Si le nom de LIMBES ne vous dit rien, celui de BLURR THROWER vous titillera sans doute plus. Fleuron de la scène BM française, tête de gondole des Acteurs de l’Ombre, le projet a fini par se débaptiser pour devenir cette définition :
Séjour des âmes des justes avant la Rédemption, ou des enfants morts sans baptême.
LIMBES n’est donc pas un nouveau départ, mais une continuité logique, celle du travail remarquable de Guillaume Galaup, musicien omnipotent, mais être humain bourré de traumas. Ainsi, ce nouveau concept résulte d’un état psychologique instable, parfaitement résumé en quelques lignes sur le Bandcamp de l’album :
[Ecluse] est marqué par le diagnostic psychiatrique de son auteur amenant à la prise lourde de neuroleptiques, générateur d’une chute d'acuité émotionnelle durant son écriture. La narration de l'œuvre s’inspire alors des travaux de Kübler-Ross.
Mais aussi :
[Ecluse] illustre autant un constat de narcissisme, de toxicité, d’une passion hypersensible, que du besoin de pénitence qui en découle suite à une prise de conscience brutale.
L’album relate un chemin de croix pour son auteur qui, après une vie de traumas, d’une moralité déviante et d’erreurs graves, se doit urgemment d’être en paix.
Les mots sont posés, ne restent plus aux maux qu’à faire leur office. Narcissisme, chemin de croix, traumas, moralité, ainsi coule la rivière de la douleur, et le résultat musical n’en est que plus effrayant. Dans sa grande tradition d’occupation de tous les postes, Guillaume nous a une fois de plus entraînés dans ses enfers personnels pour nous faire ressentir son mal-être mais aussi son envie de catharsis.
Pochette façonnée par Dehn Sora (TREHA SEKTORI, OVTRENOIR), contenu à la hauteur du contenant, pour une première salve de production des Acteurs de l’Ombre, qui doivent secrètement se réjouir de cette déviance. En effet, on trouve dans ces quatre morceaux tout ce qui a fait la force de ce musicien indépendant et farouchement sauvage. Des sons qui s’imbriquent comme des briques dans un mur moral, ces hurlements semblant émerger d’un cauchemar éveillé, ces rythmiques épuisantes de blasts qui contrebalancent des riffs éthérés, et ces longues progressions qui sont autant de pas difficiles et lourds sur le chemin de la rédemption, sans parler encore de guérison.
LIMBES aime mettre le terme « atmosphérique » entre guillemets, comme si la qualification de son approche nécessitait des pincettes, et des grosses. On peut ranger Ecluse dans bien des catégories, Black progressif, Black atmosphérique, DSBM, mais à vrai dire, qui a encore besoin de ces étiquettes lorsque l’art est porté à ce stade d’ébullition ?
On ne peut pas vraiment dire que l’optique de Guillaume soit des plus réjouissantes. Mais s’il faut en passer par là pour qu’il se sente mieux, alors acceptons ces longues plaintes nocturnes qui déchirent le ciel et assombrissent la lune. Mais en toute sincérité, a-t-on vraiment envie que Guillaume aille mieux ? Car c’est dans la souffrance qu’il se montre le plus créatif, BLURR THROWER et LIMBES le prouvant sans artifices inutiles. Ici, pas de gimmick, pas de morbidité déplacée et factice, juste l’essentiel d’un Black Metal aussi influencé par la scène norvégienne des années 90/2000 que par la scène française de ces quinze dernières années.
Beaucoup seraient tentés de placer le monstrueux et gargantuesque « Leurre » en tête d’affiche d’un spectacle aussi désolant que curatif. Avec son quart d’heure bien tassé, cet épilogue de violence est en effet le gros morceau d’un disque qui n’a pas lésiné sur les efforts à fournir, et qui finalement, reste aussi cryptique à 11h30 qu’à 10h50. L’ayant écouté plusieurs fois, je n’en ai pas encore percé tous les secrets, et c’est sans doute mieux ainsi. Il n’en reste pas moins que ce nouveau départ en appellera surement un autre, ce projet étant une étape sur la voie de la guérison, et n’est donc pas destiné à durer.
Guillaume changera-t-il encore de peau dans quelques années ? La question reste en suspens, mais les réponses délivrées par « Lâcheté » ou « De Courbes & de Peaux » sont autant de vices exposés à la lumière, des tourbillons de violence à peine grisés par des mélodies amères et des passages Ambient du plus bel effet.
Je ne cacherai pas que ce disque m’a parlé, au plus profond de mon être. Subissant de plein fouet une grave dépression depuis plus de deux ans, je me suis identifié à ces sons, à cette brutalité clinique qui gangrène mon cerveau, à ces réflexes conditionnés en format thérapeutique, avalés à grands renfort d’antidépresseurs, d’antipsychotiques et autres sédatifs pour calmer les angoisses. Il est donc clairement subjectif que je porte cette œuvre aux nues, et pourtant, elle le mérite. Aussi noire soit-elle, elle incarne aussi une faible lumière au bout du tunnel, espoir dérisoire d’une existence en pointillés qui reprendra son cours…ou pas.
Thérapie musicale, Ecluse est éprouvant, viscéral, mais aussi froid qu’un matin de deuil. C’est aussi plus simplement un changement dans la continuité, qui promet une œuvre globale conséquente, et d’importance. Si tant est que Guillaume Galaup s’envisage un avenir créatif sur le long terme.
Titres de l’album :
01. Lâcheté
02. De Courbes & de Peaux
03. Corridors
04. Leurre
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