Voilà un projet diablement fascinant. Fondé en 2019 dans la province d’Utrecht par trois musiciens libyens et membres de DEATHCRUSH, DEFACEMENT est une digression très intéressante sur la frontière entre l’extrême et le chaos. Visiblement influencés par ce qui se fait de plus underground dans le genre, Mark Bestia (batterie), Khalil Azagoth (guitare) et Forsaken Ahmed (chant/basse) nous proposent donc leur troisième album, qui vient clore une trilogie en « d ». Après l’initial Deviant, puis l’éponyme Defacement, c’est donc Duality qui prend les choses en main, et les tient fermement.
DEFACEMENT fait partie de ces groupes qui savent s’affranchir des règles les plus élémentaires pour proposer une œuvre personnelle, certes difficile d’approche, mais tellement plus fructueuse artistiquement parlant. Néanmoins, et c’est un avertissement basique, ne vous attendez pas à des structures bien établies, ou à une ligne directrice droite et claire. Le trio aime bifurquer, reculer, avancer de biais, et surtout, brouiller les pistes d’un son très hermétique qui rappelle les abominations diverses de Mories.
De fait, les étiquettes sont vaines, et ce laïus risque fort aussi de faire des ronds dans l’eau tant le concept choisi par le trio est abstrait, abscons, et pour le moins opaque. Les plus aguerris parviendront difficilement à discerner les lignes de chant qui sont autant de sous-couches rythmiques, les moins ouverts crieront d’effroi après avoir subi les pires assauts expérimentaux, tandis que les accros old-school ne comprendront surement rien à ce qui leur arrive.
D’autant que Duality a été entièrement pensé comme un travail hors-norme, de sa structure à ses morceaux, en passant par ses ambiances et le traitement sonore. C’est ainsi qu’entre les atrocités, les musiciens ont glissé des intermèdes Electro, avec sons qui se télescopent et atmosphère éthérée, pour mieux perdre le fil et nous entraîner dans une sorte de chaos cosmique.
Passant du coq à l’âne, DEFACEMENT se montre donc toujours indomptable et intraitable. Le groupe n’a pas l’intention de se ranger des voitures pour séduire un public plus large, et compte toujours sur le soutien des inconditionnel du Black/Death le plus grave, le plus cryptique, le plus intraduisible. Le premier écueil à passer, et l’un des plus conséquents, est évidemment « Burden », monstre de dix minutes qui conjugue les abominations d’un Black Ambient à la vilénie du Death le plus étouffé et étranglé.
Si la production est assez claire pour distinguer l’instrumentation, elle est assez compacte pour enrober le projet dans une coque incassable. « Burden » peut donc profiter de cette protection pour diffuser ses idées bruitistes, mais techniques, puisqu’on parvient à ressentir le niveau des musiciens à travers cette épaisse couche de brume abstraite. Bruit pour beaucoup, inécoutable pour les autres, Duality a quelque chose de fascinant dans sa quête d’absolu, là où les riffs n’en sont plus vraiment, et où la batterie fait à peu près ce qu’elle veut. Et même en ignorant ce chant immonde et à peine perceptible, il est impossible de ne pas voir les limites d’un extrême qui justement n’en tolère pas, sauf dans le cadre strict de morceaux qui respectent un modus operandi logique.
Logique, mais abrupt. Pour le moins.
Dès lors, une fois que vous avez compris le principe, le cheminement est simple. Titre Ambient, explosion de haine et de fureur, titre Ambient, frisson d’horreur musical, etc…sauf que…
Sauf que rien ne vous prépare à l’épilogue « Duality » et ses seize minutes de Blackened Death subtilement teinté de mélodies synthétiques abstraites. Comme un space-opera qui tourne mal, Duality a été pensé pour que cette clôture vous traumatise, et incarne l’acmé d’une philosophie musicale sans retenue. Seuls les fans les plus acharnés resteront jusqu’au générique de fin, même si ce dernier morceau est une mine d’idées et de plans inventifs. Car loin du bordel imbuvable déguisé en avant-garde, DEFACEMENT est au contraire une entreprise pleine de sens et de logique, qui a simplement choisi de ne pas se limiter à ce qui existe déjà.
Explosion de colère, mantra répété comme dans un cauchemar, ce troisième album est aussi violent qu’une nouvelle extinction peut l’être, et nous trimballe, nous bouscule, ne s’excuse surtout pas, et nous laisse quelque part, sans boussole, sans panneau, sans explications.
Mais il est bon parfois de se laisser perdre dans les méandres d’un esprit dérangé. S’oublier pour quelques instants, perdre son identité et ses repères, et revenir ensuite à la normale. La routine est dangereuse. Souvenez-vous-en.
Titres de l’album :
01. Optic
02. Burden
03. Vagus
04. Barrier
05. Facial
06. Scabulous
07. Hypoglossal
08. Duality
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