Avec un nom pareil, une dégaine pareille, une pochette pareille, et une musique pareille, il serait assez facile de croire que les BULLET s’exhument eux-mêmes d’eighties encore fumantes, et l’erreur serait plus qu’humaine. D’ailleurs, il serait tout aussi facile de les confondre avec leurs homologues germains de cette époque, ceux-là mêmes qui avaient publié deux albums assez remarqués entre 1981 et 1983. Mais que nenni, les BULLET 2018’ ne viennent pas de Germanie, mais bien de Suède, le fameux pays qui fait comme si l’horloge musicale mondiale n’avait jamais passé le cap des nineties, et qui s’évertuent à faire comme ci, et à jouer comme ça. D’ailleurs, le fan lambda va finir par se demander si les groupes scandinaves sont capables de passer outre leur fascination pour la nostalgie, à force de subir les vagues old-school qui émanent de leurs côtes. Mais tant que la musique est bonne me direz-vous…Et vous aurez partiellement raison, en admettant quand même qu’il serait temps que les ensembles du cru passent une étape et se projettent dans leur époque, sans avoir à porter les cuirs à franges et faire comme si ACCEPT et les 220 VOLTS étaient les seuls groupes du passé à vénérer. En parlant d’ACCEPT, le lien est vite fait avec nos héros du jour, puisque Dag Hell Hofer est sans doute le meilleur imitateur de notre bon vieil Udo Dirkschneider depuis Pascal Bailly (au moins), lui insufflant un délicieux souffle épique à la Bon Scott, histoire de faire bonne figure n’roll. Mais trêve de plaisanterie et de second degré, puisqu’il convient aujourd’hui de célébrer le retour des héros locaux de Växjö, qui avec Dust To Gold confirment tout le Heavy Metal qu’on pensait d’eux. Pour les étourdis qui auraient manqué plus de quinze années d’histoire amplifiée, les BULLET se sont donc formés en 2001, et ont depuis sorti une palanquée de LPs, tous entièrement dédiés à la cause d’un Hard-Rock vintage méchamment connoté. Nous étions sans nouvelles de la bande depuis Storm Of Blades en 2014, et c’est donc quatre ans plus tard qu’ils s’en reviennent pour nous faire mordre la poussière et transformer le Metal en or, via ce sixième album studio qui sent bon le bitume et les vieux mégots.
Chroniquer un nouvel album des balles suédoises est aussi simple que difficile. Simple, parce qu’on sait avant même de poser ses oreilles dessus le genre de calotte que l’on va déguster. Difficile, parce que trouver de nouvelles métaphores, figures de style et champs lexicaux à chaque fois n’est pas chose aisée. En effet, les BULLET prennent un malin plaisir depuis 2006 à sortir quasiment le même album à chaque fois, accentuant le côté Speed pour endurcir le côté Heavy, ou adoucissant leur Heavy pour nuancer la violence Speed. Dust To Gold n’échappe évidemment pas à la règle, et ressemble comme deux gouttes d’eau à l’album qu’ACCEPT aurait dû enregistrer à la suite de Russian Roulette, si le gang de Wolf Hoffmann n’avait pas perdu Udo en route, et s’était plus rapproché de Balls To The Wall que du marché américain. Il est en effet impossible de ne pas penser au quintette de Solingen en écoutant des morceaux comme « Fuel The Fire », ou « Wildfire », qui tentent même de reproduire les lignes de basse mouvantes de Peter Baltes et la frappe métronomique de Stefan Kaufmann, Hampus Klang et Alex Lyrbo reproduisant même les licks et soli de la paire Hoffmann/Fischer à la croche près. Imitation certes de grande classe, mais il serait néanmoins réducteur de laisser les suédois coincés dans cette catégorie, même si Dag et Hampus ont écumé les rades durant leur jeunesse en s’investissant dans des tribute-band. Car on trouve comme toujours dans ce Hard-Rock purement scandinave des traces très tangibles de Speed à la belge, dans un élan à la CROSSFIRE mâtiné de fureur aussi rapide qu’un requin (« Speed And Attack », « Hollow Grounds »), mais aussi de sérieuses réminiscences de la NWOBHM, polies pour s’incruster dans la vague Hard N’Heavy européenne des mid eighties (« One More Round »). En gros, et comme d’habitude, un survol d’une décennie qui a laissé de sales traces dans la mémoire collective nationale, au point de lui consacrer l’intégralité d’une œuvre qui mise plus le mimétisme bluffant que sur l’originalité risquée.
Mais - et ça n’est pas une surprise - ça fonctionne une fois de plus, parce que le quintette connaît très bien son affaire, et surtout parce que les compositions sont autant d’invitations à un headbanging de salon. Il n’est pas difficile à l’écoute de ces douze nouveaux hymnes de s’imaginer au bord du pit, dans la fosse, levant le poing comme un seul homme perdu dans une foule de fans en transe, presque capable de chantonner les riffs avant même de les avoir entendus pour la première fois. En piochant dans ce que le Heavy nous a offert de meilleur il y a trente ans, les BULLET tirent à bout portant, et nous laissent le torse en plaie béante, le sang giclant de blessures ouvertes, et les pieds cramés par des charbons ardents. Et autant dire que le canon ne tire pas pour faire joli, et qu’il fait pas mal de dégâts. Certes, et c’est d’usage, un morceau comme « Highway Love » paie autant son tribut à ACCEPT, RUNNING WILD et AC/DC, certes, « Wildfire », placé en suite directe colle au même schéma, et « Forever Rise », malgré une mélodie plus appuyée, ne prend pas vraiment ses distances avec les meilleurs soufflets d’Udo & co. Mais les instrumentistes sont si sûrs d’eux, et Hofer crache tellement ses poumons en feu qu’on ne peut que s’incliner une fois de plus, saisi par tant de passion. C’est d’ailleurs le moteur même de ce genre de réalisation, qui dès sa pochette affiche ses affinités sans détour ou voie déviée, et qui de sa musique ne trompe personne. Alors, les enfants des années Enfer sauront évidemment reconnaître les leurs, mais les moins crédules et les plus spéculateurs ne se laisseront pas prendre au piège de la nostalgie capitalisée, regrettant certainement que les suédois ne sortent pas plus que ça de leur zone de confort. Mais avec une recette éprouvée, et une production impeccable signée BULLET et Mankan Sedenberg, travaillant de concert sur une vieille console analogique des Pama Studios de Torsås pour sonner encore plus d’époque, il est quasiment impossible de résister ou de jouer les vieux grincheux, tout du moins tant que des morceaux à l’emphase dramatiquement Heavy de la trempe du final « Dust To Gold » viendront nous chatouiller les cheveux.
Encore plus roots qu’une cartouchière de Rock N’Rolf, plus humide qu’un postillon d’Udo, Dust To Gold fait effectivement la poussière sur les étagères du temps, non pour les nettoyer, mais pour en respirer et expirer les effluves. On peut passer son tour, tant il est certain que les suédois n’en ont qu’un seul dans leur sac, mais on peut aussi accepter les règles et jouer le jeu. Spécialement lorsque les adversaires ne cherchent à bluffer personne autrement que par leurs propres qualités.
Titres de l'album:
1. Speed And Attack
2. Ain't Enough
3. Rogue Soldier
4. Fuel The Fire
5. One More Round
6. Highway Love
7. Wildfire
8. Screams In The Night
9. Forever Rise
10. The Prophecy
11. Hollow Grounds
12. Dust To Gold
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