Oserais-je un timide : il était temps ? Car après tout, les rennais de CADAVERIC FUMES existent depuis dix ans, mais un longue-durée manquait toujours à leur actif, eux qui ont pourtant déjà proposé deux EP, deux démos et même une compilation. Mais après tout, chacun se satisfait de ces formats, néanmoins les fans du groupe étaient en droit d’attendre une pitance plus conséquente. Et c’est via la boucherie suédoise Blood Harvest que ces mêmes fans vont pouvoir se rassasier, puisque ce mois de décembre voit la naissance du premier album du quatuor.
Mais en guise de longue-durée, les rennais nous proposent seulement sept titres pour trente-trois minutes de musique, soit l’âge du Christ à sa mort pour le nombre de jours ayant donné naissance au monde. C’est assez chiche, d’autant que le silence s’est imposé de la part des musiciens depuis leur dernier split de 2018 en compagnie des SKELETHAL, split sur lequel ils n’avaient posé que deux morceaux.
Mais un premier album sur un tel label se fête comme il se doit, et ne pinaillons pas sur les détails. Echoing Chambers of Soul vient donc concrétiser dix ans de carrière, et gageons que Léo Brard (batterie), Wenceslas Carrieu (guitare/chœurs), Romain Gibet (chant) et Reuben Muntrand (basse) doivent se sentir soulagés de leurs obligations contractuelles (mais pas forcément…). D’autant que leur approche formelle du Death Metal des années 90 est toujours aussi savoureuse et roots, avec ces riffs lancinants et morbides, ce chant raclé mais intelligible, et ces fréquents changements de rythme qui se rapprochent parfois d’un goût prononcé pour le Doom le plus poisseux.
Selon leur label, les CADAVERIC FUMES sont symptomatiques de cette école française du Death Metal, ce qui est assez péremptoire comme déclaration. Je dirais plutôt que le groupe a sa propre éthique, sa propre philosophie, qu’on ne rattachera à aucune école en particulier, même si un délicat parfum US se dégage de certains morceaux. Et avec une intro, le décompte tombe à six, certes conséquents et truffés de plans, mais quand même pas suffisants pour se repaître de violence sourde et de méchanceté rythmique.
Alors, on se concentre sur ce qu’on a, et on apprécie à sa juste valeur cet album qui s‘est tant fait attendre. Et une fois posé le crescendo baroque de « Exordium », « The Stirring Unknown » nous propulse dans les affres d’une bataille menée contre un traditionalisme trop formel, d’un riff circulaire un peu louche et d’un écrasement de double grosse caisse analogique en diable. On est tout de suite pris par l’ambiance, morbide à souhait, mais aussi frappé par cette intelligence de composition qui refuse l’agencement exagéré, et les enchaînements trop abrupts, et qui sait développer des humeurs, imposer des thèmes et les laisser arriver à maturation, la véritable force de ce groupe qui compose Death comme d’autres créeraient Classique ou Pop.
A la manière d’un Death progressif, Echoing Chambers of Soul est un voyage au cœur des nineties, un hommage aux grand anciens mais aussi à la scène française des MORTUARY, LOUDBLAST et consorts, et plus prosaïquement, un superbe album de Death classique sans les défauts inhérents à une nostalgie trop poussée. D’ailleurs, la nostalgie n’a pas vraiment sa place si l’on considère les titres en eux-mêmes, bourrés de références, de clins d’œil, d’automatismes ludiques, mais aussi de savoir-faire personnel et de passion sincère envers un genre qui s’est montré si volubile ces trente dernières années.
Gardant le contrôle sur des accélérations poussées, sachant écraser le pied sur le frein au bon moment, empilant les idées de façon très naturelle, Echoing Chambers of Soul est une immersion dans l’histoire la plus passionnante de ce genre brutal et cruel, mais aussi la démonstration qu’une optique passéiste peut rester fertile. On peut parfois penser à MASSACRA, à dISEMBOWELMENT, AUTOPSY, NOCTURNUS, SUFFOCATION, mais au final, on dresse le constat d’un parcours très particulier, et d’un talent artistique certain. Chant sourd mais au phrasé précis, guitare qui s’envole en solo à la MORBID ANGEL, arrangements épars pour accentuer la pression, transitions mélodiques étranges (« Waters of Absu »), lourdeur éprouvante suivie d’un mid tempo maladif et sournois (« The Engulfed Sepulcher »), pour un long final cosmique sous forme de monolithe intrigant de violence déviante (« Voidgazers »), Echoing Chambers of Soul ne laisse passer aucun défaut et fait regretter que…
Que ceci :
CADAVERIC FUMES a toujours été une bande de potes. On a commencé en trio, sans réelle ambition autre que de jouer ce Death Metal qu’on adore. Et puis nous avons sorti une démo, et notre nom a commencé à circuler dans l’underground, ce qui nous a unifié en tant que groupe. Mais l’amitié, comme la famille, connaît des problèmes parfois, et avec les années, certains d’entre nous n’ont plus fait du groupe leur priorité. Et en respect pour l’amitié qui perdure au-delà des querelles internes, nous avons décidé de refermer ce long chapitre d’une décennie en bons termes. En enregistrant l’album que nous avions promis pendant tant d’années, et dont nous avions rêvé encore plus longtemps.
Ce court communiqué du groupe pour nous annoncer que ce premier album tant attendu sera aussi le dernier, triste fin pour un groupe si prometteur qui part avec les honneurs.
RIP CADAVERIC FUMES et merci pour cette sortie en grandes pompes.
Titres de l’album:
01. Exordium
02. The Stirring Unknown
03. A Desolate Breed
04. Waters of Absu
05. The Engulfed Sepulcher
06. In Cold Astral Sleep
07. Voidgazers
Excellent groupe, sur scène c'était bien bon aussi. Et je ne dis pas ça parce que c'est breton ;)
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