Si l’on analyse froidement la chose, quelles autres sous-genres que le Hardcore, le Crust et le Grind peuvent exprimer tout le ressenti d’une époque d’injustice, de monde qui part à la dérive, de xénophobie ambiante, de dérèglement climatique et de surconsommation de viande via des abattoirs sans pitié qui débitent des côtelettes plus rapidement que Donald ne dégaine les tweets stupides? Et juste lorsque NAPALM DEATH sort son nouvel album, ce sont leurs homologues US de DROPDEAD qui agitent le leur, avec toutefois une nuance de taille. Alors que la discographie des anglais est aussi fournie que le bottin de Londres, celle des américains est plus éparse, à tel point qu’en trente ans d’existence, les furieux ne fêtent que leur troisième album. Mais à l’image de Barney et sa bande, les originaires de Providence, Rhode Island ne mâchent toujours par leurs mots après des décennies d’existence, et si ce troisième effort ne fait même pas celui de trouver un titre, il n’en reste pas moins aussi puissant et dévastateur que l’original de 1991 qui nous avait méchamment secoué la tignasse. Et c’est donc encore très logiquement que nous retrouvons les américains remontés comme des pentes en vélo sur leur label historique Armageddon pour une nouvelle déflagration atomique de haine. Et autant l’admettre, tout ceci est quand même plus probant que « Le Grand Chambardement » de Guy Béart, même si le message est peu ou prou le même. Mais lorsqu’on a vraiment envie que les gens vous écoutent, on ne prend pas une guitare acoustique pour faire de la Dream Pop, on hurle comme un beau diable, on pointe du doigt Core les inégalités et les évidences, et on vitupère dans le haut-parleur de la lucidité pour être certain que les mots soient bien entendus.
Depuis 1989 et la formation du groupe, DROPDEAD n’a rien changé à sa formule, et continue de nous secouer de son mélange entre Hardcore, Crust, D-beat, Powerviolence et Grind. Du concis donc, qui ne dure jamais plus d’une poignée de secondes, mais qui rappelle l’importance de l’héritage indéniable du Crust sur l’extrême mondial. Avec ce nouvel album, les américains jouent les redresseurs de torts, et nous assènent vingt-trois beignes en vingt-quatre minutes, nous laissant exsangue mais réaliste, lucide, et prêt à prendre les armes pour changer les choses. Et pour ce faire, le quatuor (Bob, Brian, George et Ben) n’a pas fait les choses à moitié, en faisant produire ce Dropdead par Kurt Ballou et masteriser par Brad Boatright histoire d’avoir le son parfaitement idoine et en adéquation avec leur saine colère. Alors, tout y passe, et super vite parce qu’on n’a plus le temps d’attendre. Les enculés d’extrême-droite, les abrutis qui pensent encore qu’on peut se gaver de steaks sans que les bœufs n’en souffrent, les imbéciles qui contestent le réchauffement climatique, et les fragiles qui n’osent pas tendre leurs oreilles sur un pur album de Crust/Grind de première bourre. Je ne vais pas le cacher au risque de me faire insulter par la plèbe, j’ai été largement plus enthousiasmé par ce LP que par le dernier NAPALM, et pour cause, puisqu’il est dix fois plus direct et puissant. En mixant comme d’habitude la rage de CRASS, la colère de DISCHARGE et l’efficacité de SIEGE et AGNOSTIC FRONT, les DROPDEAD nous ont pondu l’effort Crust des années 2000, sobre, simple, bruyant et effectif comme une grosse claque dans ta tronche. Ici, on fonce, on hurle, et un LP qui commence par un vers aussi direct que « Hail the leader of racists, bow down to his wisdom so vain, demagogue rules from his throne made of gold, while the common man suffers in pain » ne peut que mériter le respect le plus total.
Nous retombons donc dans les joies du Crust et du Grind de la fin des années 80, et le plaisir est total. Certes, les titres ne changent pas vraiment les uns des autres, et les autres des précédents, mais cette explosion de contestation fait du bien dans une époque troublée où les valeurs les plus fiables sont foulées du pied par les multinationales et autres politiciens corrompus. Elle est d’ailleurs à prendre comme un manifeste « we, the people », et un rappel que le peuple justement est peut-être enfin prêt à prendre les armes pour défendre ses intérêts et ceux d’une planète qui ne va pas tarder à nous faire comprendre que notre existence touche à sa fin. Alors, on cavale, on mule, on cogne tous azimuts, et on délivre une copie Crust parfaite, avec en entame, un « Torches » qui sonne comme du AGNOSTIC FRONT dopé aux fûts toxiques qui court et détale comme un lapin aveuglé par des phares, sauf que le lapin sait exactement où il va et pourquoi. Le chant méchamment hargneux et purement Core profite d’une guitare traditionnelle et d’une rythmique qui ne fatigue jamais, mais qui sait quand même imposer des cassures plus Heavy et Hardcore. Véritable tornade éponyme qui impose le nom de DROPDEAD au panthéon des icônes essentielles, Dropdead cartonne et détonne de sa pureté, et laisse à penser que les suédois et les américains ont échangé pas mal d’idées, même si ces blasts typiquement NAPALM viennent apposer le sceau de la perfide Albion sur cette réalisation (« Only Victims »). De là, à quoi bon vous persuader du bien-fondé de l’opération, puisque si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes fans du groupe et du style depuis le début. Alors sachez juste qu’avec ce troisième LP les DROPDEAD gardent leur réputation d’agitateurs immaculée, et qu’ils délivrent un album bouillant de ressentiment et de Hardcore pur jus, comme ils l’ont toujours fait. Alors certes, leurs apparitions sont rares en longue-durée, mais toujours indispensables, et en se cantonnant aux fondamentaux, Dropdead négocie le troisième virage à fond la caisse, avec toujours en exergue ces slogans revanchards et immédiats.
Un gros majeur tendu à la face de l’establishment et du politiquement correct, une bonne dose de Thrashcore option Grind (« On Your Knees »), des crises de folie irrésistibles (« Bodies »), et une séance de gainage auditif qui teste votre résistance à la passivité. Bougez-vous le cul nom de Dieu, sous peine de ne plus pouvoir écouter des albums de cette trempe dans un futur proche.
Titres de l’album:
01. Prelude
02. Torches
03. Road To Absolution
04. Only Victims
05. Warfare State
06. Corrupt
07. On Your knees
08. Vultures
09. The Black Mask
10. Ashes
11. Book Of Hate
12. Flesh And Blood
13. Stoking The Flame
14. Bodies
15 Hatred Burning
16. Nothing Remains
17. Abattoir Of Pain
18. Stripped By The Knife
19. Hail To The Emperor
20. Before The Fall
21. United States Of Corruption
22. Will You Fight?
23. The Future Is Yours
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