La Pentecôte commémore la « descente de l'Esprit saint » sur les premiers chrétiens, événement symbolisant la naissance de l'Eglise. Et m’est d’avis que les truands auxquels j’ai eu affaire ce matin n’en ont franchement rien à carrer. Originaires de Finlande, les UNEARTHLY RITES ne considèrent la vie que sous ses aspects les plus craspecs, déprimants, résignés, plombant, et même écœurants. C’est en tout cas ce que semble vouloir dire leur premier album, aussi sombre qu’il n’est glauque, et aussi distordu qu’il n’est bossu.
Nul ne sait vraiment d’où viennent Sisli (chant), Santtu & Simo (guitares), Jennika (basse) et Tapsa (batterie), mais tout le monde sait ce qu’ils cherchent : à repousser les limites d’un Death Metal tirant parfois sur le Crust, et payant son tribut à toute la vague immonde des Etats-Unis, celle qui se déverse dans les égouts de l’humanité, en charriant son lot d’immondices et de déjections. Et Ecdysis est une sacrée déjection.
Je dirais même plus. Une sacrée chiasse.
UNEARTHLY RITES se sent très bien sur son label qui n’a de cesse de nous abimer les oreilles de ses productions toujours plus radicales. Ce Death cryptique dont il est difficile de discerner les contours est à l’image de cette pochette, en noir et blanc aussi contrasté qu’un flyer imprimé à la hâte sur une photocopieuse fatiguée, et qui nous offre la vue d’un cadavre face à une zone industrielle fonctionnant pleine bourre. Tout ça nous rappelle le séminal Slowly We Rot d’OBITUARY, à une exception près. OBITUARY est un groupe de Power-Pop en comparaison.
Avec un logo indéchiffrable qui affilie immédiatement le truc au Death le plus nauséabond, voire au Goregrind le plus nippon, UNEARTHLY RITES ne prend aucun risque, et balise son terrain. Une friche abandonnée près des quais, où sont certainement enterrés pas mal de cadavres anonymes. Et c’est après une intro en boucan majeur que le boucan frondeur commence. Une basse qui ronronne comme un chat asthmatique, deux guitares qui pourraient être des basses au jugé de leur tonalité, et évidemment, un chanteur qui dégueule dans un micro de fortune payé avec un chèque en bois.
S’enfonçant dans le marigot le plus putride du Death made in Europe du Nord, le quintet développe sur ce premier long des arguments béton, celui qu’on coule sur les pieds d’un traître avant de le balancer dans la rivière. Une rivière salement polluée par les rejets chimiques de l’usine d’à côté, et qui rappelle le Birmingham le plus industriel et fou des années 80.
Un peu comme si AUTOPSY avait fait un long stage en Angleterre en validant son diplôme quelque part dans les rues de Portland, Ecdysis est une formation en horreur majeure, qui n’a cure du solfège, de la propreté de production, ou toute autre considération futile. Tremblant des murs comme une guerre menée aux infrabasses, ce premier long est un antidote imparable à la joie de vivre, et sonne parfois comme un Crust joué morbide pour honorer les racines nordiques.
Savourez pour l’exemple le dégueulasse « Fuck Ecofascism », qui en dit long sur les opinions de ces gens charmants. Entre une charge pachydermique qui tasse les vertèbres et une longue litanie en hommage à cette pollution rampante qui va tous nous bouffer, ce titre est sans doute l’acmé d’une formule extrême qui ne tolère aucune précision, ni clarté dans les positions. En combinant Heavy putride et accélérations fétides, le quintet joue la carte de la provocation rythmique, et de l’irritation anti-musicale.
Très vilain, ce disque est parfait pour sonoriser un lundi chômé qui à coup sûr va nous faire chier. La pluie, l’absence d’opportunités, des loisirs en berne, et une actualité toujours plus préoccupante et dramatique, il n’en faut pas plus pour que le virus de la psychose ne s’insinue dans notre organisme pour nous faire voir la vie en (très) noir et (pas beaucoup) blanc.
L’existence peut être pour certains une épreuve permanente dont on sort forcément perdant. Certains perdent très tôt, d’autres continuent de parier jusqu’à un âge avancé, mais quoi qu’il en soit, l’issue reste la même. On crève, dans son lit, à l’hôpital, dans la rue, ou le long d’un canal.
Et la chair pourrit. Et l’odeur empeste. Et UNEARTHLY RITES s’en réjouit, jouant son Death comme un rat transmet la peste.
Titres de l’album :
01. Hellscape
02. Deep Drilling Earth's Crust
03. The Master's Tools
04. Ecdysis
05. Capitalocenic Nightmare
06. New Venus
07. Fuck Ecofascism
08. Sacrifice Zones
09. Doomed
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