Eater

Redreigner

31/10/2022

Autoproduction

Saluons comme il se doit l’arrivée d’un nouveau venu sur la scène Death mondiale, et un nouveau venu qui n’a pas la langue ou les riffs dans sa poche. Loin des facilités old-school, loin de la simple copie floridienne ou suédoise, REDREIGNER nous propose une musique plus moderne, plus féroce, et surtout, beaucoup plus accrocheuse. Entre les gimmicks Heavy d’une guitare volubile et les grognements rauques d’un chanteur à la limite de la rupture Hardcore, Eater bouffe tout ce qui passe à portée de sa gueule, comme un alligator lâché dans un marais grec.

Quintet athénien, REDREIGNER vient donc mettre un petit grain de sable dans les rouages d’une machinerie trop bien huilée, et nous éloigne des turpitudes nostalgiques qui commencent méchamment à nous les briser. Sans faire preuve d’une audace particulière autre qu’un désir flagrant de composer de véritables morceaux, ces cinq musiciens (Tasos Karamichalis - basse, Chris Dovas - batterie, Petros Tzatzas & Constantine Jajas - guitares et Paschalis Christofilos - chant) nous offrent donc un premier longue-durée de grande classe, émaillé d’interventions techniques délicieuses et parsemé de mélodies amères. 

On remarque immédiatement une production claire et précise, une rythmique qui ne faiblit jamais, et une complémentarité entre deux guitaristes qui s’éloignent des riffs prédigérés d’une culture remontant à la fin des années 80. A l’aise dans son époque, le groupe préfère donc aborder la problématique avec un regard neuf, plutôt que de s’enterrer sous une photocopieuse qui commence à montrer des signes de fatigue. Et lorsque le rouleau compresseur fonctionne à plein régime sur « The Morbid Statistic », les tympans en prennent un coup, mais le moral connait une embellie face à tant de sauvagerie Heavy.

D’ailleurs, on a souvent le sentiment d’avoir affaire à un album de Heavy méchamment corsé, et incluant des éléments de Death, de NOLA, de Thrash, et de tout ce que l’extrême peut proposer de plus efficace. Ce qui a le don d’attirer l’attention et de la garder, Capable de lâcher hit sur hit, la formation se permet tous les arrangements, les silences, les syncopes, les constructions en gigogne, une basse prédominante, et un léger parfum industriel qui transforment le title-track en boucherie absolue.

Ça saigne mais proprement et ça s’écoule dans les égouts. Inutile de vous accrocher à un quelconque rêve Gore ou Brutal Death, REDREIGNER aime se montrer compréhensif, et louche plus vers la fin des nineties que sur le livre noir des années 89/91.

Un peu MORBID ANGEL dans l’esprit, celui des années claires et nettes, provocateur dans l’âme par ce refus des convenances d’actualité, REDREIGNER en appelle au sens du groove du CARCASS le plus efficace, et nous livre une prestation de haute volée. Rien ne manque, ni les chœurs collégiaux ni les accélérations brutales, les plans sont catchy en diable et l’osmose entre les musiciens est tangible lorsque les idées se concentrent. On savoure les interventions d’un batteur en perpétuelle démonstration, on loue le travail d’une paire de guitaristes qui tirent de leurs instruments des thèmes plus séduisants que les sempiternelles tranches de mort encore congelées, et l’audace d’un bassiste qui ose s’affirmer dans ce magma ambiant.

Tout repose ici sur un rythme chaloupé, parfois bestial mais toujours impartial, et une recherche de mélodie et de précision. Loin des brouets indigestes de l’école vintage qui se contente de réciter sa leçon avec application, REDREIGNER fait honneur à sa pochette originale en jouant un Death Metal qu’on pourrait envisager comme le meilleur compromis entre les tendances allemande et américaine. Un sens de l’à-propos affuté, des morceaux qui restent dans le crane et qui mixent finement le Heavy le plus mordant, le Death le plus aplatissant et le Thrash le moins vexant (« Breed of Anger »), ou qui s’énervent en pestant rythmiquement (« Redreigner », sacré hymne pour des concerts à venir).

Une musique qui fait plaisir, et un peu d’air frais qui aère cette pièce sentant méchamment le renfermé. La preuve aussi que tous les groupes ne souhaitent pas forcément marcher religieusement dans les pas de leurs aînés, même si quelques influences notables se laissent remarquer. Mais un premier album plein de flair, élaboré avec soin, et qui se termine sur un massacre en règle (« The Myst »). Death progressif ou évolutif, parfois technique, et joué par des musiciens vraiment passionnés par leur travail. 

Je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait attendre de plus d’un premier album.

 

         

Titres de l’album :

01. Wound Closure

02. The Morbid Statistic

03. Eater

04. Futile Cause

05. Breed of Anger

06. Redreigner

07. The Myst


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par mortne2001 le 03/06/2023 à 17:58
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