Combat Records, la Bay-Area, je pense qu’avec ces deux éléments portés à votre connaissance, vous savez déjà où vous mettez les pieds. Et même si les apparences sont parfois trompeuses et les données un peu trop évidentes pour être assimilées, cette fois-ci, pas d’inquiétude à avoir, le traditionalisme est de mise. En effet, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore les HATCHET (une faute avouée est toujours à moitié pardonnée), l’erreur peut être facilement réparée puisque le quatuor vient de lâcher son quatrième longue-durée, qui risque de faire date dans l’histoire du Thrash national. J’avais fait leur connaissance lors de la publication d’Awaiting Evil, leur premier pamphlet, et j’avais cru y déceler à l’époque (en 2008 donc), une volonté de perpétrer l’esprit originel de la Californie, telle que les amateurs de violence instrumentale avaient pu l’aimer au-delà de toute raison il y a de nombreuses années. Mais ce fut leur troisième étape qui me décida à prendre mon clavier, puisque Fear Beyond Lunacy, sans rien bousculer des traditions établies, prenait enfin quelques distances avec les évidences, et prônait une sorte de revival personnel tout à fait honorable. C’est donc avec joie que je retrouve mes trublions en ce début de saison, pour déguster encore bouillant ce Dying To Exist, qui s’il ne remet pas en cause les implications du passé, perfectionne l’approche pour la rendre inattaquable, dans le fond, mais surtout dans la forme. Hébergés aujourd’hui par le label Combat Records, réactivé en 2017 par Dave Ellefson de MEGADETH et son compère Thom Hazaert via EMP Label Group et Amped, après un stage prolongé chez The End Records, les HATCHET se sont visiblement sentis suffisamment soutenus pour lâcher du lest et proposer leur album le plus preste, toujours aussi focalisé sur la brutalité californienne en vogue dans les années 80, mais aussi conscient des réalités du terrain quotidien. C’est donc un LP qui ne fera aucunement tâche dans la vague old-school actuelle, mais qui pourrait se targuer d’avoir quelques particularités. Toujours aussi farouchement opposés à une dilution de la colère originelle, les californiens partagent toujours leur temps entre Heavy appuyé et Thrash déchaîné, pour nous offrir une orgie de riffs aiguisés et de délires rythmiques concassés.
Les influences n’ont pas changé, le modus operandi non plus, mais le professionnalisme atteint ici un degré de complétude assez impressionnant. On se prend à rêver d’un successeur plus que crédible aux figures pieuses du passé, tant l’ombre de certains cadors plane parfois très bas au-dessus de l’inspiration. Ainsi, le spectre de MEGADETH assombrit des compositions alambiquées comme « Warsaw », qui revendiquent aussi la légèreté de combos plus allégés, comme les LAAZ ROCKIT, naviguant d’un Heavy mordant à un Thrash fumant, sans renier l’un ou l’autre des deux camps. Les chœurs, toujours aussi efficaces, garantissent une assise Hardcore confortable, tandis que le chant toujours aussi hurlé nous ramène sur la piste des allemands les plus allumés, DESTRUCTION en tête, mais aussi ASSASSIN, pour cette façon de jouer avec les limites de vitesse. Un bon panel de circonstance, qui offre à l’auditeur une écoute plurielle et tout confort, et la dégustation de compositions qui ne jouent pas au plus fin, mais qui saccadent comme des furies (« Where Futures Regress », WARBRINGER et Schmier jouent au tarot, qui emmène le petit au bout ?). Avec un line-up enfin stabilisé depuis le précédent LP (Devin Reiche - basse, Julz Ramos - guitare/chant, Ben Smith - batterie et Clayton Cagle - guitare), les HATCHET peuvent donc continuer de dépecer sans avoir à craindre la désaffection d’un de leurs habitués, eux qui ont dû affronter des fluctuations de personnel assez marquées dans le passé. On sent donc que la cohésion travaillée dès Fear Beyond Lunacy trouve ici son incarnation la plus probante, et même si Dying To Exist ne joue pas plus la carte de la témérité que ses aînés, l’art séculaire de Julz Ramos pour trousser de petits hymnes à la gloire d’un Metal non dilué n’a pas été atténué ou érodé par les années. Et c’est donc avec joie que l’on baigne de nouveau dans un climat purement Thrash, qui même s’il s’évertue à replacer des plans déjà largement utilisés, le fait avec suffisamment d’énergie pour nous fédérer.
Et après une intro classique mais agréable, « Silent Genocide » prend les choses en mains, et syncope sévère pour accélérer pépère. Nous nageons là en plein tradition, en courant d’agression nuancée de mélodies imposées, mais la recette fonctionne évidemment à plein régime, et si les doutes de surprises subsistent (et subsisteront toujours), l’entrain dont fait preuve le quatuor suffit à balayer tous les reproches pour nous forcer à headbanguer sans trop y penser. Tel est le but d’un LP dont la seule ambition est de nous secouer, un peu plus intelligemment que la moyenne des groupes vintage, et qui y parvient sans coup férir, et sans genou plier. On rentre dans le délire, d’autant plus qu’il reste libre mais agencé, et si les morceaux se succèdent sans vraiment chercher à se dépasser, certains thèmes sont largement assez accrocheurs pour laisser passer quelques erreurs de répétition. Difficile de résister en effet à l’euphorie de « Desire For Oppression », qui de ses petits arrangements harmoniques aménage une soudaine apocalypse, que des cassures mesurées au millimètre amusent. Beaucoup de précision dans la furie donc, quelques inserts méchamment Heavy (le long « Final Sanctuary »), des intermèdes assez jolis (« Oblivious To Disorder »), de sévères crises de folie (« Where Future Regress », le meilleur de la Bay-Area en trois minutes et quelques), mais aussi quelques ambivalences entre épaisseur et vélocité, qui profitent d’une syncope toujours calibrée pour nous malmener (« Hail To The Lies »). Si le tout est peut-être encore un peu long au regard des standards, le final ne nous délivre pas pour autant du mal, et « World In A World » de refermer le chapitre avec fermeté, se permettant même un lick gluant que les VIO-LENCE auraient pu déguster.
Du Thrash et rien d’autre vous diront les esprits chagrins, mais du Thrash aussi bourrin que fin vous répondront les fans haut la main. Et c’est exactement ce que propose Dying To Exist, qui ne joue pas les petits malins, mais qui secoue bien ses mains pour que les cordes résonnent et que les peaux frissonnent. Un hymne à la Californie, un hommage appuyé à la furie, pour un disque au formalisme indéniable mais à l’énergie incroyable. En demande-t-on plus ?
Je ne crois pas non.
Titres de l'album:
1. Unraveling Existence
2. Silent Genocide
3. Desire for Oppression
4. Illusions of Hope
5. Warsaw
6. Where Futures regress
7. Back into Dust
8. Final Sanctuary
9. Descent into Madness
10. Oblivious to Disorder
11. Hail to the Lies
12. World in a World
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15