Oui, je le sais, vous allez encore dire que je vous rebats les oreilles et les genoux avec un énième combo de revival Thrash, old-school comme il faut, qui recycle les idées et thèmes développés il y a trente ans sans vergogne ni cigogne pour annoncer le nouveau messie qu’il n’est pas.
Mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas et on headbangue. Et puis, dans la marée grouillante de groupes du cru qui se noient dans la déférence et les influences sans oser s’accrocher à leur bouée personnelle, quelques-uns parviennent à surnager sans trop forcer ni nous étouffer sous des vagues déjà ressassées.
Ah et puis surtout, je fais ce que je veux, c’est ma chronique, et en plus, nous sommes dimanche, il pleut, alors c’est comme ça vieux.
Aujourd’hui, direction Brème, Allemagne, nation berceau d’un Thrash fatal qui n’a de cesse de courir après sa propre légende.
Là-bas, nous y rencontrerons un quintette assez béton, qui n’a pas oublié comment tournaient les sidérurgies de tonton, et qui continuent de débiter du Thrash au kilomètre sans se demander ce qu’il adviendra de leur production.
Les SKULLED existent donc depuis 2008, et l’union de Tim, batteur, d’Olli, guitariste de Lenz, bassiste, et d’un premier guitariste rythmique Fubsi.
Depuis, la formation a évolué, et se présente sous la forme d’une association entre les fondateurs Olli, Lenz, Tim, et les nouveaux venus Jannes (rythmique) et Nordic (chant). Après une première démo publiée en 2013, Demo(n) Inside, un premier LP autoproduit a vu le jour, très explicitement intitulé Chaos Through Order, qui annonçait clairement la couleur.
Laquelle ? Celle d’un Thrash sans concession, plutôt aéré et pas forcément arc-bouté sur ses positions, mais perméable à des influences Heavy de bon ton. En gros, un savant panachage d’influences nationales et de fluidité typiquement Américaine, pour un résultat homogène et bien huilé, qui s’est vu perfectionné pour aujourd’hui atteindre une maturation logique, sur ce deuxième LP subtilement baptisé Eat Thrash. Et sous une cocasse pochette signée du trait d’Andrei Bouzikov se cache un LP direct, mais pas sans fioritures, qui donne dans l’endurance sans manquer d’ouverture, et qui se veut aussi radical qu’à portée maximale. En gros, un Thrash bien ficelé, qui suinte de ses propres références, mais qui avance tout en se retournant pour ne pas être suivi de trop près par les groupes dont il s’est inspiré.
La principale référence à placer d’emblée, est celle de SLAYER, auquel certains riffs efficaces de ce LP font honneur, sans toutefois trop piocher dans les bibles Reign In Blood ou Seasons In The Abyss. D’ailleurs, les SKULLED se font un point d’honneur à rester campés dans leur époque en citant les TRIVIUM, ALESTORM, au même niveau que les sempiternels PANTERA, KREATOR ou METALLICA et ANTHRAX. Ce qui n’est pas faux, tout en n’étant pas totalement vrai. Leur Thrash est plutôt vintage, avec ses fréquentes allusions aux historiques ASSASSIN, pour cette franchise rythmique qui flirte parfois avec le Thrashcore sans tremper ses médiators dedans.
Vélocité, férocité, précision et radicalisme de saison, telles sont les mamelles de ce Eat Thrash qui en effet va vous en faire bouffer, sans pour autant occulter le ménagement de titres Heavy avenants qui offre des pauses ventilant le tout (« Shell Shock », et ses sept minutes progressives et évolutives, qui rappellent tout autant OVERKILL qu’ACCUSER, sans oublier de citer les contemporains MACHINE HEAD dans les pressions les plus intenses).
Mais avant d’en arriver là, les SKULLED vous auront au préalable bien laminé le cerveau à grands coups de BPM hystériques et historiques, notamment sur cette entame plus Hanneman/King que nature, « Death, Destruction », qui en effet ne fait ni dans le détail ni la préservation.
« Eat Thrash », tout en étalant quelques plans plus posés et modernisés, garde cette emprunte SLAYER sous ses pas, mais l’agrémente d’une petite touche EXUMER tailladée KREATOR de bonne humeur, pour une valse en syncopes de première bourre qui déclare tout son amour à un style auquel nous faisons tous la cour.
Entre l’ambition et la concision, les Allemands n’ont pas choisi, et osent le clin d’œil potache qui groove d’un Thrash saccadé et accéléré (« Kate Mosh », le genre de truc que les MUNICPAL WASTE auraient exhibé avec fierté), tout en se laissant dériver sur des courants plus élaborés (« Revengeance », ça fait beaucoup dans le néologisme, mais ça effleure le fantôme encore vivant de SODOM accroché aux chaînes d’un TANK qui ne veut pas disparaître).
Plus embourbé, « Protect & Serve » suggère plus un clin d’œil un peu trop appuyé en direction du NUCLEAR ASSAULT le mois énergique à l’assaut, malgré une jolie scie circulaire de riffs en gerbes à la OVERKILL, tandis que « R.A.W. » redécolle pour nous emporter vers les paradis concassés d’un Heavy Power à la grosse basse qui racole lors des passages les plus francs, mélangeant avec flair Hardcore d’enfer et Thrash fier.
Un soupçon de mélodie louche à la TESTAMENT/KREATOR sur le bien nommé « Riot Of The Rats », des riffs et un up tempo ultra catchy sur « Guts On Wheels », en gros, un tableau exhaustif qui n’évite pas la redite ou la citation trop flagrante, tout en proposant un survol respectueux, mais qui sait rester nerveux.
Certains reprocheront un chant peut-être un peu trop linéaire et approximatif, mais de son phrasé précis et coulé, Nordic sait s’adapter, et pousser quelques gueulantes suraiguës bien amenées. De leur côté les deux guitaristes se montrent intelligemment complémentaires et la rythmique assure une cohésion endroit/envers, qui pilonne le Heavy et le Mosh comme elle explose de pulsions mortifères.
En gros, un quintette à l’aise, qui sans remettre les pendules à son heure, accepte le fuseau universel et dessine son propre méridien entre Thrash sans pitié et Powercore assumé.
Un second album qui confirme donc le potentiel d’un groupe sympathique, adepte de la tradition de son pays, mais qui sait l’adapter à d’autres horizons.
Plus section hystérique que crossover historique, les SKULLED avec Eat Thrash font le job, sans vous gaver pour ne pas trop vous écœurer, vous laminent, vous bousculent, vous illuminent et vous basculent, de déhanchés groovy et de pointes de vitesse qui vous laissent ahuris.
A table !
Titres de l'album:
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