Une entrée comme une autre sur une plateforme d’écoute comme une autre, sans réelle impulsion, mais avec l’envie d’écouter autre chose. Un album qui me dépayse, qui m’arrache de mon siège pourtant inconfortable, et qui m’emmène loin. Très loin. En Finlande par exemple. Un truc dégoté au débotté, pour alimenter la rubrique « chroniques », et qui serait susceptible de se montrer un peu plus ambitieux que la moyenne. ALCHEMASTER’S APPRENTICE allait-il être le sauveur de mon mardi ensoleillé mais déjà morne avant d’avoir existé ? La question était bonne, et a trouvé réponse sur un subreddit improbable. Un post anonyme, un recensement tout au plus, mais un style accolé qui gratouille les neurones. Je le reproduis tel quel, pour le bonheur de la découverte :
Blackenedsurfdoompsychedelia.
Je décompose donc le truc, Black, Surf Music, Doom, Psychédélique. Tout ça fait déjà beaucoup et je m’interroge sur la pertinence de l’appellation qui a tout du coup fourré à la catalogue de VPC des années 90 et ses Epic Dramatic Doom with Serbian Folk Metal influences. Un terme bricolé à la va-vite pour le sensationnalisme, et l’honneur d’une découverte plus intéressante que la moyenne. En vérifiant sur le Bandcamp officiel du quintet, je trouve une indication moins tape à l’œil, mais qui semble plus crédible :
Avant-garde metal wizardry from SW Finland!
Une catégorisation un peu plus humble, mais pas plus proche de la réalité. Car malgré son caractère burlesque et improbable, le Blackenedsurfdoompsychedelia de Reddit est très fidèle aux sons qui émanent de ce premier album, coup fomenté par cinq musiciens attifés comme l’as de pique et qui donnent l’impression d’un orchestre d’usine de textile sponsorisé par un label spécialisé dans l’Indie Rock de niche. Kim Laakso (chant), Mikko Kauppinen & Petteri Parkkila (guitares), Mikko Äärynen (basse) et Teemu Tanninen (batterie) se foutent de leur look comme du dernier Sabrina Carpenter, et jouent leur musique le plus simplement possible. Une musique au parfum nostalgique de glace italienne, qu’on léchait avec appétit quand on était petit. Devenu grand, on cherche ces madeleines de Proust qui nous ramenèrent à l’enfance, et Electric Karelia…n’en fait assurément pas partie.
Mixer le Folk avec le Metal n’est guère innovant. Mixer le Metal et la Pop non plus. Le Metal et le Rock Indie un peu plus. Le Metal et le Doom psychédélique très classique. Le Metal et la Surf Music des sixties un peu moins courant. Mais le Metal avec tout ça, c’est carrément impossible. Du moins jusqu’à maintenant. Et sans aller jusqu’à parler de révélation, je peux quand même affirmer que les finlandais d’ALCHEMASTER’S APPRENTICE sont des musiciens à suivre de très près pour peu qu’ils prennent pleinement conscience de leurs qualités.
Si OPETH louait un studio aux VENTURES pour leur rendre hommage, le résultat s’approcherait de près de ce disque unique, à la construction iconoclaste. Des guitares en son clair, des mélodies automnales, et un chant réminiscent de la vague BM nordique des nineties, le tout emballé dans une pochette qui ne veut pas dire grand-chose.
« Restitution » vous en dira certainement plus que tous les discours du monde. Avec cette nonchalance de surface, ces percussions qui s’affolent soudainement, et ces guitares acides, il synthétise avec panache une formule hors-cadre, et donc terriblement envoutante. Lancinance, amertume, houle qui reflue, pour une balade sur la grève quelque part entre Turku et Helsinki, à la recherche de ces marins perdus d’avoir défié la tempête.
« Cryptid » s’accroche au vent justement, et porte les embruns à vos narines. Des embruns à l’écho fifties, qui brusquement, changent d’humeur pour ramener les années 70 sur le devant de la plage, avec toujours en contrepoint cette voix ignoble qui rappelle la scène Death batave des nineties. Ce décalage permanent entre la douceur de l’instrumental et la souffrance d’un chant étouffé et enrhumé est assurément le haut fait d’un premier album d’une maîtrise incontestable.
Certains se diront, toujours énervés, que j’essaie de refiler des messies à la place des internes. Pourtant, je ne peux décemment pas déclasser les ALCHEMASTER’S APPRENTICE en éco parce que leur musique ne s’apparente pas vraiment au Metal tel que nous le concevons d’ordinaire. « A Nocturnal Call » appuiera cette réaction en singeant les sixties les plus folles, suggérant une fascination pour Nick Cave et les TRASHMEN, et combinant les deux comme un Lux Interior les vinyles dans une soirée vintage.
Existe-t-il une loi qui interdit d’ouvrir son esprit ? Je ne crois pas, et si les moulures psychédéliques de l’édifice sont fines et ouvragées, si les portes Doom sont plus huilées que la moyenne, si l’avant-garde se résume à un crossover grandeur nature, le résultat n’en est pas moins désarmant de naïveté. Dans le sens « et pourquoi pas ? », qui justifie toutes les audaces.
Un peu Post-Wave, un peu Cold, surement biaisé, ce premier album est de ceux qui surprennent et qui entraînent. Des choses dansantes sans complexe, sans limite de genre, et sans caution à respecter. Si ce n’est celle de l’imagination, fertile et démoniaque quelque part. Electric Karelia aurait pu sortir sur Indie Recordings, tout le monde n’y aurait vu que du feu. Mais même en autoproduction, la performance est notable. Surtout sur « Wanderlust » qui boucle la boucle avec une belle agressivité analogique.
Le hasard. Qui fait quand même bien les choses.
Titres de l’album :
01. Deranged
02. Midnight Wine
03. Saturnalia (Aqua Vitae, Pt. II)
04. Restitution
05. Cryptid
06. A Nocturnal Call
07. Steelwing
08. Wanderlust
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