En abordant la problématique de l’USBM, on se heurte toujours aux mêmes récifs. Musique ultra répétitive, complainte vocale systématique, et référentiel impossible à passer sous silence. Ayant connu en temps et en heure les débordements de SHINING et sa musique assourdissante autant que désespérée, j’ai du mal à faire preuve de complaisance envers des artistes n’allant pas jusqu’au bout de la logique. Les ingrédients et l’attitude du créneau sont connus, et utilisés jusqu’à l’épuisement par des musiciens désireux de nous faire partager leur désespoir et leur envie d’un monde non meilleur, mais non-vivant. Alors, entre les riffs monolithiques, les cassures au synthé type Ambient, et ces voix qui semblent émerger d’un au-delà pas franchement rassurant ou d’une chambre dans un hôpital psychiatrique abandonné de tous, toutes les ficelles sont apparentes et plus ou moins crédibles selon les optiques.
Des Etats-Unis nous provient donc un nouveau one-man-band mené de front par l’énigmatique Jamison Kester, très actif dans l’underground d’Oakland, et qui est impliqué dans un nombre conséquent de projets. On retrouve le musicien dans les rangs d’INFINITE WASTE en tant que bassiste et chanteur, au sein de VOID OMNIA au micro, et dans WILD HUNT à la guitare et aux vocaux. C’est donc un artiste occupé qui lance son nouveau concept, via le premier LP de sa créature hideuse LABORED BREATH.
Mérites vantés par une écurie fiable (Sentient Ruin), pochette au rouge intense qui évoque le sang coulant à flots, mais surtout musique originale, foncièrement violente, intense, et loin des canons en vogue dans le milieu de l’Ultra Suicidal Black Metal. Le label US essaie d’ailleurs d’illustrer le projet en établissant des parallèles assez intéressants à défaut d’être fiables, et envisage l’aventure musicale comme un mi-chemin trouvé entre le BM islandais (SINMARA, CARPE NOCTEM, MISÞYRMING, SVARTIDAUÐI), et l’âpreté française des AOSOTH, DRASTUS, ou ANTAEUS. Ne connaissant pas tous les groupes employés dans ce parallèle, je me garderai bien de juger définitivement de leur pertinence, mais je pourrai par contre valider certains pistes dessinées par la maison de disques qui n’hésite pas à placer les noms de SINMARA, BLUT AUS NORD, MISÞYRMING, SVARTIDAUÐI, AOSOTH, ou AKHLYS pour aiguiller les fans.
La dyspnée est une gêne respiratoire ressentie par le patient.
Dyspnea se propose donc d‘illustrer un malaise respiratoire, de ceux que l’on peut éprouver objectivement, en peinant à inspirer ou expirer, ou subjectivement, par crise de panique ou gêne occasionnelle. Ceci dit, ce premier album ne gêne aucunement la respiration, bien que l’angoisse dégagée par certaines de ses pistes soit terriblement concrète. Parlons ici de Black Metal vraiment cryptique, aux accents caverneux qui nous renvoie sur les traces des défricheurs de l’extrême les moins timorés. Pas vraiment avant-gardiste, mais suffisamment expérimental pour attirer dans ses néfastes filets les fans de DODECAHEDRON, WOLVES IN THE THRONE ROOM, GNAW THEIR TONGUES ou BLUT AUS NORD, LABORED BREATH propose un travail sérieux et très élaboré. Il n’est pas question ici de divagations vaguement mises en lien par des astuces de production, ou d’improvisation guidée par le seul désir de choquer et personnifier un pseudo désespoir, mais bien de titres intelligemment composés qui mettent en relief une attitude artistique respectable. Nous parlons donc bien de musique, agressive, rauque, puissante, et créative, qui dès « Hypoesthesia » plante un décor apocalyptique de souffrance intérieure qui ne semble pas simulée.
Alternance de blasts, de séquences d’une violence rare et de cassures plus raisonnables, Dyspnea explore les méandres de l’esprit humain et sa relation avec la mort avec une pertinence qui trouble. En tant que musicien solitaire, Jamison Kester est discipliné, ne se perd jamais dans le dédale de la complaisance, et agence son travail de façon logique, nous emmenant d’un point A à un point B sans détour, mais avec beaucoup de nuances. On trouve dans son travail des éléments Ambient, sur la transition « Serpent Womb », inquiétante comme un interlude de TERRA TENEBROSA, mais surtout, énormément de violence instrumentale, qui se permet de tisser une toile reliant le BM des origines et ses extensions les plus cruelles des années 2000. On réalise le potentiel de brutalité du musicien en appréhendant de front la bestialité débauchée de « Belie », qui pousse le concept à son paroxysme, mais ces longs morceaux (tous à plus de sept ou huit minutes), font preuve d’une lucidité incroyable dans la progression, utilisant des effets sonores vraiment hideux, et des breaks poisseux aux riffs lancinants et à la basse pesante.
Le concept de base est donc étayé par des éléments concrets, et l’évolution globale de l’album est elle aussi logique et fondée. « Pathogenesis » laisse parler les dissonances, les stridences, sans casser la dynamique, et délivre un déferlement ininterrompu de violence avant de laisser place au silence lors d’une coda grouillante et flippante.
On peut évidemment rattacher le projet à une certaine forme d’USBM, mais mieux vaut juger Dyspnea comme un pur album de BM créatif et ambitieux, ce qui est plus honnête envers Jamison. Et pour un nouveau side-project d’une carrière dessinée en solo ou en groupe, LABORED BREATH incarne cette face cachée du Black Metal, bien tapie dans l’underground, qui n’attend qu’un faux pas de votre part pour émerger des abysses et vous obliger à voir la réalité de la vie en face. Et mon Dieu qu’elle est laide.
Titres de l’album:
01. Hypoesthesia
02. Agnosia
03. Serpent Womb
04. Belie
05. Pathogenesis
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