On ne chante plus les dystopies on les vit. Ce qui était encore considéré comme de l’anticipation dans les années 70 et 80 est en train de devenir notre seule réalité. Les températures augmentent, la calotte glaciaire fond, les espèces disparaissent, les anciens virus réapparaissent, les gouvernements basculent dans le totalitarisme déguisé en démocratie, les conflits se multiplient et sont de plus en plus meurtriers, les enfants sont enlevés, les féminicides multipliés, l’homophobie et la xénophobie banalisés…il n’y a rien de réjouissant dans ce tableau, et je plains la génération qui atteindra l’âge adulte dans une trentaine d’années. Qu’allons-nous leur laisser comme monde, si ce n’est une planète exsangue, à l’agonie, qui ne devrait pas tarder à nous envoyer valser dans un maelstrom de catastrophes naturelles, inondations, typhons, tremblements de terre et glissement climatique apocalyptique. Au milieu de tout ce chaos, les artistes surnagent, et s’inspirent de la réalité pour imaginer des histoires qui sont en train de se passer.
Est-ce que tout ceci fait peur ? Oui, et heureusement d’ailleurs.
Et en parlant de chaos, revoici les ANTECHAOS. Il y a deux ans, les ex-SEYMINHOL nous avaient déjà raconté l’Apocalypse, ils reviennent deux ans plus tard avec ce qui la précède, ces fameuses Dystopies qui ont de faux airs de film catastrophe grandeur nature.
Le combo n’a pas changé, ou si peu. Il accueille un nouveau batteur, Mo Rondelli, se débrouille en autoproduction, mais le reste du groupe est le même. Laurent Fabisz (chant), Max Boriolo (guitare), Nico Pélissier (guitare/claviers) et Chris Billon-Laroute (basse), fidèles au poste se devaient de tenir le cap de leur premier long, très bien accueilli par la critique Metal (dont votre serviteur). Retrouvera-t-on ces mêmes articles élogieux à la suite de la parution de ce deuxième long ? A n’en point douter, puisqu’ANTECHAOS a gardé les mêmes exigences au regard d’une qualité croissante et d’une originalité flagrante.
Diversité, modernisme, liberté de ton, ouverture d’esprit, le quintet refuse toujours autant les contraintes de genre, et s’épanouit dans un Rock métallique mélodique, aux accents contemporains, mais à la base classique. Bien loin des luttes de territoire, ANTECHAOS explore d’autres mondes, plus perméables, moins cloisonnés et délimités, et fricote même avec une Pop-Rock ciselée et ouvragée (« Dystopie », qui évoque NIGHTMARE, TENTATION et autres défenseurs de la culture française). Evidemment, cet affranchissement passe par des phases qui peuvent encore étonner ou rebuter les plus puristes, mais le résultat est une fois encore surprenant, et surtout, constant dans la qualité.
La production, claire et nette met en valeur un instrumental rageur, cajoleur, agressif ou passif, notamment en faisant briller les chromes d’une rythmique qui abat un boulot conséquent. Mo Rondelli a bien trouvé ses marques, et impose un beat fluide, syncopé, permettant aux guitares de s’exprimer à plein régime, en syncopes, en arpèges clairs, ou en riffs traditionnels. Et ce mélange de formalisme et de modernisme fait le charme d’un album qui dénote dans la production standardisée actuelle.
Il est très plaisant d’entendre autre chose qu’une énième litanie old-school. Avec des textes en français très concernés, et un chanteur à l’organe fluide et élastique, Dystopies se permet à peu près tout, même l’accrocheur bouncy sur « Les Vertueux », d’une énergie folle et d’un enthousiasme certain.
En variant les ambiances, en s’arrêtant parfois sur la case 90’s, en citant tellement d’influences qu’il devient très difficile de les identifier, ANTECHAOS continue de marcher de biais, suivant son propre chemin qui mène sur les routes d’un proto-Metalcore light (« J&H »), ou d’un Metal progressif humble et compact (« Mission Sirius »). Passionnant de bout en bout, imprévisible et versatile, ce deuxième album est une nouvelle réussite, et cache des pépites atmosphériques ou au contraire explosives.
Très à l’aise dans son époque, mais tenant fermement à son particularisme, ANTECHAOS compose hors du temps, et nous déroule le tapis d’un monde en proie au marasme le plus profond, mais aux couleurs pastels. Cette dualité entre une thématique sombre et une musique solaire est l’un des atouts majeurs de cet album, qui donne vraiment l’impression de porter en lui les derniers espoirs de l’humanité.
Et la question se pose.
Reste-t-il encore de l’humanité sur cette planète ? Les scandales environnementaux, politiques et sociaux se multiplient, mais pourtant, on sent que la violence cache encore un semblant d’empathie, qu’on ne remarque plus puisque le temps file trop vite. Une sensation très bien traduite par l’énervé et haché « Le Siècle des Lumières », qui s’arroge le droit de citer DREAM THEATER dans le texte, et qui se pose en hymne d’une fin d’album aussi fascinante que son entame.
« Renaissance », « Métavers », « Rédemption », autant de termes qui sont abondamment utilisés depuis des années, et mélange de physique quantique, d’émotions primales et de désirs fondamentaux. Alors que les écrans remplacent les êtres, que les plateformes de streaming écrasent les formats physiques, ANTECHAOS injecte un peu d‘humanisme dans cet univers factice, utilisant les outils modernes pour décrire des émotions éternelles.
Taillé pour le live, ce répertoire est aussi punchy qu’il n’est poétique. Sacré réussite pour le quintet qui a relevé le défi imposé par Apocalypse, et confirme qu’il a le potentiel d’un leader. D’une tête d’affiche. D’une bête de festivals.
Et ça, ça n’a rien d’une dystopie.
Titres de l’album :
01. Memento Mori
02. Renaissance
03. Métavers
04. Rédemption
05. In Vivo
06. Delta Zone A
07. Dystopie
08. Les Vertueux
09. J&H
10. Mission Sirius
11. Le Siècle des Lumières
12. Héros
13. Cadavre Exquis
Bandcamp officiel
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