Sérieusement, ces suédois commencent à me les briser menues. Ça va s’arrêter où et quand cette invasion permanente ? Si maintenant, la suprématie des USA et de l’Europe de l’Ouest est sans cesse remise en cause, il ne faut pas s’étonner que le climat mondial se tende et que les valeurs partent à vau-l’eau. Tiens, c’est pareil ça aussi. Fut un temps, en écoutant un premier album, on savait que c’en étant un. La production, la naïveté des chansons, le surplus d’énergie, c’était symptomatique quand même. Maintenant ?
Pff…
Maintenant, un premier album d’une bande de musiciens sortis de nulle part ressemble au meilleur effort d’un groupe établi, qui avait sans doute ramé pendant des années pour en arriver à ce résultat. Alors, un peu de jalousie dans ces propos ?
Non, plutôt de l’admiration. De l’admiration éprouvée envers des pays qui il n’y a pas si longtemps que ça, faisaient partie du quart monde de la création musicale, et qui en quelques années, sont devenus les modèles que tout le monde veut copier.
SHAPE OF THE NEW SUN, tu parles d’un nom toi en plus. Ça veut dire quoi ? Que le soleil nordique ne les réchauffant plus assez, ils ont décidé de créer leur propre astre qui brille plus et chauffe plus que l’officiel ? C’est presque ça, et même plus encore. Un aveu de domination. Tu vas voir que dans quelques années, on parlera tous le suédois ou le norvégien.
THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, ça ne suffisait pas comme ça sans doute. Bref.
SHAPE OF THE NEW SUN, c’est un quatuor (Ivan Persic: guitare, Tomas Persic: batterie, Thomas Kihlberg: chant/guitare et Håkan Holmström: basse), fondé en 2015, qui n’aura pas patienté longtemps pour nous livrer ses vues sur un Hard-Rock mélodique de très grande qualité, qui se sert tout autant sur la table des festivités scandinaves que sur les étagères de l’AOR ricain des années 80. Un genre de synthèse de l’impossible, pour que les pétales de la rose soient encore plus beaux, et que les chansons résonnent dans nos têtes des heures après les avoir écoutées.
La recette est simple. Des mélodies méchamment accrocheuses, une douceur de ton apparente, mais un vrai mordant instrumental, une production qui cherche à retrouver les arrangements polis d’il y a trente ans, et un art certain d’accommoder les restes de la NWOBHM et de la scène Rock mélodique Californienne des 80’s. Et puis, un simple coup d’œil à la tronche des mecs sur les photos promo vous fera très vite comprendre que l’image, ça n’est pas leur truc. Des têtes de vieux rockeurs on the loose, de vieilles vestes pas vraiment de la première fraicheur, et des barbes mal taillées, en gros, les antipodes d’un groupe superficiel qui compte sur ses belles gueules pour faire oublier la vacuité standardisée de sa musique. Tiens, d’ailleurs, détail qui ne trompe pas, les quatre ne prennent même pas la peine de lâcher quelques influences sur leurs pages officielles. Tout au plus parlent-ils de 70’s, de 80’s, de trucs mélodiques, sans plus de précisions. Et ce manque de précision, justement, veut tout dire. Les SHAPE OF THE NEW SUN jouent leur Hard-Rock comme Joe Lynn Turner ou GOTTHARD jouent le leur, sans se poser de questions, en tâchant juste de soigner des compositions aux petits oignons.
Et je peux vous garantir que les leurs sont taillés fin, et qu’ils crépitent dans la casserole.
Mais si la finesse de composition est un des facteurs les plus importants de cette réalisation, la puissance n’en est pas du tout occultée. A vrai dire, les suédois semblent vouloir faire le lien entre la flamboyance crépusculaire des 70’s et la brillance des néons de la décennie suivante, en associant des rythmiques pilonnées et des harmonies martelées (« Divine »), qui rappellent tout autant la vague Frontiers des années 90/2000 que le WHITESNAKE pas encore obnubilé par MTV ou même les MAGNUM, un peu moins champêtres qu’à l’habitude.
Riffs épais, mélodies légères, cocktail flagrant pour un album séduisant, ne misant pas toute sa fortune sur une poignée de hits bien troussés pour masquer la pauvreté d’un remplissage abusé.
Difficile de faire la fine bouche face à ces dix morceaux qui sont autant de tubes potentiels, et qui transposent parfois l’art Canadien des HAREM SCAREM en Suède pour le confronter aux BLACK CROWES ou aux GRAVEYARD locaux (« Babylon »).
On peut aussi laisser son esprit divaguer du côté des LIONSHEART, en gardant le groove des KING’S X sous la main, et en adaptant le tout à des canons de qualité scandinaves (« The Pain », au chant une fois de plus très Turner), même si le spectre du EUROPE post comeback pointe parfois le bout de son nez (« Worth Dying For », et ses chœurs veloutés qui s’envolent dans un ciel strié d’un riff éclairé).
Tout ceci est très concis, et pourtant libre. De la même manière qu’un groupe échappé des 70’s aurait découvert le clinquant radiophonique des 80’s (« Don’t Let It Fall », transition en douceur entre le Rock Californien 76/77 et l’AOR de 83/84), ou qu’un gang pur Hard-Rock prendrait en charge les arabesques arabisantes du ZEP (« Dying Embers », qui suggère un ANGRA calmé ou un THE KORDZ moins ensoleillé), les SHAPE OF THE NEW SUN jouent à cache-cache avec les styles et les modes, tout en casant des guitares cristallines assez symptomatiques du Pop-Rock d’il y a trente et quelques années (« Majestic », soft et smooth, mais qui rebondit sur la peau d’une caisse claire étouffée).
Sans chercher à trop prolonger les débats, le quatuor se laisse parfois porter par le courant d’un Rock pluriforme et subtilement redondant (« Give It Up », gros lick et pattern qui se répète comme un mantra), mais ne sombre jamais dans les eaux empoisonnées de la balade empesée.
D’ailleurs, le dernier morceau se veut plutôt sautillant, comme si Bob Seger croisait la route des THIN LIZZY repris par les ADRENALINE RUSH (« When The Curtain Falls »), et offre un épilogue à l’image sonore d’un premier LP aussi frais que précis et pensé.
Difficile de faire un tri parmi les dix joyaux insérés dans cet écrin, et autant prendre Dying Embers comme une globalité d’une valeur ajoutée qui laisse impressionné. Loin de se satisfaire d’un succédané des réussites présentes et passées de leur pays à présent célébré, les SHAPE OF THE NEW SUN osent justement bronzer sous un nouveau soleil qui tire les enseignements du passé, pour les appliquer dans un présent de plus en plus exigeant.
Rock musclé, FM burné, AOR au torse bombé, les qualificatifs abondent mais seul l’émotion prédomine. De quoi vous convaincre définitivement que l’équilibre entre Rock, Hard Rock et FM est toujours possible, pour peu qu’il soit obtenu par des musiciens à la passion charnue.
Oui, la Suède me les brise menues. Mais c’est comme ça. La domination change de camp, et quand la qualité est au rendez-vous, les chroniques se mettent au garde à vous.
Titres de l'album:
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