Voilà qui n’est pas banal dans notre petit monde du Metal. On connaissait déjà les duos père/fils, épouse/mari, frère/sœur, frère/frère, mais on a rarement eu affaire à une collaboration entre une mère et son fils. C’est pourtant le concept qui se cache derrière VERSO, qui nous promet une complémentarité familiale et une créativité notable. Et on ne demande qu’à les croire. Déjà auteurs d’un premier EP à la belle personnalité, le duo revient aujourd’hui entamer le premier gros virage de sa carrière, avec un premier album qui s’annonce selon la bio « atypique ».
L’est-il pour autant ? D’une certaine manière oui, eu égard au mélange des composantes, mais finalement, Eclats reste entre des chemins balisés empruntés autrefois par la génération gothique des nineties, et son engeance du siècle suivant. On pense notamment à des groupes comme BIRTHDAY MASSACRE, THE MURDER OF MY SWEET, en version plus intimiste et moins blockbuster, même si le duo se réclame de KATATONIA et d’une mélancolie prononcée. Cette mélancolie est bien réelle, et en appelle à plusieurs sous-genres qui convergent ici vers un même sentiment de plénitude dans la tristesse. Mais comme le disent les suédois, « il est bon d’être triste ».
Mais triste ne veut pas dire résigné et larmoyant. Le Metal proposé par Frédérique & Gauthier Delbarre (aka Sardinas & RoyalG) est solaire, contrasté, et se partage entre ambiances confinées et pulsions de vie explosives. Entre la vague alternative allemande des années Tanz et le spleen de PARADISE LOST ou OPETH, VERSO présente son recto, et les deux faces s’assemblent sans avoir à forcer sur les pièces. Basé sur le décalage entre les deux voix, Eclats se construit aussi autour des sentiments exprimés par le duo mère/fils, l’une s’accordant très bien d’une douceur éthérée, alors que le second lui préfère des coups plus directs et des grognements bien plus réalistes.
On appréhende assez rapidement la richesse du projet. VERSO ne s’embarrasse pas d’intro inutile, et rentre dans le vif du sujet avec le puissant « Hors de Contrôle » qui vient justement contredire de son titre la maitrise totale des deux musiciens. Rythmiquement versatile, mélodiquement évanescent, ce premier album est d’un professionnalisme incontestable. Entre Metalcore, Alternatif, Symphonique et Gothique, le tracklisting ne se prive pas non plus pour utiliser des méthodes plus électroniques, histoire de s’affilier à son époque de métissage. Et lorsqu’on s’enfile jour après jour des produits old-school manufacturés, il est terriblement rafraîchissant de tomber sur un concept aussi ouvert.
Des noms tournent autour de la mémoire auditive, comme ceux de LACUNA COIL, de THE GATHERING, et la sensation de recyclage est loin d’être roborative. Les deux musiciens ayant une approche très personnelle de la composition, chaque morceau possède sa propre identité, et révèle un nombre d’idées assez impressionnant. En gros, vous voyagez, les étapes se ressemblent un peu, mais le décor est différent pour qui sait faire attention aux détails.
Toutefois, et comme dans la plupart des cas, ce premier album n’est pas exempt de défauts. Les parties les plus brutes souffrent d’une compression un peu élevée, et les réflexes conditionnés poussent les riffs les plus crus à se ressembler. C’est donc lors des passages les plus aérés que la spécificité du duo prend toute son ampleur, sur « Hallucination » par exemple, qui suggère des pastels sombres dans la veine de MIRANDA SEX GARDEN, et qui nous permet de nous envoler malgré les grognements en filigrane. C’est probablement le titre le plus proche d’une version décalée de KATATONIA, même si les deux projets ont autant de différences que de points communs.
A ce titre, le centre de l’album est d’une efficacité exemplaire. Il cache les chansons les plus contrastées, comme ce « Kikazaru » qui sait profiter d’un son clair et de silences pour imposer son ambiance tribale.
Toujours à la lisière d’un Electro-Rock et d’un Metal alternatif dur, VERSO génère une dualité intéressante, entre douceur et frayeur, des émotions très ancrées dans la réalité. C’est assurément le point fort de ce premier album, qui sait tirer parti de son ouverture d’esprit, avec toujours cet affrontement entre la voix masculine primaire et les volutes féminines légères. Le climat est donc étrange, propice à une sorte de paranoïa auditive, et finalement, entre moiteur et ténèbres brumeuses.
Un single très efficace (« Le Monde Noir »), des idées plus variables sur up-tempo qui gratouille (« Cicatrices »), et une belle osmose entre une mère et son fils, qui outre leur lien indéfectible, partagent une vision musicale qui n’appartient qu’à eux.
Si les fans d’un Metal clair et classique se sentiront mal à l’aise dans ce contexte, les autres, plus perméables aux influences extérieures trouveront leur compte dans ce tracklisting varié. Le duo plaide même « Non Coupable », conscient d’avoir averti les éventuels promeneurs de sa démarche.
Il reste quelques brèches à colmater, mais Eclats brille quand même de mille feux, et fait exploser le miroir d’Alice. Une balade dans les couloirs encombrés de décennies versatiles, mais qui ont toujours récompensé les plus curieux et aventureux. VERSO est une valeur sur laquelle on peut miser sans craindre une perte sèche et abrupte.
Titres de l’album :
01. Hors de Contrôle
02. Fear Not
03. L’Autre Moi
04. Eternel
05. Ad Vitam
06. Hallucination
07. Kikazaru
08. Le Monde Noir
09. Cicatrices
10. Dernière Braise
11. Non Coupable
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