« Metal moderne », ou l’expression qui ne veut rien dire et qui permet de ranger ce qu’on y veut dedans. Un peu comme une étagère neuve achetée chez Ikea et sur laquelle on fourre des fringues, des bouquins, des bijoux, et autres affaires plus ou moins précieuses. Et puis d’abord, tout ça implique une symétrie, avec le « Metal ancien ». Mais qu’est-ce qui est ancien après tout ? MAIDEN ? Le ZEP ? KORN ? Pour la génération 90’s, KORN, les DEFTONES, LINKIN PARK, c’est déjà du vintage, presque de la brocante, alors finalement, qu’est-ce qui correspond à la génération d’aujourd’hui ? Le Djent ? Déjà daté, dépassé. Le Metalcore ? Encore pire, et depuis le nouveau siècle. Et si nous arrêtions de considérer la musique en termes d’époque, et l’envisagions plutôt sous un angle de qualité ? La mode ayant ce défaut de rendre périssable ce qui vient juste d’être conçu, c’est semble-t-il la seule attitude viable possible. Alors admettons une fois pour toutes que les RAGARAJA font du « Metal moderne », du Djent, du Néo, du Metalcore ou tout ce qui leur fera plaisir, puisqu’après tout, la seule chose qui importe est le plaisir que leur musique offre. Je ne parle pas là d’originalité - qui peut se targuer de l’être en 2019 ? - mais bien d’efficacité, puisque c’est l’optique choisie par les parisiens qui ont visiblement tout misé dessus, en choisissant une philosophie artistique radicale, aux confluents des genres. Fondé en 2014, ce quintet (Chris Ferrero: guitare, Euryale: chant, Fabien Chevalier: basse, Léo Goudaroulis: batterie et Stanislas D'arnoux: guitare) a d’abord présenté ses vues façon moyen format, avec un premier EP. Toujours en autoproduction, le groupe peut aujourd’hui compter sur le soutien efficace d’Ellie Promotion pour propager sa bonne parole, celle d’un Metal décomplexé aux influences avouées, mais couché sur longue durée, avec cet Egosphere qui effectivement, semble se concentrer sur les formes de privation de liberté individuelle et de l’expression humaine.
Sans aller jusqu’à croire aveuglément les arguments promotionnels qui jouent la carte de la phrase choc à outrance (« de la colère froide sur disque et au format mp3 », « une relation incestueuse entre poésie brutale et Metal moderne »), autant avouer que les parisiens ont frappé fort, vite, mais aussi sur la durée. Avec plus de cinquante minutes au compteur, ce premier LP ne nous lèse pas, et offre onze compositions dont une en bonus qui martyrisent les tympans et la conscience collective. Se réclamant de l’ombre des NTM, PLEYMO, PERIPHERY, THY ART IS MURDER, HACKTIVIST, LIMP BIZKIT, HEART OF A COWARD, ou MONUMENTS, et acceptant d’adouber quelques contemporains ou pas (NOVELISTS, NIGHTCREEPERS, HACKTIVIST, DEVASTATOR, SMASH HIT COMBO, DAGOBA, BEYOND THE DUST, AQME…), les RAGARAJA se situent un peu en convergence de toutes ces références, tout en assumant leur identité propre, sorte de combinaison de textes lettrés et scandés d’une voix agressive et rauque, et de bande instrumentale violente et bien dans son époque. Je le disais plus en amont, rien de révolutionnaire ni de jamais entendu dans ce discours musical, mais une belle envie, et parfois, des digressions plus modulées que la moyenne. Le reproche le plus classique à l’égard d’une telle œuvre restant son conformisme de surface, Egosphere n’échappe pas vraiment à la règle immuable. On a tendance à envisager ce premier LP comme un énorme bloc de béton qui vous tombe sur les oreilles, et qui ne cherche pas vraiment à faire de détail. En y écoutant de plus près, évidemment, il est possible de saisir quelques inflexions dans les riffs, de légères subtilités dans les rythmiques, mais il faut quand même attendre « Naufrage » pour éviter le trop-plein, et un chant qui enfin se détache de ses obligations véhémentes pour se partager entre le raclage glauque et le talkover sombre, et plus symptomatique du Slam. Et sans jouer les vieux cons qui ont du mal avec la modernité, je dois reconnaître que c’est le titre qui m’a le plus impressionné du lot, même si « Premier Souffle » n’en manque justement pas.
Alors, Djent, oui, quelque part, pour la précision instrumentale, qui témoigne d’une pratique affinée. Metalcore par l’unité, et la dureté du son. Néo pour les allusions aux figures du genre, aux passages teintés d’électronique légère, et les retombées beatdown parfois accompagnées d’un flow assez symptomatique. Le chant en français, assez difficilement intelligible empêche souvent les mots d’atteindre leur but, mais l’unité dont fait preuve le groupe dans les instants les plus concentrés (sur « Sarcophage » notamment, comme quoi la fin de l’album révèle de belles surprises) permet à ce premier jet de cogner juste ce qu’il faut, et de toucher la jeune génération en plein coeur. On sent que les musiciens ont des influences qui vont bien au-delà de la sphère Metal, et l’implication vocale d’Euryale est totale, bien que l’on sente que ses capacités sont encore un peu trop bridées. Le vocaliste gagnerait à continuer le travail entrepris sur les morceaux aux ambiances plus prononcées, ce qui pourrait nous offrir une variété que le background rythmique refuse encore. Pourtant, l’axe basse/batterie est soudé, mais les parties de guitare sont encore trop uniformes pour vraiment faire décoller l’ensemble, qui révèle ses faiblesses sur la durée. Heureusement, ce fameux final avec ces trois derniers morceaux laisse une impression plus positive, spécialement « Singe Suprème », qui témoigne d’un potentiel assez conséquent. Mais on imagine sans peine le carnage dont le quintet est capable sur scène, dans son costume de Néo-MASS HYSTERIA de la nouvelle génération, plus proche d’un Néo-Djent que d’un Metal aux tonalités Indus, mais qui risque en prenant de la bouteille de rivaliser en intensité. N’anticipons toutefois pas trop l’avenir pour mieux apprécier le présent, et RAGARAJA, encore un peu trop engoncé dans son costume de puissance systématique, s’en sort tout de même bien et nous offre un premier LP solide, mais trop uniforme pour vraiment créer la différence.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Premier Souffle
03. Vagabond
04. Chrysalide
05. Martyr
06. Pornocratie
07. Egosphere
08. Fractale
09. Naufrage
10. Sarcophage
11. Singe Suprème
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