On ne peut pas tout savoir et connaître tout le monde. Ainsi, je n’avais encore jamais entendu parler des américains de DEVIL MASTER, étant tombé sur leur cas au hasard des Bandcamp estampillés « Metal ». Ma première réaction en regardant leur photo promo fut assez radicale, et je soupçonne même mon cerveau de s’être fendu d’un lapidaire « Mais c’est qui ces clowns ? ». Il faut dire qu’avec un sosie Wish d’Euronymous, une sorte de clone de Rozz Williams après une cure de Saindoux, et deux maigrichons fils spirituels de Johnny Thunders, l’équation a de quoi faire sourire…du moins jusqu’à ce que vous posiez vos oreilles sur cet album.
(Intro totalement fourbe et uniquement destinée à me moquer gentiment des américains, puisque j’ai évidemment déjà chroniqué leur œuvre en ces colonnes. Que voulez-vous, le COVID rend mesquin)
Car ces clowns au look parfaitement impardonnable, même pour un mardi-gras, manient bien l’instrument, et nous proposent un Black Punk jouissif, sommaire mais moins simple qu’il n’y paraît, et trois ans après un premier album remarqué dans l’underground (Satan Spits on Children of Light), DEVIL MASTER revient nous titiller les tympans de sa queue fourchue entre Post-Punk larvé, Black pour poivrots et Punk pour chiens sans maîtres abandonnés sur le bas-côté d’une route très peu passagère.
Ecstasies of Never Ending Night nous raconte donc l’extase de nuits sans fin, qu’on imagine passées à picoler, jurer, écouter de vieux vinyles qui craquent, tout en vomissant sa bile sur une société bienpensante qui parque ses parias dans des bidonvilles urbains. Entre un DARKTHRONE version n’roll dénaturé par une pratique instrumentale de barbares, un GENOCIDE des années 80 ayant au contraire appris à jouer et à composer de véritables chansons, un IMPALED NAZARENE plus sombre et moins paillard, Ecstasies of Never Ending Night ressemble à la visite d’un squat de Philadelphie, avec rencontres étranges dans un contexte de faune interlope, dont on ne sait si on va sortir vivant, ou du moins, encore sain d’esprit.
Tout ici est fait pour que le décorum soit juste, pour que les ruines en soient vraiment, et pour que le passé remonte à la surface. D’ailleurs, l’album a été enregistré live sur bandes analogiques par Pete DeBoer (BLOOD INCANTATION, SPECTRAL VOICE), et ce côté roots permet à ce second chapitre de sonner plus evil que la majorité des sorties blasphématoires. Côté musiciens, on n’a pas lésiné sur les sobriquets fantaisie, avec Disembody Through Unparalleled Pleasure (basse/chant), Festering Terror in Deepest Catacomb (batterie/claviers), Darkest Prince (guitare) et Infernal Moonlight Apparition (guitare). De quoi se rappeler la grande époque de SODOM, dont certaines astuces Black Speed de début de carrière sont réutilisées ici.
Efficace, racoleur, DEVIL MASTER ne recule devant aucune astuce pour nous pervertir, la plus évidente étant l’enthousiasme injecté dans les compositions, mais aussi, leur variété. Car passer d’un glaviot Black Punk comme « Acid Black Mass » à un tube Post-Punk dansant comme « Abyss in Vision » n’est pas donné à tout le monde, ce qui prouve que le quatuor a plus d’un tour pendable dans son sac.
Entraînant comme un petit démon dansant le twist des enfers, séduisant comme un péché capital commis en pleine messe du dimanche les fesses blanches à l’air, Ecstasies of Never Ending Night est une extase pleine de vice, dégoulinant de stupre et conchiant toutes les règles de la morale judéo-chrétienne. On aime évidemment ce paquet de riffs sales qu’un lavage à 180° ne détacherait pas, cette voix à la POSSESSED qui semble provenir d’une autre pièce du manoir hanté, et cette rythmique bien moins sommaire qu’il n’y parait. Et les moments d’héroïsme sont nombreux, entre un VIO-LENCE revu et corrigé 2K par des aiglefins sans scrupules (« Shrines in Cinder », et son riff qui virevolte comme une mouche à miel au-dessus d’un bout de bidoche avarié), l’intermède cru « Funerary Gyre of Dreams & Madness », qui danse la gigue autour d’un feu de bois Punk, et ce final incroyable « Never Ending Night », entre Cold Wave et Post Punk, binaire de l’étrange qui nous ramène à l’orée des années 80, WIRE, THE CURE, GUN CLUB…
Comme vous le voyez, la simplicité de l’affaire l’est moins que l’on pensait. Et puis après tout, lorsqu’un groupe est signé sur Relapse, c’est souvent bon signe. Ecoutez ce disque pendant une nuit de luxure, avec sexes turgescents, bougies parfumée à la cyprine, et draps de soie souillés par les liquides séminaux. A mon humble avis, vous devriez pouvoir tenir des heures avec la même érection.
Titres de l’album :
01. Ecstasies...
02. Enamoured in the Throes of Death
03. Golgotha's Cruel Song
04. The Vigour of Evil
05. Acid Black Mass
06. Abyss in Vision
07. Shrines in Cinder
08. Funerary Gyre of Dreams & Madness
09. Precious Blood of Christ Rebuked
10. Never Ending Night
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