L’Italie toujours, la dolce vita, Rome, Venise, sa douceur de vivre, les studios Cinecitta, Anita Ekberg dans sa fontaine de Trévise tentant de séduire le playboy Marcello…Des images de carte-postale, mais qui évoquent bien les fantasmes d’un pays de romantisme qui n’en finit plus de séduire les amoureux du monde entier, au même titre que Paris… Mais l’Italie, c’est aussi un autre versant artistique moins porté sur les arabesques romantiques et les dépliants de guides, une Italie qui ne partage pas ses pâtes du bout des dents, et qui a plutôt tendance à se faire les siennes sur un Metal extrême parfaitement pertinent, mais qui rappelle méchamment des influences d’un autre continent. Si vous avez connu cette vague Thrash hautement technique venue conjointement d’Allemagne, de Suisse et des Etats-Unis, vous n’avez certainement pas pu passer à côté des prouesses de marathoniens du riff de mathématiciens des WATCHTOWER, CORONER, ATHEIST, et surtout TOXIK, dont nos trois héros du jour semblent avoir été marqués par les exactions millimétrées. C’est certainement la référence la plus patente sous laquelle placer ce premier EP des italiens de CENTRIPETAL FORCE, qui en effet éclaboussent de leur talent et de leur technique tout ce qui les entoure. Formé en 2010 par Stefano Saroglia (guitare) et Andrea Carratta (batterie), acteurs de l’underground de Turin depuis 1993, et en période d’inactivité forcée, ce trio (en y ajoutant John Knight au chant) ne cache en rien son admiration pour le Techno-Thrash de la fin des années 80, qu’il remet au goût du jour en accentuant ses aspects les plus émérites, donnant ainsi le change aux sempiternels DREAM THEATER et PERIPHERY de leur hargne métallique beaucoup plus pertinente, mais tout aussi ambitieuse.
Trois titres seulement sur la carte de visite qu’est Eidetic, ce qui est amplement suffisant pour juger du potentiel énorme d’une formation qui a placé la démonstration en exergue et qui accumule les performances de plan en équilibre, sans pour autant faire baisser la pression Thrash d’un seul cran. Il serait même possible de voir en ce premier jet une démarcation habile et encore plus inextricable du premier méfait des élèves de Berkley, When Dream And Day Unite, spécialement lorsque le chant de John atteint des notes aigues, rappelant de fait les envolées lyriques de Charlie Dominici. Mais la complexité des œuvres présentées les juxtaposerait plutôt aux côtés de chefs-d’œuvre comme Control And Resistance ou Think This, des inoubliables orfèvres en la matière WATCHTOWER et TOXIK, qui à l’époque, ne craignaient pas de tremper leur Thrash dans un Free-Jazz hautement mélodique, mais indéniablement concentrique. Plagiat ? Certes, parfois, les plans et arrangements retrouvent les mêmes impulsions, mais parlons plutôt d’admiration et de travail de réactualisation de LP’s n’ayant jamais trouvé d’équivalent depuis leur sortie, et restant fermement accrochés à la playlist d’esthètes outragés de n’avoir jamais eu (ou presque dans le cas des WATCHTOWER) de suite à s’offrir à ces aventures calculées. Les trois italiens se placent donc en directe lignée de leur aînés d’outre-Atlantique, et nous offrent un festival d’idées qui entre en collision comme des électrons libres tournant fou, et se percutant à une vitesse déraisonnable. Pourtant, impossible de résister à cette débauche de technique assumée tant l’ensemble tient debout, et ne joue jamais les serviles disciples.
En trois morceaux de cinq minutes, suffisamment denses pour qu’on en passe le triple à essayer d’en dénouer l’écheveau, CENTRIPETAL FORCE démontre son habilité à singer les tics les plus prononcés des chevaliers du riff calibré susnommés, et se permet même quelques interventions en solo évoquant les UZEB, spécialement sur le spatial « Centripetal Force », qui nous embarque aux confins de la galaxie Techno-Thrash, parvenant même lorsque les tonalités médiums s’imposent à évoquer l’esprit magique d’un Alan Tecchio au sommet de ses possibilités vocales. L’ombre de CYNIC plane aussi au-dessus du projet, sous une forme bien moins contemplative, puisque les trois italiens n’ont pas oublié la puissance au placard, même si elle s’articule la plupart du temps autour de patterns rythmiques propices à des céphalées carabinées. Mais les mélodies sont bien présentes, et l’envie aussi, ce qui transforme ce premier essai en quasi sans-fautes, imperfectible tout autant dans sa forme que dans son fond. Dans ce style aussi extrême, les analogies de plans sautent évidemment aux yeux, et on souhaitera à l’avenir des espaces plus aérés, sous peine de côtoyer la redondance d’une démonstration trop prononcée, mais en à peine un quart d’heure, pas grand-chose à regretter, ni à reprocher à des instrumentistes suivant leur partition à la perfection. Les accros aux sextolets, aux mesures impaires et autres numéros de funambule des cadors en la matière seront certainement comblés par ce puzzle aux pièces disparates, mais assemblées avec flair, et agrémentées de mélodies subtiles et autres effets ludiques.
Si l’Italie se propose maintenant d’incarner la relève d’un genre qui n’a jamais supporté la médiocrité, c’est que ce pays est décidément sur de ses propres valeurs, qui ne sont plus à démontrer. Mais en substance, et en attendant un LP au format plus développé, Eidetic nous permet de retrouver le souffle épique de réalisations uniques, qui ont usé il y a presque trente ans les diamants de nos platines de leurs aspirations ataviques.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15