J’ai toujours tendance à me méfier lorsqu’un CEO de label s’enthousiasme au-delà du raisonnable pour un nouveau groupe. J’imagine assez mal un poissonnier derrière son étal lâcher un tonitruant « Allez-y, il est immonde mon poisson, il a plus de deux semaines, ne vous gênez pas ! ». Après tout, si un mec signe au bas d’un contrat c’est qu’il croit suffisamment au potentiel commercial d’un produit, même si les DA de labels indépendants se soucient encore du caractère artistique d’une œuvre, et pas seulement de son rendement financier éventuel. Combiner les deux reste la solution idéale, et dans ce cas de figure, le premier LP des danois de SILVERA risque fort de contenter tout le monde, groupe, fans, labels et chroniqueurs de la presse spécialisée. Pourtant, à la base, rien de franchement remarquable chez ce groupe qui propose une musique assez convenue, de celle qu’on entendait au kilomètre à la radio dans les années 90 et qu’on affublait du terme générique de Rock ou Metal alternatif. Et justement, les SILVERA selon leur label s’adressent éventuellement aux fans de NICKELBACK, mais pas seulement, puisque les accros à VOLBEAT et les alités sous perfusion ALTER BRIDGE pourraient aussi s’intéresser à eux. Et pour une fois, Mighty Music n’a pas exagéré les choses, et à même mentionné les bons noms, qu’il aurait pu compléter des CREED, de LINKIN PARK, et de MAXXWELL. En gros, voici le tableau brossé pour entamer la critique de cet Edge of the World, qui sans révolutionner la musique, lui insuffle un air frais qui fait du bien à la radiophonie cardiaque.
Produit par Jacob Hansen, des Hansen Studios (VOLBEAT, PRETTY MAIDS), ce LP s’est attiré les louanges de son fameux parrain sonore. Jacob n’hésite pas à qualifier les SILVERA de diamant caché, soulignant le professionnalisme et le talent incroyable de ces quatre musiciens. Qui sont-ils d’ailleurs ? Michael Krogh (guitare/chant), Simon Nilsson Krabbesmark (guitare/chœurs), Rasmus Lindegård Hovde (basse/chœurs) et Jens Gade (batterie), qui viennent de Nykøbing Falster, ville qui les a vus naître il y a trois ans. Le groupe ne perd d’ailleurs pas de temps en bio inutile et trop complète, et se contente de préciser qu’il joue un Hard classique, mélodique à souhait, basé sur d’énormes guitares allégées d’harmonies prononcées. Evidemment, les spécialistes argueront du fait que la musique du quatuor s’apparente aussi bien au Rock qu’au Hard Rock, et même plus d’ailleurs, mais l’énergie dont fait preuve le combo lui permet de s’apparenter à quelques classiques de notre créneau favori, allant parfois taquiner les SIXX AM sur leur propre terrain. Mais j’avoue que la combinaison NICKELBACK/ALTER BRIDGE fonctionne bien pour définir l’orientation choisie pour ces onze morceaux, qui sont autant de hits en puissance. On sent que le groupe n’a pas bâclé la composition pour se reposer sur deux ou trois chansons fortes noyées dans les fillers, et chaque refrain, chaque couplet, chaque ligne vocale et chaque couche de chœurs ont été soignés aux petits oignons, révélant un potentiel accrocheur énorme à défaut d’un culot prononcé.
On se rend compte assez facilement et rapidement que l’emphase a été mise sur l’efficacité, et le pouvoir fédérateur de chansons aux structures simples et Pop, et non sur l’audace, en écoutant les premières mesures de « Alive », beaucoup moins fondamentale que son homonyme signée PEARL JAM, mais directe et catchy comme un hit inédit d’ALTER BRIDGE. Le Hard Rock des danois a beau s’inspirer de la tradition, il sonne moderne et totalement décomplexé, fortement influencé par les sonorités de la fin des nineties, mais aussi pertinent dans son époque. Les chorus sont simples mais mélodiques, la voix de Michael Krogh agréable à l’oreille, et la section rythmique solide et jamais avare d’une ou deux petites pirouettes. « Something Else » confirme la très bonne impression, assombrit un peu ses guitares, mais reste souple, syncopée, et accessible à des motifs en son clair qui laissent une grosse basse ronfler en arrière-plan. La nostalgie des années 90 pointe le bout de son nez, lorsque la frontière entre le Rock alternatif dur et le Hard Rock mélodique commençait à se brouiller et les groupes de différents horizons commençaient à partager des points de vue. La production, évidemment brillante et immaculée ne perd pas de vue qu’un bon album de Rock ne doit pas être gommé de toutes ses aspérités, même si la patine Pop des refrains a bénéficié d’un traitement poli sur les chromes.
Très intelligemment, le groupe a pris soin de bien varier son propos pour ne pas se reposer sur une formule unique, et se rapproche même parfois d’un Hard à la 80’s, bien sûr actualisé, mais assez symptomatique des tics d’ouverture de l’époque (« Edge of the World »). Tout y passe, les refrains jamais ne trépassent, les guitares restent affamées et aiguisées, et le Heavy pointe parfois le bout de son nez pour illustrer la volonté d’un tube indéniable (« Generation Z »), assez proche d’un duo STONE TEMPLE PILOT/BUSH. Il est toutefois difficile de mettre un titre en avant plus qu’un autre, puisque tous sont du même calibre, même si certains s‘illustrent d’une frappe plus soutenue et d’une atmosphère plus tendue (« The Reckoning »). Effets sur la voix, changements de tempo discrets, arrangements sobres, base traditionnelle guitare/basse/batterie, l’ossature est classique, le rendu aussi et survole plus de deux décennies de Rock à teinture métallique, et si parfois, on sent que quelques plans sentent un peu le réchauffé, le quatuor à toujours une bonne idée pour se relancer, comme cette ambiance DEF LEPPARD moderne sur le refrain de « Filling the Void ». Parfait mais pas stérile, cet album est une mine de morceaux qu’on peut reprendre en chœur, et qui feront inévitablement un malheur en live, le groupe danois ayant déjà partagé la scène avec CANDLEMASS, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et les ELECTRIC BOYS au Nordic Noise de 2019. Et il est certain que d’autres festivals ouvriront leurs barrières aux danois tant leur répertoire est séduisant, parfois plus sensible que la moyenne (« On my Feet »), mais toujours punchy et sincère (« Promise », le plus déchaîné du lot). Belle surprise donc que cet Edge of the World, qui mérite les louanges de son propre label ravi de ne pas avoir manqué son coup.
Titres de l’album:
01. Alive
02. Something Else
03. Edge of the World
04. No Air
05. Everything We Are
06. Generation Z
07. Light in Life
08. The Reckoning
09. Filling the Void
10. On my Feet
11. Promise
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09