Un magnifique jardin. Des tulipes roses. Des roses orangées. Un superbe rhododendron. Un massif de dahlias, des fontaines, des statues, des enfants qui jouent calmement sur la pelouse fraichement tondue. Une atmosphère de quiétude permanente. Le sublime dans la simplicité. Un chien qui va et qui vient sous l’œil bienveillant du jardinier et son chapeau de paille usé. Et puis…
Et puis, un tank qui arrive, et écrase tous les parterres. Des gus qui en descendent et qui chient sur l’herbe, traumatisant les enfants de la vision de leur lune offerte. Des cris, des injures, la maîtresse de maison rapidement troussée contre un Apollon de pierre, et les chiards qui s’en prennent une bonne parce que…ben parce que. C’est ça l’effet BENIGHTED 2024. La beauté ruinée par la laideur et la pestilence. Mais qu’est-ce qu’on aime ça…
Julien, Pierre, Emmanuel et Kevin reviennent donc foutre le bordel, quatre ans après l’apocalypse selon St Truchan Obscene Repressed. En 2020, l’année du COVID, c’était déjà pas la joie pour les romantiques et les sensibles, mais 2024 ne leur fera pas de cadeau non plus. Car voici venu le temps des pires et des vents, dans le pays foireux des enfants lépreux.
Ekbom.
Un simple petit mot pour décrire le coup de semonce de cette année déjà bien entamée, mais à laquelle manquait un cataclysme à la hauteur de sa réputation. Grâce à BENIGHTED, 2024 sera donc l’année du souffre et du méthane, de la barbaque Brutal Death et de la saignée Grind, et un spectacle sans fin qui réjouit les gamins, ceux élevés dans le respect du bordel et du chaos. Rien n’a changé, mais tout a empiré. Déjà peu enclin à la mansuétude, BENIGHTED est un peu comme la créature du troisième volet de Resident Evil. Toujours plus moche, toujours plus méchant, toujours plus baraqué et invincible.
« Prodrome » vous endort d’une minute d’Ambient, mais c’est pour mieux attirer votre attention sur le massacre qui va avoir lieu, et dont vous serez les témoins auditifs. Le massacre initié par l’impitoyable et infect « Scars » qui vous scarifie encore plus efficacement qu’un split entre NAPALM DEATH et ABORTED. Le son est évidemment gras et précis, la guitare en triphasé, la batterie en constant roulement, et Julien fait ce qu’il sait faire le mieux : insulter le solfège, vomir sur les mélodies, et cracher son venin sur la douceur de vivre. Et si la grosse caisse peut démanger de son aspect compressé, l’ensemble fonctionne comme ces traitements psychiatriques d’après-guerre. Des électrochocs, des bains glacés, et l’humiliation permanente de nager dans votre urine.
Ekbom n’est pas vraiment un album. Il s’apparente plus à un test d’endurance, comme un semi-marathon couru à la vitesse d’un cent mètres. Dès les premières foulées, l’oxygène vient à manquer, et l’athlète que nous sommes en chie pour continuer de mettre un pied devant l’autre. Dans un registre de Death joué encore plus dingue que tous les voisins, le quatuor nous pulvérise les rotules de ses accélérations en chien de fusil, nous flingue les articulations de ses cris de belette enragée, et nous écrase les rognons avec un bel enthousiasme brutal. On sent que le groupe a pris un plaisir incommensurable à enregistrer ces quarante minutes de bruit agencé, et lorsque les breaks amènent un peu de rigueur rythmique, « Morgue » se transforme en zombie surhumain capable de soulever un éléphant pour le bouffer.
Concocté aux Kohlekeller studios en Allemagne, enregistré, produit, mixé et masterisé par Kristian Kohlmannslehner, Ekbom est un mur de la mort à échelle mondiale, avec des millions de tarés qui foncent les uns sur les autres. Sa rigidité rythmique en fait une arme de destruction massive, et jamais le quatuor n’a sonné aussi chirurgical et viscéral à la fois. A l’image d’un film bien Gore tourné par un académicien du cinéma, ce nouvel album accepte un body count très élevé, mais ménage son suspens et sa violence avec beaucoup de goût.
Et « Le Vice des Entrailles » de symboliser l’acmé d’un genre qui d’année en année se radicalise, tout en devenant de plus en plus pointu et ventru.
Le bourrin pour le bourrin, c’est bien. Mais le bourrin pour arriver à ses fins, c’est beaucoup mieux. Et comme BENIGHTED vise la perfection dans la régurgitation, l’agencement devient très important tout comme la perte de repères et l’ivresse bruitiste. « Nothing Left to Fear », petit air de cour de récré qu’on reprend arrivé chez soi au parc à cochons, « Ekbom », title-track tribal et trou de balle en fleur, « Metastasis » et son cancer de blasts, les morceaux s’enchaînent et l’esprit divague. Comment peut-on parvenir à un tel degré de folie artistique sans y laisser sa santé mentale ? Tout simplement en acceptant que la vie en elle-même est une folie, et le chaos son expression la plus logique.
BENIGHTED a bien compris ça, et en a fait sa philosophie, sans se reposer sur ses connaissances. Ce qui lui permet de nous calotter sévère avec le groovy « A Reason for Treason » et ses syncopes vicieuses, ou de verser un peu de gros sel sur nos plaies via la doublette infernale « Fame of the Grotesque » / « Scapegoat ».
Un peu Indus sur les bords, Grind plus que Gore, Death jusqu’au bout des roupettes, Crust sur les bouclettes, BENIGHTED est ce petit chaperon noir qui en colle une bonne à la grand-mère, en levrette sans lub’. La vieille hurle évidemment, incapable de se donner calmement, et dans le panier, quelques préservatifs usés maculent l’osier de leur latex souillé.
Pas vraiment le conte de fée qu’on raconte aux enfants pour les endormir ou leur faire croire que la vie est jolie, mais BENIGHTED est là pour nous réveiller et nous effrayer. Mission accomplie. Maintenant, ça brûle quand je fais pipi.
Titres de l’album:
01. Prodrome
02. Scars
03. Morgue
04. Le Vice des Entrailles
05. Nothing Left to Fear (feat. Oliver Rae Aleron)
06. Ekbom
07. Metastasis
08. A Reason for Treason
09. Fame of the Grotesque
10. Scapegoat
11. Flesh against Flesh
12. Mother Earth, Mother Whore
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