Madame, votre fille a vingt ans.
On n’a pas tous les jours vingt ans.
Et je m’arrêterais là dans les références à cet âge magique, deux ans après une sortie d’adolescence plus ou moins facile, pour parler de ce projet unique qu’est EITRIN, et ses liens avec l’un des labels les plus actifs de l’underground français.
A la manière d’un Frontiers, d’un Roadrunner ou d’un Earache, Debemur Morti Productions s’offre un anniversaire en grandes pompes pour célébrer ses deux décennies d’activité. La maison de disques de Faremoutiers peut se permettre un tel évènement, au vu de son soutien sans relâche à la scène extrême nationale, et un simple coup d’œil à ses productions vous suffira à comprendre son importance par rapport à d’autres labels internationaux occupant le même créneau.
Mais alors, comment souffler dignement ces vingt bougies sans se contenter d’une réédition passe-partout, d’une compilation anonyme, ou d’une nouvelle signature encore un peu trop fraîche ?
Simple, voir les choses en grand et commander une nouveauté en réunissant trois cadors bien connu des amateurs de Black Metal et autres déviances bruitistes.
EITRIN est donc un groupe né pour la circonstance, et non un projet fomenté des années dans l’ombre, et destiné à regrouper les forces de trois créateurs en pleine possession de leurs moyens. Mais en découvrant ce premier album éponyme, on comprend que les deux options ont fini par fusionner, même si le disque garde cette spontanéité viscérale des surprises que l’on garde pour les grandes occasions.
Au casting de ce featuring fameux, des noms évidemment connus. Vindsval (guitare/basse, BLUT AUS NORD, ERSHETU, FORHIST, ex-CHILDREN OF MÄANI, ex-KARRAS, ex-THE EYE, ex-VLAD, THE MEDITANT, YERUSELEM, ex-XEZBETH), Mütterlein (chant, ABRONZIUS, AGATHE MAX, MÜTTERLEIN, SLASHERS, ex-OVERMARS) et Dehn Sora (chant/ambiance, OVTRENOIR, THROANE, SEKTARISM (live), CHURCH OF RA, SEMBLER DEAH, TREHA SEKTORI, ex-GLACIATION (live)), largement de quoi donner des suées aux fans des groupes cités entre parenthèses, d’autant que le résultat est largement à la hauteur des attentes…qui n’existaient pas puisque le concept a été monté au débotté.
Enfin plus ou moins.
Mais le but n’était pas d’enregistrer un simple album de plus. Non, EITRIN avait pour mission de mettre en relief les achèvements du label, et de tracer une jonction entre son passé, son présent et son avenir. La tonalité des créations devait donc se caler sur le projet artistique du label, en reprenant plus ou moins les grandes étapes de sa carrière. Et comme toute bonne maison de disques underground, Debemur Morti a abordé tous les genres possibles, donnant leur chance à des groupes variés, aux intentions multiples.
Black Metal, Industriel, post-Punk, Hardcore et Dark Ambient sont donc les ingrédients choisis pour ce cake aux saveurs prononcées, digne de cette célébration en fanfare. Une fanfare certes, mais dévoyée, pervertie et hermétique pour un défilé en hommage au culot de signataires n’ayant pas eu peur d’aller fouiller dans le sol le plus aride ses pousses de demain.
EITRIN mélange donc les genres, et fait honneur à sa mission. Outre la noirceur collée aux murs par un Vindsval au sommet de son art, on appréciera à leur juste mesure les cris violents et âpres de Marion Leclercq, l’une des vocalistes les plus douées et passionnées de sa génération, mais aussi les textures fabriquées par Dehn Sora, qui nous emmène aux frontières d’un Dark Ambient glauque et poisseux, comme un interlude macabre pendant une séance d’urbex très dangereuse.
Acide, puissant, dissonant, atonal, mélodique, froid, rigide, ce premier album aux épithètes multiples est une véritable surprise. Soutenus par la frappe massive mais nuancée de W.d.F, les trois musiciens peuvent se laisser aller à toutes les idées, allant même jusqu’à provoquer un Rock gothique à tendance Post-Metal sur l’insidieux « What Is Sacred », aussi vénéneux qu’une piqûre de NEUROSIS dans le cou.
Avec des poisons comme thèmes de chapitres, les intentions du trio ne font pas grand mystère de leur fascination pour la mort et la souffrance. Des options allusives au nom de ce label incroyable, et qui parviennent justement à synthétiser ces vingt années de productions, deux décennies passées à traquer le talent et à le faire pousser sur des terres arides.
Composé et enregistré rapidement, Eitrin donne pourtant le sentiment d’avoir été patiemment élaboré. Construit comme un concerto de chaos, il monte dans les tours au fur et à mesure des pistes, pour s’achever dans la brutalité la plus crue sur l’épilogue morbide « Curare - The Silence Of The Innocent ». Les trente-sept minutes trouvent alors une conclusion digne de leur pertinence, et Debemur Morti Productions peut se montrer plus que satisfait de ce cadeau maison.
Belle opération, cause noble, pour remercier ce label si important sur la scène passée, actuelle et futire. On n’a pas tous les jours vingt ans, alors autant les fêter dignement. Mais dans la violence la plus froide, s’entend.
Titres de l’album:
01. Ricin - The Bloody King Of All Poison
02. Sarin - Consigned To Oblivion
03. Cyanide - A Cracked Dam
04. Phenol - Sinister
05. Arsenic - The Eye Of The Whale
06. Muscarine - What Is Sacred
07. Curare - The Silence Of The Innocent
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09