Hardcore chaotique, dix morceaux, dix-sept minutes. Le genre d’arguments qui suffisent à tendre mes oreilles comme des radars et à me donner envie de taper sur mon clavier comme sur des bambous. Et une fois de plus, mon proverbial flair ne m’a pas trompé, puisque le troisième effort de ces Grecs valait le bourdon auditif faisant vibrer mes tympans des heures après écoute.
RUINED FAMILIES, avec un nom pareil, impossible de se tromper. Deux albums déjà sur le marché, impeccables évidemment, Four Wall Freedom en 2010, et Blank Language en 2013, une science du riff pointu et de la rythmique têtue, et surtout, des morceaux mixant le meilleur du Hardcore déconstruit et du Post Hardcore ouvert aux harmonies.
Alors, aux commandes ?
Des musiciens qui ont très bien retenu les leçons de CONVERGE, DILLINGER, UNSANE et consorts, et qui les récitent d’un ton péremptoire, en prenant bien soin de ne pas diluer leur propos pour ne pas amenuiser son impact, assez imposant.
Enregistré par Kostas Ragiadakos aux studios Unreal et Twin Picks d’Athènes, produit par le même Kostas en compagnie de George Katsampanis et du groupe lui-même, Education a les aspirations de son titre et souhaite vous faire partager ses vues sur une certaine forme d’apprentissage de la déconstruction et de l’exubérance sonore, via des titres lapidaires, qui pourtant ne manquent pas d’idées.
Alternant avec bonheur les crises de colère Mathcore avec les accalmies mélodiques inquiétantes, les Grecs nous racontent une histoire personnelle basée sur le passé de styles extrêmes que l’on pense toujours connaître par cœur, jusqu’à ce qu’un groupe nous les fasse redécouvrir sous un nouveau jour.
Non que l’objet en question se révèle inédit de bout en bout, mais à force de mixer des influences multiples au sein d’un même élan, il révèle des parts d’ombre, des rais de lumières chaleureux, et propose un voyage d’un court laps de temps dans un univers aux dimensions assimilées.
Tout ça ne vous parle pas beaucoup ? Alors utilisons des images plus précises.
Imaginons une trame tissée des mailles de CONVERGE et DILLINGER, avec ses rangs irréguliers et imprévisibles, et greffons-y les motifs abrasifs du Post Hardcore New-yorkais des années 90, par intervalles et interstices.
Faisons cohabiter la virulence instrumentale cathartique et l’harmonie amère, pour obtenir un chandail un peu dépareillé, mais qui prend tout son sens une fois enfilé. Nous obtenons alors ces leçons d’éducation prônées par les RUINED FAMILIES, qui évoquent tout autant la colère de rue que les disputes internes à une famille dysfonctionnelle qui ne peut s’exprimer que par la rage et les soudaines crises de larmes. C’est un tableau assez sombre je le concède, et pourtant enthousiasmant.
Si la logique de ce troisième LP semble implacable et inéluctable, certains éléments viennent en perturber la démonstration comme ce « Whole Car », sorti de nulle part, qui tente le coup d’un Post Rock alternatif à la GIRLS AGAINST BOYS/JESUS LIZARD, avec son carillon de guitares résignées et son chant tout en retenue, un peu comme si les FUGAZI reprenaient du SUGAR sans vraiment assumer leur choix.
Mais si cet épisode surprend, il est isolé dans une mer très houleuse, dont le flux et le reflux sont très bien illustrés par la démangeaison initiale « The Future Of Electronic Music », débordant d’ironie et de rythmiques affolantes, qui osent les blasts pendant que les riffs se veulent aussi stridents et suintant de feedback qu’ils ne sont tranchants et précis.
Mais dès « Image Of An Image », on sent que les Grecs ont un peu plus à dire que ces crises de rage répétées comme des slogans, et les longs inserts plus posés commencent à se faire une place indiscutable dans le marasme ambiant, ce que confirme « Naked Life », qui démarre pourtant sur les chapeaux de roue.
Dès lors, le groupe alterne et souffle le chaud et le froid, comme pour se mettre en adéquation musicale avec la situation sociale et politique de leur pays ravagé par la crise.
« Demolition », le segment le plus long de l’ensemble laisse d’ailleurs échapper quelques plaintes vraiment prenantes, avec toujours en exergue ce chant qui s’époumone dans un écho de vide, de la même façon que les abandonnés du système national crèvent sur le perron de leur maison en attendant des jours meilleurs qui ne viendront peut-être jamais.
Alors, ça valse, d’un pied sur l’autre. On hésite entre la destruction et la reconstruction, si tant est qu’elle soit possible, et « No Rothko » en illustre très bien la dualité avec son démarquage très intense des premiers tics de DILLINGER et sa mélancolie vénéneuse estampillée UNSANE/NAILS.
Mais finalement, le groupe assume ses envies, et déclare en fermeture « We Want Everything », comme ultime cri de revendication, une fois de plus posé sur une trajectoire brisée d’accélérations rythmiques concassées et de riffs en fils barbelés qui malmènent la liberté.
Mais celle d’expression des RUINED FAMILIES est totale sur Education, comme une assemblée de révoltés qui n’ont plus rien à perdre, et qui gardent leur dignité lovée dans un manteau de haine et de ressentiment.
Pour un troisième album, c’est presque une révélation, et surtout, un instantané épidermique d’un situationnisme qui commence à chatouiller le désespoir et achever de le transformer en révolution agressive et d’une violence rare.
Le genre d’album parfait dans son genre, bref comme une algarade aux conséquences sanglantes, ou un pavé lancé dans la vitrine de l’injustice.
Un bateau ivre piloté par un capitaine dans la tourmente, mais qui veut désespérément arriver jusqu’au phare, malgré sa lumière blafarde.
Titres de l'album:
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