On dit toujours qu’on ne peut pas juger un livre sur sa couverture. Réflexion pleine de sens tant les images et les mots ne s’accordent pas toujours, en thématique ou en qualité. La même problématique existe aussi en matière de musique, puisque nombre de pochettes fantastiques ont caché un contenu routinier, laborieux, ou carrément trompeur sur la marchandise. Pourtant, au moment de juger du quatrième album des allemands de CHAPEL OF DISEASE, je ne peux m’empêcher de penser que cette superbe pochette stellaire est la meilleure description silencieuse du voyage qui vous attend une fois le disque posé sur la platine.
Rien ne prédisposait pourtant CHAPEL OF DISEASE à une telle ouverture. Comme beaucoup de leurs aînés, les allemands ont commencé leur carrière en jouant un Death Metal certes abordable, mais relativement classique. Aujourd’hui, bien téméraire sera celui qui essaiera de leur coller une quelconque étiquette sur le dos. Car le trio/quatuor de Cologne a tellement ouvert ses chakras qu’il en devient universel, et susceptible de plaire au plus grand nombre.
Et pas uniquement aux fans d’extrême, loin de là.
Enregistré entre octobre 2022 et janvier 2023 aux Q7 Studios avec Michael Zech (THE RUINS OF BEVERAST, SECRET OF THE MOON) par ses trois membres fondateurs (Laurent T.- guitare/chant/base/claviers, Cedric T.- guitare et David D.- batterie), Echoes Of Light fait donc suite aux trois premiers albums du trio, et se place immédiatement en haut-fait d’une carrière qui donne le sentiment de commencer aujourd’hui. Les six ans de silence le séparant d’...and As We Have Seen the Storm, We Have Embraced the Eye ont remis les compteurs à zéro, et c’est un groupe transfiguré qui nous revient aujourd’hui, l’inspiration en brassard et la colère en étendard.
Dans un désir de facilité et de raccourci, on pourrait enfermer les allemands dans la grande cage du Death Progressif. Mais quelque chose dans la complexité des arrangements et l’agencement des harmonies guide sur la piste d’un Heavy Metal agressif, puissant, alambiqué et pourtant d’une franchise remarquable. Pour parvenir à cette constatation, nul besoin de démultiplier les écoutes et de disséquer chaque passage. Un simple coup d’oreille à « A Death Though No Loss », poupée gigogne à la russe avec ambiances chaleureuses et déviations Rock des seventies suffit à appréhender la réalité des faits. CHAPEL OF DISEASE embrasse tous les courants, toutes les époques, et refuse de se laisser cantonner à un registre trop précis.
Et cette sensation de liberté est totalement enivrante.
De la même façon qu’a eu OPETH de négocier les virages, pour devenir aujourd’hui le monstre d’indépendance qu’il incarne, CHAPEL OF DISEASE accepte d’ouvrir la porte au Hard-Rock classique, au Heavy classieux, au Death Metal ombrageux, pour mieux mélanger les éléments dans un immense fait-tout créatif. Avec à sa tête le multi-instrumentiste de génie Laurent T., le groupe propose des déviations fascinantes, et un trip complet pour le simple prix d’un billet. En aller simple s’entend.
Echoes Of Light est donc de ces œuvres qu’on redécouvre à chaque écoute. Le travail accompli sur les guitares est tout simplement phénoménal, et la pureté de leur son n’a d’égal que la beauté des soli qui s’évaporent dans les nuages. La production de l’album, exemplaire, met en relief le son clair, sans brider la distorsion, et lorsque le trio s’envole, vous volez avec lui, au son du lumineux « Shallow Nights », qui donne le sentiment que PINK FLOYD pourrait bien avoir trouvé son héritier le plus direct.
Des noms viennent évidemment à l’esprit, autres que ceux déjà employés dans cette chronique, mais aucun ne saurait définir le talent de compositeurs en roue libre, mais qui ne confondent pas complaisance et ouverture d’esprit. Chaque note semble être parfaitement à sa place, chaque arrangement apporte quelque chose au morceau, et lorsque toutes les idées se rejoignent dans un unisson harmonique, la logique devient limpide, et la démarche logique.
Et n’est-ce pas le propre de tout album Progressif digne de ce nom ?
Cette façon de jouer avec les codes du Hard-Rock pour le transformer en bête polymorphe n’est pas sans rappeler le VIRUS le plus créatif, et les allusions Rock, toujours puristes, permettent à un titre comme « Selenophile » de sonner comme un exercice proto-Metal de premier plan.
Le contraste entre cette guitare rêveuse et ce chant rauque et véhément est assurément l’un des éléments à charge le plus probant, mais même en faisant abstraction de ce décalage, l’instrumental se suffit à lui-même tant son champ d’investigation est énorme.
Pourtant, tout le monde sait très bien à quel point il est difficile de maintenir l’attention avec des chansons dépassant les huit minutes. Le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle, et à moins de s’appeler Steven Wilson ou Mikael Åkerfeldt, mieux vaut ne pas s’y frotter sans avoir aligné les étoiles. Mais les étoiles, comme le souligne cette pochette décidément très à-propos aiment les CHAPEL OF DISEASE, parce qu’ils offrent une luminosité incroyable avant de s’enfourner dans les ténèbres, comme une géante rouge devenant une naine blanche.
Echoes Of Light est donc le disque de ce mois de février. Un disque dense, immense, plein et qui redistribue l’énergie avec un sens de l’équilibre sidérant. Que ce soient les premières mesures magiques de « Gold / Dust » qui nous donnent le sentiment de ne faire qu’un avec les cordes de guitare, ou son thème principal, aussi syncopé qu’une charge virale NWOBHM, ce chant éthéré qui rappelle le meilleur CYNIC ou ces pirouettes rythmiques à la EXTOL, les combinaisons sont toutes gagnantes, et les fans aux anges.
« An Ode To The Conqueror » ne glisse pas sur la dernière marche, et se paie même le luxe d’un énorme riff bluesy à la BLACK SABBATH light, renouant ainsi avec les racines. Mais très vite, la clarté de la lune reprend ses droits, et Laurent T. bride les watts pour laisser la sensibilité s’exprimer. Un au-revoir qui clôt l’album un peu trop prématurément, mais qui permet de taper le sans-faute.
Quel extraordinaire comeback pour CHAPEL OF DISEASE qui signe là non seulement son meilleur album, mais sans doute l’un des meilleurs albums de l’année. A peine commencée certes, mais il est des signes qui ne trompent pas.
Titres de l'album :
01. Echoes Of Light
02. A Death Though No Loss
03. Shallow Nights
04. Selenophile
05. Gold / Dust
06. An Ode To The Conqueror
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20