Je sais bien que vous vous êtes goinfré de foie gras, de saumon, de canapés, de toasts, de dinde, de marrons, de champagne, de champignons, et autres mets fins réservés à une élite mais disponibles aux petites bourses pour l’occasion, mais vous reprendrez bien une bonne grosse tranche de Crust bien épais non ? En plus, je l’importe d’Allemagne, alors vous connaissez déjà sa qualité…Le Crust allemand est à l’image des petits déjeuner du pays, copieux, bien lourd, qui tient au corps et vous laisse traverser la matinée tranquille, sans fringale. Spécialement lorsqu’il est fabriqué par des artisans du genre, de vrais amoureux du style, qui ne supportent pas de le voir compromis, juste durci d’une touche Blackened, histoire d’en accentuer la saveur. Et les HELLKNIFE sont de véritables orfèvres en la matière, et leur méthode est simple, mais efficace. En prendre les bases, la vélocité, le chant hurlé, les riffs francs et massif, et épaissir le tout d’une préparation corsée qui renforce encore plus les graves, en gros, utiliser une préparation DISCHARGE pour la saler d’un fond de sauce TOTALITAR/URSUT, et ainsi rendre hommage aux grands chefs anglais et suédois en la matière. On ne saurait qu’apprécier ces méthodes, d’autant plus que la dernière livraison des allemands est aussi savoureuse que leurs précédentes mises en bouche. Déjà auteurs d’un EP puis d’un split avec les TACHELESS que j’avais abordé en ces colonnes, le combo de Mannheim nous en revient donc avec un premier long format court, avec seulement trente minutes de barouf au compteur, mais suffisamment marquant pour ne pas pouvoir en encaisser plus. Leur formule est somme toute toujours la même, accentuer la véhémence du style pour le rendre encore plus percutant, jouer le plus grave et le plus gras possible, et bousiller à moyen terme votre appareil auditif. L’école Punk, dans toute sa splendeur, et un bon gros majeur levé à l’adresse de l’innovation et de la variation.
On écoute les HELLKNIFE comme on entre en apprentissage. La foi au cœur, la rage au ventre, avec ce désir de se dépasser pour atteindre le niveau des maîtres. Mixé et masterisé par Fredrik Nordström au Fredman Studio (WOLFBRIGADE, AT THE GATES, SKITSYSTEM, MARTYRDÖD), emballé dans un joli paquet dessiné par Maciej Kamuda, disponible en LP via Phobia Records, Wooaaargh et Ecocentric Records, Dusk Of Doom n’est rien de plus qu’une énième course en avant transpirant la haine et le ressenti, qui en appelle aux origines du genre tout comme à ses extensions plus actuelles. Il est toujours rassurant de constater que des groupes perpétuent l’esprit d’un style musical, forme de respect total tout en lui apportant un éclairage plus contemporain histoire de ne pas le faire stagner. Et ces dix nouveaux morceaux sont autant de tranches de violence quotidienne, à base de guitares qui moulinent sans discontinuer, d’une rythmique à l’abattage constant, et d’un chant pas content, le tout enrobé dans une couche de gravité sonore roborative. En gros, le type même d’album dont on ne peut pas dire grand-chose tant son contenu est connu d’avance, et son but classique. Mais dans le genre, les allemands sont des maîtres, et leur puissance fait vraiment plaisir à entendre, spécialement lorsque les gus lâchent la vapeur pour se laisser aller aux joies de blasts inopinés, mais vraiment galvanisant. Quelques mid tempi pour faire monter la mayonnaise sans la plomber d’huile, et roule ma poule. C’est évidemment très formel, et symptomatique de l’école d’outre-Rhin, mais c’est aussi efficace qu’un hymne de MOTORHEAD repris par ENTOMBED, ça cartonne, ça rappelle la scène anglaise des années 80/90, mais aussi les enseignements suédois les plus vilains et méchants. Ça confirme surtout l’énorme potentiel remarqué sur les formats précédents, et l’un dans l’autre, c’est certainement l’un des albums de Blackened Crust les plus efficaces d’une année 2019 riche en surprises et confirmations.
Dans les faits, et comme souligné par un label malin et rompu à l’exercice de la promotion, les HELLKNIFE sont quelque part une version augmentée et corrigée des WOLFBRIGADE, avec des blasts en plus. On retrouve chez ces deux groupes cette volonté de proposer un Crust pour stades, avec des productions toujours plus énormes, des morceaux toujours plus efficaces et bestiaux, une basse qui ronfle en arrière-plan comme les turbines d’un paquebot, et un chanteur qui vocifère comme aux plus beaux jours de la scène Anarcho-Core anglaise. Rien à analyser de particulier donc, juste constater les dégâts de cette musique sur l’organisme, et le plaisir qu’elle procure, comme toute drogue lucide moins dangereuse que les dérivés chimiques. C’est un exutoire, qui allume tout ce qui bouge, qui massacre la mélodie, qui embrasse la froideur la plus rigide pour mieux la faire valser dans une fournaise de brutalité, et au final, on en ressort flapi, mais heureux. Bien sûr, en étant tout à fait franc, on pourrait résumer l’entreprise à deux ou trois titres, acceptant l’introductif « Dusk Of Doom » comme pilier des théories Crust, « Nation Impalers » comme témoignage de cette inclinaison pour un surplus de violence via quelques blasts éclair, et « Burn It Down » comme indice d’une volonté de parfois ralentir la machine pour proposer un mid tempo groovy sur fond d’apocalypse de riffs tournoyant, mais non désolé, Dusk Of Doom est le genre d’album qui ne se résume pas, et qui s’avale d’un trait, comme on finit une bouteille de vodka en étant parfaitement conscient de la réalité blafarde et sans espoir qui nous étouffe quotidiennement. Un premier LP parfait de bout en bout, qui représente bien cette nouvelle génération de groupes de Crust qui n’hésitent pas à amplifier la colère de leurs aînés, et à accepter la puissance d’une production moderne pour encore plus souligner leur colère. Pas vraiment novateur, mais un exutoire fabuleux pour tout envoyer valser, tout cramer, et reconstruire un monde moderne sur des ruines encore fumantes.
Titres de l’album :
01. Dusk Of Doom
02. Nation Impalers
03. Violence
04. Bow Down Lower
05. Burn It Down
06. Powerbase
07. The End
08. Clouds Of Fire
09. Blind And Deaf
10. Scorched Earth
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