Saluons comme il se doit l’arrivée d’un nouveau venu sur la scène Death mondiale, et un nouveau venu qui n’a pas la langue ou les riffs dans sa poche. Loin des facilités old-school, loin de la simple copie floridienne ou suédoise, REDREIGNER nous propose une musique plus moderne, plus féroce, et surtout, beaucoup plus accrocheuse. Entre les gimmicks Heavy d’une guitare volubile et les grognements rauques d’un chanteur à la limite de la rupture Hardcore, Eater bouffe tout ce qui passe à portée de sa gueule, comme un alligator lâché dans un marais grec.
Quintet athénien, REDREIGNER vient donc mettre un petit grain de sable dans les rouages d’une machinerie trop bien huilée, et nous éloigne des turpitudes nostalgiques qui commencent méchamment à nous les briser. Sans faire preuve d’une audace particulière autre qu’un désir flagrant de composer de véritables morceaux, ces cinq musiciens (Tasos Karamichalis - basse, Chris Dovas - batterie, Petros Tzatzas & Constantine Jajas - guitares et Paschalis Christofilos - chant) nous offrent donc un premier longue-durée de grande classe, émaillé d’interventions techniques délicieuses et parsemé de mélodies amères.
On remarque immédiatement une production claire et précise, une rythmique qui ne faiblit jamais, et une complémentarité entre deux guitaristes qui s’éloignent des riffs prédigérés d’une culture remontant à la fin des années 80. A l’aise dans son époque, le groupe préfère donc aborder la problématique avec un regard neuf, plutôt que de s’enterrer sous une photocopieuse qui commence à montrer des signes de fatigue. Et lorsque le rouleau compresseur fonctionne à plein régime sur « The Morbid Statistic », les tympans en prennent un coup, mais le moral connait une embellie face à tant de sauvagerie Heavy.
D’ailleurs, on a souvent le sentiment d’avoir affaire à un album de Heavy méchamment corsé, et incluant des éléments de Death, de NOLA, de Thrash, et de tout ce que l’extrême peut proposer de plus efficace. Ce qui a le don d’attirer l’attention et de la garder, Capable de lâcher hit sur hit, la formation se permet tous les arrangements, les silences, les syncopes, les constructions en gigogne, une basse prédominante, et un léger parfum industriel qui transforment le title-track en boucherie absolue.
Ça saigne mais proprement et ça s’écoule dans les égouts. Inutile de vous accrocher à un quelconque rêve Gore ou Brutal Death, REDREIGNER aime se montrer compréhensif, et louche plus vers la fin des nineties que sur le livre noir des années 89/91.
Un peu MORBID ANGEL dans l’esprit, celui des années claires et nettes, provocateur dans l’âme par ce refus des convenances d’actualité, REDREIGNER en appelle au sens du groove du CARCASS le plus efficace, et nous livre une prestation de haute volée. Rien ne manque, ni les chœurs collégiaux ni les accélérations brutales, les plans sont catchy en diable et l’osmose entre les musiciens est tangible lorsque les idées se concentrent. On savoure les interventions d’un batteur en perpétuelle démonstration, on loue le travail d’une paire de guitaristes qui tirent de leurs instruments des thèmes plus séduisants que les sempiternelles tranches de mort encore congelées, et l’audace d’un bassiste qui ose s’affirmer dans ce magma ambiant.
Tout repose ici sur un rythme chaloupé, parfois bestial mais toujours impartial, et une recherche de mélodie et de précision. Loin des brouets indigestes de l’école vintage qui se contente de réciter sa leçon avec application, REDREIGNER fait honneur à sa pochette originale en jouant un Death Metal qu’on pourrait envisager comme le meilleur compromis entre les tendances allemande et américaine. Un sens de l’à-propos affuté, des morceaux qui restent dans le crane et qui mixent finement le Heavy le plus mordant, le Death le plus aplatissant et le Thrash le moins vexant (« Breed of Anger »), ou qui s’énervent en pestant rythmiquement (« Redreigner », sacré hymne pour des concerts à venir).
Une musique qui fait plaisir, et un peu d’air frais qui aère cette pièce sentant méchamment le renfermé. La preuve aussi que tous les groupes ne souhaitent pas forcément marcher religieusement dans les pas de leurs aînés, même si quelques influences notables se laissent remarquer. Mais un premier album plein de flair, élaboré avec soin, et qui se termine sur un massacre en règle (« The Myst »). Death progressif ou évolutif, parfois technique, et joué par des musiciens vraiment passionnés par leur travail.
Je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait attendre de plus d’un premier album.
Titres de l’album :
01. Wound Closure
02. The Morbid Statistic
03. Eater
04. Futile Cause
05. Breed of Anger
06. Redreigner
07. The Myst
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49