux prouver son allégeance à un Death/Doom ample, majestueux, et véritablement riche. Reposant sur un principe de riff unique répété ad nauseam, Dromos est une plainte qui émane du fond des temps, et qui trouve un écho certain dans notre époque.

« Caveat Emptor », aussi blême qu’un dimanche matin dans la brume anglaise, se traîne donc de sa propre douleur, et nous oblige à faire face à la triste réalité : le monde est un endroit atroce, les êtres humains se replient de plus en plus sur eux-mêmes, et l’empathie, la générosité, l’espoir et toute autre valeur deviennent des tares qu’il convient de gommer.

Dans la plus pure tradition UK de ce Doom pesant et méchant que CATHEDRAL a si bien braillé dans sa jeunesse, DROMOS avance à découvert, brime les mélodies, bride les changements de tempo, et se contente d’une caverne oubliée de tous qui résonne des grognements d’un chanteur impassible. Ces onze minutes passent comme dans un cauchemar tout noir, purée de pois, opacité nocturne, villes éteintes, smog, et laissent un sentiment de perdition absolument délicieux…pour ceux dont le moral atteint les moins 20.      

« Memorial Moss », troque la perte contre la mousse, mais n’en amasse pas tant que ça. Comme une pierre roulant au ralenti dans un sous-bois quelconque, la musique déroule ses paysages désolés, dévoile ses humeurs congelées, et savoure chaque seconde de désespoir comme une liqueur rare. Mais l’enivrement ne permet pas d’échapper à sa condition, et chaque pas, chaque idée nous rapproche d’une issue inévitable, que nous attendons peut-être avec impatience.

Ce qui est mon cas.

Alors, les fêtes de fin d’année, les chocolats de supermarchés, les sourires éventés et la bienveillance surgelée, très peu pour moi. Empiffrez-vous si vous le souhaitez, moi, je reste dans mon coin à ruminer une année qui m’a encore grignoté le peu qui me reste.    

                                                                                          

Titres de l’album:

01. Caveat Emptor

02. Memorial Moss


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 14/02/2025 à 17:39
78 %    48

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