Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, j’aime le Thrash. Cela dit, si vous suivez de près mes chroniques et que ce détail vous a échappé, vous êtes sacrément étourdi.
Oui, je suis un enfant du Baby Thrash Boom de 84/85, et j’ai été élevé au biberon METALLICA, SLAYER, EXODUS et autres nounous de l’extrême qui m’ont nourri de leurs riffs saccadés et de leurs rythmiques motivées.
Après tout, chacun son éducation, je n’ai jamais empêché personne d’embaucher Michael Bolton en tant que tuteur. Bien que ce choix m’aurait grandement intrigué…
Alors bien sûr, depuis cette époque, j’ai grandi. Je ne bois plus au biberon, mais j’ai toujours gardé ces gènes qui ont fait de moi ce que je suis, à savoir un grand sot qui agite toujours sa chevelure dans tous les sens dès qu’il entend parler de la Bay Area ou de la Ruhr, ou que des effluves de KREATOR ou VIO-LENCE flottent dans l’air.
Alors lorsque je tombe sur un nouveau parfum qui s’imprègne des fragrances d’antan, je suis vigilant, la truffe en l’air et prompt à dégainer mon clavier pour coucher sur écran mes impressions. Ce matin, un air connu m’a été joué du Venezuela, celui d’un crossover de fort bon aloi. Parlons-en ?
Et comment…
Les DESMOTERION nous en viennent donc de la jolie ville de Caracas, mais ne rendent surement pas hommage au folklore local. Comptez plutôt sur eux pour vous étriller les tympans d’un Metal forcené, qui puise son inspiration du côté de l’Amérique du Nord des années 80, mais aussi du Hardcore sud-américain. Le mélange est bien évidemment connu, mais la mixture goulue, puisque nos amis du jour sont des esthètes du genre qui n’ont pas la syncope ni la double croche dans leur poche.
Ce quintette (Angel López – chant, Christian Pérez & Luis Ramirez – guitares, Felix Capote – basse et George Rosales – batterie) a vu le jour aux alentours de 2008, et a déjà proposé un premier EP en 2013 (Testimonia de Sangre), puis un single avant-coureur l’année dernière (« Pandemia », que l’on retrouve ici en tant qu’entame fatale).
Leurs références avouées ?
SOZIEDAD ALKOHOLIKA, SLAYER, TESTAMENT, EXODUS, MOTORHEAD, METALLICA, ANTHRAX, CALIBAN, TERROR, AGNOSTIC FRONT, PANTERA, THE HAUNTED, SEPULTURA, KREATOR, SICK OF IT ALL, PESTILENCE, HATESPHERE, MUNICIPAL WASTE, SUICIDAL TENDENCIES, DEW-SCENTED, NAPALM DEATH, DEATH, LAMB OF GOD, SODOM, S.O.D., pour tenter un enrobage exhaustif des sonorités assumées. Et cette liste, aussi hétéroclite qu’homogène balise assez bien l’inspiration des Vénézuéliens, qui ne donnent pas dans la dentelle, mais cisèlent quand même un Thrash furieux agrémenté des rondeurs d’un Hardcore plantureux, trouvant ainsi un sacré équilibre qui penche quand même du côté Thrash où il va tomber.
Le gros atout des DESMOTERION, outre leur indéniable efficacité, est leur volonté de ne pas tourner autour du pot. Ne comptez pas sur eux pour digresser pendant d’interminables minutes, leur propos est concis, brutal et précis.
Une seule compo dépasse la barre des quatre minutes sans manquer d’intensité, et représente même une sorte de pic de créativité sur ce D.T.N. qui n’en manque pourtant pas.
Morceau évolutif mais raisonnablement technique, « La Otra Cara De La Moneda » peut se targuer d’un bon tour d’horizon des modes en vogue il y a trente ans, puisque des soli typiquement NWOBHM jusqu’à la rythmique en coup du lapin à la NUCLEAR ASSAULT/VIO-LENCE, en passant par les riffs à la ACROPHET/AGNOSTIC FRONT, tout y fleure bon la violence paillarde d’il y a quelques décennies. Violent, mais pas indécent, puisque l’écueil du Thrashcore est savamment évité, et que les paroles font preuve d’une belle lucidité sociale bien éveillée.
L’immédiate suite « Involucion » fait preuve du même allant, tout en se cantonnant au champ d’action Thrash, mais distille quand même de sales tornades Heavy aptes à décoiffer le plus hirsute d’entre vous. La mélodie parvient même à percer l’épaisse carapace de ténèbres Thrash, pour un final explosif qui déménage. Mais c’est assurément le format court que les DESMOTERION souhaitent mettre en avant, puisque cinq interventions sur huit restent sous la limite des trois minutes, comme tout bon pamphlet Crossover qui se respecte.
Dès lors, entre le radicalisme d’ouverture de « Pandemia », qui ménage une intro diablement efficace, avant d’alterner couplets véloces et refrain Hardcore féroce, la brièveté de « Falso Profeta », qui n’a guère besoin de plus de cent-vingt-neuf secondes pour mettre le Hardcore aux poings, « Thrash » et son thème concentrique dégénérant en valse Thrash ébouriffante, ou « Madeleine » qui n’a rien à voir avec celle de l’ami Proust ou la belle des WINGER, le choix est libre et chacun saura retenir son hymne favori parmi cet étalage de savoir-faire diablement bien construit.
Enregistré aux studios Arturo's Records entre juin 2015 et octobre 2016, et produit par Luis Salas et les DESMOTERION, D.T.N. a donc bénéficié d’un temps de maturation conséquent, sans que ce timing ne nuise à sa cohérence.
Il présente une belle facette du Crossover sud-américain, dissimulé sous le masque d’un artwork efficace et géographique de Federico Cavero, et peut se targuer de faire partie des meilleurs représentants d’un style qui n’est pas prêt de tomber en désuétude.
Loin d’incarner la énième sortie Thrash/Hardcore du mois, ce premier LP présente un groupe sûr de son fait et fier de sa musique, qui joue simple et direct, mais pas simpliste.
Une belle façon de célébrer les presque dix années d’existence d’un groupe qu’on on n’a certainement pas fini d’entendre thrasher.
Pour peu que vous passiez le mot, s’entend. Mais avec une furia pareille, difficile de faire la sourde oreille.
Titres de l'album:
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