Ekbom

Benighted

12/04/2024

Season Of Mist

Un magnifique jardin. Des tulipes roses. Des roses orangées. Un superbe rhododendron. Un massif de dahlias, des fontaines, des statues, des enfants qui jouent calmement sur la pelouse fraichement tondue. Une atmosphère de quiétude permanente. Le sublime dans la simplicité. Un chien qui va et qui vient sous l’œil bienveillant du jardinier et son chapeau de paille usé. Et puis…

Et puis, un tank qui arrive, et écrase tous les parterres. Des gus qui en descendent et qui chient sur l’herbe, traumatisant les enfants de la vision de leur lune offerte. Des cris, des injures, la maîtresse de maison rapidement troussée contre un Apollon de pierre, et les chiards qui s’en prennent une bonne parce que…ben parce que. C’est ça l’effet BENIGHTED 2024. La beauté ruinée par la laideur et la pestilence. Mais qu’est-ce qu’on aime ça…

Julien, Pierre, Emmanuel et Kevin reviennent donc foutre le bordel, quatre ans après l’apocalypse selon St Truchan Obscene Repressed. En 2020, l’année du COVID, c’était déjà pas la joie pour les romantiques et les sensibles, mais 2024 ne leur fera pas de cadeau non plus. Car voici venu le temps des pires et des vents, dans le pays foireux des enfants lépreux.

Ekbom.

Un simple petit mot pour décrire le coup de semonce de cette année déjà bien entamée, mais à laquelle manquait un cataclysme à la hauteur de sa réputation. Grâce à BENIGHTED, 2024 sera donc l’année du souffre et du méthane, de la barbaque Brutal Death et de la saignée Grind, et un spectacle sans fin qui réjouit les gamins, ceux élevés dans le respect du bordel et du chaos. Rien n’a changé, mais tout a empiré. Déjà peu enclin à la mansuétude, BENIGHTED est un peu comme la créature du troisième volet de Resident Evil. Toujours plus moche, toujours plus méchant, toujours plus baraqué et invincible.

   

« Prodrome » vous endort d’une minute d’Ambient, mais c’est pour mieux attirer votre attention sur le massacre qui va avoir lieu, et dont vous serez les témoins auditifs. Le massacre initié par l’impitoyable et infect « Scars » qui vous scarifie encore plus efficacement qu’un split entre NAPALM DEATH et ABORTED. Le son est évidemment gras et précis, la guitare en triphasé, la batterie en constant roulement, et Julien fait ce qu’il sait faire le mieux : insulter le solfège, vomir sur les mélodies, et cracher son venin sur la douceur de vivre. Et si la grosse caisse peut démanger de son aspect compressé, l’ensemble fonctionne comme ces traitements psychiatriques d’après-guerre. Des électrochocs, des bains glacés, et l’humiliation permanente de nager dans votre urine.

Ekbom n’est pas vraiment un album. Il s’apparente plus à un test d’endurance, comme un semi-marathon couru à la vitesse d’un cent mètres. Dès les premières foulées, l’oxygène vient à manquer, et l’athlète que nous sommes en chie pour continuer de mettre un pied devant l’autre. Dans un registre de Death joué encore plus dingue que tous les voisins, le quatuor nous pulvérise les rotules de ses accélérations en chien de fusil, nous flingue les articulations de ses cris de belette enragée, et nous écrase les rognons avec un bel enthousiasme brutal. On sent que le groupe a pris un plaisir incommensurable à enregistrer ces quarante minutes de bruit agencé, et lorsque les breaks amènent un peu de rigueur rythmique, « Morgue » se transforme en zombie surhumain capable de soulever un éléphant pour le bouffer.

Concocté aux Kohlekeller studios en Allemagne, enregistré, produit, mixé et masterisé par Kristian Kohlmannslehner, Ekbom est un mur de la mort à échelle mondiale, avec des millions de tarés qui foncent les uns sur les autres. Sa rigidité rythmique en fait une arme de destruction massive, et jamais le quatuor n’a sonné aussi chirurgical et viscéral à la fois. A l’image d’un film bien Gore tourné par un académicien du cinéma, ce nouvel album accepte un body count très élevé, mais ménage son suspens et sa violence avec beaucoup de goût.

Et « Le Vice des Entrailles » de symboliser l’acmé d’un genre qui d’année en année se radicalise, tout en devenant de plus en plus pointu et ventru.

Le bourrin pour le bourrin, c’est bien. Mais le bourrin pour arriver à ses fins, c’est beaucoup mieux. Et comme BENIGHTED vise la perfection dans la régurgitation, l’agencement devient très important tout comme la perte de repères et l’ivresse bruitiste. « Nothing Left to Fear », petit air de cour de récré qu’on reprend arrivé chez soi au parc à cochons, « Ekbom », title-track tribal et trou de balle en fleur, « Metastasis » et son cancer de blasts, les morceaux s’enchaînent et l’esprit divague. Comment peut-on parvenir à un tel degré de folie artistique sans y laisser sa santé mentale ? Tout simplement en acceptant que la vie en elle-même est une folie, et le chaos son expression la plus logique.

BENIGHTED a bien compris ça, et en a fait sa philosophie, sans se reposer sur ses connaissances. Ce qui lui permet de nous calotter sévère avec le groovy « A Reason for Treason » et ses syncopes vicieuses, ou de verser un peu de gros sel sur nos plaies via la doublette infernale « Fame of the Grotesque » / « Scapegoat ».

Un peu Indus sur les bords, Grind plus que Gore, Death jusqu’au bout des roupettes, Crust sur les bouclettes, BENIGHTED est ce petit chaperon noir qui en colle une bonne à la grand-mère, en levrette sans lub’. La vieille hurle évidemment, incapable de se donner calmement, et dans le panier, quelques préservatifs usés maculent l’osier de leur latex souillé.

Pas vraiment le conte de fée qu’on raconte aux enfants pour les endormir ou leur faire croire que la vie est jolie, mais BENIGHTED est là pour nous réveiller et nous effrayer. Mission accomplie. Maintenant, ça brûle quand je fais pipi.


  

Titres de l’album:

01. Prodrome

02. Scars

03. Morgue

04. Le Vice des Entrailles

05. Nothing Left to Fear (feat. Oliver Rae Aleron)

06. Ekbom

07. Metastasis

08. A Reason for Treason

09. Fame of the Grotesque

10. Scapegoat

11. Flesh against Flesh

12. Mother Earth, Mother Whore


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 17/04/2024 à 19:24
85 %    773

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema
@187.190.238.21
21/04/2024, 19:50:07
  • Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24

Ivan Grozny

Petit chenapan j’aurais bien aimé voir ça.

28/04/2025, 23:37

Sphincter Desecrator

@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.

28/04/2025, 19:40

Sphincter Desecrator

@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)

28/04/2025, 19:37

Sphincter Desecrator

Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)

28/04/2025, 19:19

DPD

Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.

28/04/2025, 18:42

Ivan Grozny

La place vient d'être offerte   

28/04/2025, 18:24

Benstard

Malheureusement rien a voir avec les anciens albums. 

28/04/2025, 16:03

Ivan Grozny

Dernière minute    !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répon(...)

28/04/2025, 15:56

Jus de cadavre

Que de bons vieux souvenirs au Chaulnes metalfest ! Entombed, Summon (!!!), Garwall, Kronos, etc... Le tout dans une ambiance survoltée à chaque fois... L'orientation musicale à bien changée par contre à ce que je vois... 

28/04/2025, 10:31

RBD

J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.

27/04/2025, 12:35