Imaginez-vous avec une bande de potes, dans un coin complètement paumé du Delaware (oui, je sais, ça ne fait pas vraiment rêver), en panne d’essence au bord de la route, sans réseau téléphonique, sous une pluie battante. Jusque-là, on peut quand même dire que vous n’avez pas de bol. Mais soudain, vous apercevez au loin une espèce de vieille baraque à moitié décrépie susceptible de vous offrir un abri pour la nuit. « Chouette alors », pensez-vous dans votre fort intérieur déjà bien entamé par la consommation excessive de bière et l’accumulation de pensées lubriques, et vous vous dirigez d’un pas assuré vers cette masure à l’espace peu engageant, mais à la toiture assez solide pour vous protéger du néant. Sauf que pas de bol, une fois les pieds sur le porche, et la porte franchie, vous déambulez dans les pièces à la recherche d’un vieux bout de chiffon pour vous essuyer, avant de vous rendre compte que les murs de la baraque sont maculés de sang et que des ossements bizarres jonchent le sol au bois gluant. En plein remake de Texas Chainsaw Massacre, vous n’avez même pas eu le temps de remarquer la silhouette gigantesque se mouvant dans l’ombre, lorsque soudain un attendrisseur de boucher taille XXL vous tombe sur le crâne, dans un joli bruit de craquement et d’éclaboussement de cervelle. Bingo, vous avez mis les pieds là où il ne fallait pas, et êtes maintenant les victimes presque indirectement consentantes d’un maniaque rural, dont la violence n’a d’égale que la démence. Vous avez bien saisi l’ambiance du scénario ? Parce que c’est exactement ce qui vous attend à l’écoute du nouvel album des barbares ricains de SCORCHED, qui se veut l’équivalent bruitiste d’une pelloche Gore bon marché, de celles qu’on regarde justement avec des amis triés sur le volet, ne refusant jamais une bonne goulée.
Si vous êtes plus ou moins attentifs à ma prose, vous savez que j’ai déjà abordé le cas des résidents du Delaware à l’occasion de la publication de leur premier LP. J’avais dit toute l’horreur que je pensais des atrocités de ces cinq tarés, et deux ans plus tard, les revoilà plus barges que jamais, toujours armés d’un background underground fourni et déjanté. Et si Echoes of Dismemberment m’avait enthousiasmé de sa synthèse violente des courants sous-jacents, Ecliptic Butchery m’a ému au point de me donner envie de me perdre dans la campagne histoire de me soumettre à la volonté lubrique et morbide d’un psychopathe local. Comme on ne change ni une recette qui fonctionne, ni une équipe qui gagne, les cinq dépeceurs de l’extrême nous en reviennent plus remontés que jamais, et encore décidés à explorer les tréfonds de la folie humaine, via un second longue-durée qui pourrait bien donner des sueurs froides aux schizos de CANNIBAL CORPSE. Appuyant encore plus les aspects excessifs de leur barouf, les cinq serial-bruiteurs (Matt Kapa – chant, Andrew Benenati – basse, Federico Dimarco et Steve Fuchs – guitares, Matt Izzi – batterie), nous délivrent donc une performance bruyante et brillante, aux tapisseries ornées de crânes d’animaux et d’humains, histoire de ne pas perdre de vue qu’en leur compagnie, point de lendemain. Bien sûr, l’histoire se répète, et les qualités du premier LP sont toujours les mêmes, mais les SCORCHED font preuve d’une telle folie dans l’exagération qu’on craque une fois de plus pour leur Death Metal dégoulinant, toujours aussi old-school dans l’esprit et traumatisé par les exactions passées des AUTOPSY, GRAVE, ENTOMBED, CANNIBAL CORPSE, MORTICIAN, GRAVE et autres SUFFOCATION. Ici, tout empeste la mort, mais la mort joyeuse, celle qui se fête à grand coup de machette, et qui finit dans un bain d’hémoglobine à faire mouiller la comtesse Bathory.
Pas classe, mais efficace. Doté d’une production énorme et caverneuse signée Arthur Rizk (TOMB MOLD, PISSGRAVE, PRURIENT), ce monolithe de l’horreur se consomme tartare, si possible dans un vieux bunker abandonné, les yeux rivés sur les menaces émergeant de l’ombre. On y retrouve ces rythmiques franches qui se partagent entre cadence affolée et blasts démesurés, ce chant grognant et vraiment pas content, ces riffs qui tournent et virent avant de se planter dans vos viscères, et surtout cette atmosphère mortifère digne des meilleurs saillies du genre. Evidemment, la diversité n’est pas de mise, pas plus qu’avant en tout cas, même si le groupe n’a pas perdu ce flair pour planter des passages plus modulés en cours de route, histoire de vous faire croire que la porte du jardin est ouverte, alors même qu’un autre désaxé vous y attend pour vous décapiter. Ça charcle Heavy pour bien démembrer Death, et Echoes of Dismemberment trouve justement un écho digne de ses envies, spécialement lorsque le quintette travaille sa copie pour nous offrir un soundtrack digne d’un film de série B aux tripailles étalées (« Mortuary Of Nightmares », on se croirait dans un vieux Fulci retravaillé par Eli Roth). Guitares évidemment sous-sous-accordées, pour un plaisir magnifié, grattements de gorge qui font passer les éructations d’un zombi bien abimé pour un chant lyrique velouté, rythmique qui multiplie les plans pour mieux coller des pains, et résultat global d’une euphorie tangible et d’un sadisme palpable. Et si après une courte intro qui met dans l’ambiance, « Blood Splatter Eclipse » semble exposer tous les arguments de méchanceté en cinq minutes, rien ne vous empêche d’écouter le reste comme vous pourriez savourer un steak saignant un peu faisandé.
Je ne vais pas sombrer dans la publicité mensongère, et vous faire l’éloge créatif d’un album qui respecte les codes d’un Death old-school largement éprouvé, mais il se dégage de cet Ecliptic Butchery un parfum de maladie mentale très prononcé. Sorte de promenade nocturne dans un vieil hospice encore occupé par d’anciens patients pas forcément guéris mais bien remontés, ce second LP est d’une puissance à étêter un mort-vivant putréfié, et accumule les prouesses tout en restant fidèle à une approche séculaire. Soli complètement barrés, fulgurances de batterie incontrôlées, pour un tableau final qui prend des airs de portrait de famille désaxé (« Disfiguring Operations »), et performances individuelles bien allumées pour cohésion collective en massacre organisé. Faisant appel à nos instincts les plus primaires, Ecliptic Butchery fonctionne comme un porno Gore pour les oreilles, sans toutefois abandonner toute volonté de s’extirper d’une condition prédestinée (« Barbarous Experimentation », que les médecins du Camp 731 auraient pu utiliser comme petite musique de fond pour leurs horribles expérimentations). En gros, un énorme Death épais comme une cuisse gironde détachée du reste du corps, efficace comme un coup de massue sur les cervicales, et glauque comme des parois ruisselant de la sueur de victimes au destin funeste. Un jeu de rôle violent mais drôle, ou personne n’est dupe du second degré, ce que prouvent d’ailleurs en amont des photos promo irrésistibles que les OBITUARY de l’époque Slowly We Rot auraient pu diffuser. Et comme en plus, l’artwork a encore été soigné, vous n’allez pas faire la fine bouche et tergiverser. SCORCHED, une autre idée de la vie. Après la mort évidemment.
Titres de l'album :
1.Blood Splatter Eclipse
2.Disfiguring Operations
3.Astral Savior
4.Bodies Collect
5.Exhibits Of Torture
6.Mortuary Of Nightmares
7.Darkness Infests
8.Barbarous Experimentation
9.Dissected Humanity
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