Le label italien Frontiers s’est fait une spécialité il y a quelques années (à l’instar de Magna Carta d’ailleurs), en choisissant de monter des supergroupes, piochant dans son réservoir quasi inépuisable de figures centrales du Heavy Metal et du Hard Rock pour alimenter son bestiaire fantastique. Si bien souvent, tout ceci relevait du plaisir egocentrique pur et simple de créer des all-star-casts de toute pièce, parfois, l’alchimie fonctionnait, et nous présentait de temps à autres les évènements auxquels nous étions en droit d’attendre. Mais à l’image des films chorale reposant sur la réputation de nombreuses têtes d’affiche, l’osmose n’était pas toujours tangible et le résultat redondant, voire complétement stérile. Mais s’il est un projet qui doit faire la fierté de Serafino, c’est bien celui de W.E.T., puisque dès 2009, le projet a enfilé les perles autour du collier de la qualité, ne démentant à aucun moment le talent de chacun de ses participants. Et excusez du peu, puisque ces initiales cachaient en effet dès le départ l’identité de musiciens au background célébré, du « W » de WORK OF ART de Robert Säll, au « T » de TALISMAN de l’immanquable Jeff Scott Soto, en passant par le « E » d’ECLIPSE du génial Erik Mårtensson. Entouré du guitariste Magnus Henriksson (ECLIPSE) et du batteur Robban Bäck (MUSTACH), le trio s’est constitué un répertoire splendide, évoluant autour de deux albums célébrés par la critique et acclamés par le public, le premier en 2009, et Rise Up, le second en 2013. Tous très occupés au sein de leur formation principale, et souvent dispersés dans des side-project parfois très ambitieux (SONS OF APOLLO pour Jeff, AMMUNITION pour Erik), les trois/cinq musiciens prennent toujours un plaisir certain à se retrouver pour composer sous la houlette du label italien, avide de sorties pour combler les attentes de fans de plus en plus nombreux et endurcis. C’est ainsi que depuis hier, le troisième album du projet est enfin sorti sur le marché, sous la forme de onze titres n’entachant en rien la réputation immaculée du concept.
On pouvait craindre que les années n’émoussent l’enthousiasme des principaux participants, mais cet Earthrage à la pochette délicatement bleutée prouve que la passion prend souvent le pas sur la raison. Sans s’éloigner de leur culture propre et des axes choisis lors des sessions précédentes, W.E.T. parvient une nouvelle fois à se renouveler dans la continuité, et franchit le virage serré du troisième album avec un panache à faire rougir les plus grandes formations établies. Produit, enregistré, mixé et masterisé par Mårtensson lui-même aux Blowout Productions studios, Earthrage n’est rien de moins qu’un condensé extraordinaire de tout ce que le Hard Rock mélodique peut proposer de meilleur depuis ses origines, adoptant une démarche contemporaine pour ne pas sonner trop passéiste. C’est donc avec un bonheur certain que nous retrouvons cette guitare mordante, ce chant passionné mais sincère et cette rythmique mouvante mais cognante, pour une nouvelle dose de tubes made in USA/Sweden, histoire de relier l’Amérique et l’Europe dans un même élan lyrique. Rien à jeter une fois de plus, pas de remplissage à craindre, d’autant que le trio de base a choisi avec beaucoup de flair de jouer la concision, en restant dans la mesure des quarante-cinq minutes règlementaires. Un seul titre passant la barre des cinq minutes, pour un défilé de savoir-faire de très grande classe, qui justifie le fait que les fans prennent souvent ce projet pour un groupe à part entière, ce qu’il n’est assurément pas. Et Jeff a été très clair là-dessus, leurs emplois du temps ne leur permettant pas de se consacrer corps et âme à l’aventure, beaucoup trop occupés à tourner avec leur groupe régulier, et à mettre sur pied de nouveaux concepts. Mais même en tant que side-project de luxe, W.E.T. dame toujours le pion avec une insolence crasse, et toise de sa superbe la production actuelle en ne faisant que ce qu’il sait faire de mieux. Une musique pleine, riche, variée, hautement mélodique, mais concrètement puissante.
On retrouve donc sur ce troisième volet tout ce qui a fait la gloire des deux premiers, cette classe internationale de cadors en pleine possession de leurs moyens, et surtout, cette capacité à débusquer des mélodies et harmonies séduisantes mais pas mièvres pour autant, et à synthétiser dans un même élan de créativité la hargne d’un Heavy vraiment durci, la fièvre d’un Hard-Rock que rien n’apaise, et la douceur d’approche d’un AOR ne cherchant jamais dans la Pop les excuses de ses faiblesses. Pourtant, certains morceaux s’apparentent toujours à des Pop-songs traduites dans un vocable Rock, à l’image de cet irrésistible « Dangerous », qui ose le refrain hautement radiophonique, mais ces instants sont irrémédiablement contrebalancés par des charges bourrues, ce que démontre sans ambages l’ouverture tonitruante « Watch The Fire », qui déclenche l’incendie en toute connaissance de cause. Et derrière cette énorme production se cache un travail d’orfèvres, qui cisèlent des titres aux contours travaillés, parfaits écrins pour la guitare volubile du suédois, et pour la voix toujours aussi chaude et veloutée de l’américain, qui semblent se tirer la bourre de piste en piste sans tirer la couverture à eux. S’il est évident que le maître d’œuvre de cette entreprise reste ce fantasque guitariste responsable des plus grandes réussites d’ECLIPSE, l’équilibre factuel entre la répartition des rôles témoigne d’une union tout à fait légitime et d’une parité incontestée, tant chaque intervenant dispose de l’espace nécessaire pour s’exprimer. Ce qui donne lieu à l’accouchement de pépites made in 80’s, dont le sautillant « Burn » et sa basse rutilante n’est pas le moindre exemple. Mais la qualité est si élevée qu’il en devient très difficile d’extirper une chanson plutôt qu’une autre, même si toutes ont leur cachet propre. Et de moments d’émotion contrôlés évoquant le parcours remarquable des trois musiciens (« Elegantly Wasted », qu’un PRETTY MAIDS inspiré aurait pu signer), en accès d’énergie débridée martelant un riff digne d’EXTREME en guise de mantra et pilonnant une rythmique swinguante sans perdre de son impact (« Urgent », pas du FOREIGNER, plutôt du GOTTHARD), le bilan est une fois de plus parfait, nous forçant même à nous interroger sur l’ascension sans interruption du groupe.
Comment parviendront-ils à surpasser ce nouvel album sans tomber dans la redite, ou connaître un petit moment de faiblesse ? C’est la question qu’on se pose à chaque nouveau LP de W.E.T. et Earthrage ne fait pas exception à cette règle. Pourtant, et on le sait de source sure, la réponse est évidente et se trouve cachée dans l’approche qu’ont les musiciens de cette aventure, la prenant pour un cadeau, et non une vérité établie. C’est cette sincérité et cette envie qui font les grands albums, et les grandes chansons que nous avons toujours le plaisir de découvrir de leur part, et si quelqu’un arrive à m’expliquer comment on peut composer des trucs aussi immédiats que réfléchis comme « Calling Out Your Name » ou « I Don't Wanna Play That Game », je comprendrai peut-être pourquoi BON JOVI n’est plus parvenu depuis des années à en atteindre le niveau…Il est toujours incroyable de constater qu’un disque ne contient aucun temps mort ni coup de mou, mais ce troisième chapitre de la saga des internationaux a de quoi laisser interloqué, tant on assiste médusé à une montée en puissance constante que rien ne semble pouvoir enrayer. Et s’il fallait en passer par un nombre conséquent de concepts pluriel imposés mais déjà usés par le label italien pour obtenir un W.E.T., alors le processus en valait la peine. Vraiment. Un disque qui rend heureux, et qui éclaire chaque journée qu’on pensait gâchée d’un soleil enflammé.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09