Dans un rêve récent, je m’imaginais en compagnie de certains de mes musiciens favoris dans une pièce confortable, un genre de salle de répétition un peu usée, aux meubles fatigués, mais aux murs maculés de graffitis témoignant d’un passage intensif et durable de la faune Rock internationale. J’y étais assis, aux côtés du regretté Lars Goran Petrov, et nous devisions avec feu Lemmy de l’importance de l’authenticité dans le domaine du Rock gras et amplifié. Le premier témoignant son immense respect au second, et le second prenant acte de son influence sur les générations suivantes. Et bien que les bouteilles et canettes commençaient à joncher un sol à la moquette élimée, les esprits se réchauffaient et les instruments nous regardaient fixement.
« Pourquoi ne t’installerais tu pas derrière la batterie ? » me demandait Lars. Sans vraiment chercher à répondre à cette question, je me levais pour m’asseoir sur le tabouret noir, tandis que Lemmy s’emparait de sa célèbre Rickenbacker. Lars empoigna alors fermement le micro, tandis que sorti de nulle part, Dave Brock allumait son ampli, prêt à tout faire péter au nom du Dieu des décibels. Mais un Dave Brock rajeuni, des débuts d’HAWKWIND, heureux de retrouver son vieux compère qui lui non plus n’avait pas vieilli.
Le rêve était très agréable. Après quelques réglages et détails de mise en place, la musique commençait à s’écouler comme une rivière, chacun y allant de son style de prédilection. Du Rock gras et dangereux pour la santé, quelques errances cosmiques, un chant raclé pour un Death larvé, et une frappe maousse en arrière-plan.
Et soudain, après avoir été silencieux la majorité du temps, Lemmy fit jaillir une idée aussi incongrue qu’onirique.
« Les mecs, formalisons ça. Je nous baptise HARMAGEDON parce qu’on envoie quand même le pâté après quelques joints bien tassés. »
Personne évidemment n’allait contredire Ian, qui même dans ces errances nocturnes de lit mal fait restait l’idole qu’on a toujours respectée. Allons-y pour HARMAGEDON donc. Mais le bassiste/chanteur aux idées bien arrêtées en avait encore sous son chapeau. Enregistrer un disque complet, bref et violent comme une rouste à la volée, mais gras et persistant comme une choucroute mal digérée. Et Dave Brock, trop heureux d’obliger, souriait sous cape en astiquant sa guitare.
Ce rêve est devenu réalité d’une certaine façon, même s’il est quelque peu romancé pour coller à l’actualité d’une chronique prévue. HARMAGEDON n’est pas un fantasme de nuit, il est une réalité de jour, et un nouveau groupe suédois à disputer la palme old-school à tous ses petits camarades.
Pour un premier album, Dystopian Dreams nous offre donc une dystopie onirique assez sombre. Tim Rosenquist (guitare/chant), Magnus Berglund (basse) et Jens Bäckelin (batterie) nous offrent donc une relecture des premières années greaser des proto-bourrins de BLUE CHEER, tout en louchant sur la scène Death scandinave de la première moitié de nineties déjà trop fatiguées.
BLACK SABBATH, ENTOMBED, NEUROSIS & HIGH ON FIRE. Ce sont les noms qui sont utilisés pour cette fameuse rubrique « FFO », et cette énumération n’est pour une fois pas totalement gratuite. L’épaisseur des riffs dégagés par Tim Rosenquist renvoie tout autant au Sludge poisseux qu’au Desert Rock teigneux, le tout sous couvert d’une production qui aurait pu être paraphée par les studios Sunlight. Entre Death Rock et Heavy Metal stoned, Dystopian Dreams anticipe un futur pas vraiment heureux, mais lucide. Et avec des titres aussi forts que le monstrueux « Black Lung » (judicieusement placé en fermeture du bar), le trio déboule comme un diable sorti de sa boîte, avant de s’engluer dans les pensées les plus pessimistes.
Symptomatique de l’ENTOMBED des années N’Roll, assez proche de Wolverine Blues en version « Ace of Spades », HARMAGEDON fait mal à la fin des temps, et laisse l’énergie brute s’imposer dans les grandes largeurs, comme en témoigne l’ouverture « Reptilian » qui sent la graisse et la bière, mais aussi le cauchemar d’une époque de troubles totalitaristes.
On se prend vite de passion pour un disque dont la fulgurance crasse n’a d’égal que la brièveté. En toquant sous la demi-heure, Dystopian Dreams entre, frappe et ressort, sans laisser de trace, si ce n’est celles de poudre qui forment un chemin vers la salle des coffres.
Explosion de colère Metal sous couvert d’une attitude plus foncièrement Rock, ce premier album parrainé par les immanquables Svart Records est une révélation musclée d’une insistance incroyable, qui réussit la gageure de réconcilier la lourdeur et la vitesse. Bluesy, boogie et Death en même temps, avec des chansons qui maltraitent les tympans plus efficacement qu’un discours présidentiel (« Full Circle », avec les potards à douze et non à onze), ou qui au contraire font valser les jambes dans toutes les directions (« Controlled Chaos », que le gros Phil Anselmo aurait bien aimé beugler).
On peut concevoir le tout comme l’union désacralisée entre le COC des nineties et le MOTORHEAD éternel, le tout supervisé par NIHILIST. La formule est bonne comme la gnole musicale.
Alors enivrez-vous raisonnablement, et puis allez-vous coucher ; avec un peu de bol, vous rêverez d’un line-up de légende tapant le bœuf dans un coin de l’enfer réservé aux fidèles les plus sincères.
Titres de l’album:
01. Reptilian
02. Full Circle
03. Controlled Chaos
04. Sadness Comes
05. The Reckoning
06. Expedition
07. Dystopian Dreams
08. Straight Outta Hell
09. Black Lung
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